Jour 93

171 27 11
                                    

Assise à ma table habituelle, aux côtés de Toby qui était plongé dans la contemplation d'une pièce de puzzle, je fixais Annie qui jouait joyeusement avec sa poupée. Je n'arrivais plus à oublier ce que j'avais lu ou même encore à en faire abstraction lorsque j'apercevais la rouquine. Je me sentais liée à elle, sans comprendre pourquoi. En effet, de nombreuses explications me venaient à l'esprit sans jamais trouver le recueil qu'elles souhaitaient. Depuis ma lecture inquiétante, j'entendais des choses que je n'aurais pas dû entendre. Ces voix qui bourdonnaient incessamment à mes oreilles et qui me murmuraient des conseils ou des mises en garde.

D'un pas décidé, je rejoignis Annie et m'assis à ses côtés sur le sol froid. Elle me regarda rapidement avant de retourner à son jeu. Elle sursauta lorsque je lui demandais:

-Annie, pourquoi m'as-tu donné le carnet?

Elle se stoppa immédiatement à cette mention et leva son regard de jais vers moi. J'entendis une voix qui murmurait des choses qui me semblaient lointaines, comme si même en résonnant dans ma tête, elles s'adressaient à quelqu'un d'autre. Quelqu'un comme Annie.

-Parce que les voix m'ont dit de le faire.

Sa voix innocente en devenait presque effrayante, on aurait vraiment dit que je m'adressais à une petite d'environ 5 ou 6 ans. Et il fallait que je réussisse à la convaincre de me parler tout comme on le faisais avec un enfant.

-D'accord Annie, je peux jouer avec toi?

Un sourire illumina son visage et elle me tendit sa poupée, ce que je pris comme une invitation. Jouais avec elle durant un long moment avant de lui poser d'autres questions:

-Est-ce que c'est toi qui as écrit dans le  cahier?

Elle acquiesça en silence, me dévisageant.

-Tu...Es-tu allé au Pays Imaginaire?

Ses yeux s'emplirent de larmes à cette évocation  et elle paniqua.

-Il ne faut pas le dire! Ça n'existe pas! Non! Non! Non! Ça n'existe pas! C'est un mensonge! Il ne faut pas dire ça!

Je tentai de la calmer, je posai ma main sur son bras et elle se mit à hurler d'une voix stridente.

Ses cris alarmèrent les infirmiers qui vinrent se saisirent d'elle pour l'emmener je ne savais où. Cette "discussion' avec elle me persuada de continuer à lire ce qu'elle m'avait donné, car comme cela je saurai ce qu'il lui était arrivé et ce qui la poussait à se comporter comme une enfant.

WendyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant