2 | le problème

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La sueur froide qui parcourut le front et le dos d'Alice fut mémorable et inexplicable. Désarçonnée, elle tenta par tous les moyens de paraître surprise tout en ne sachant pas quoi inventer pour expliquer que les agissements de son mari étaient normaux.

— Vous êtes sûr ? demanda Alice pour se laisser du temps.

— Ils sont passé sous mes yeux, et sans se cacher ! renchérit l'homme à mille lieues de se représenter ce qu'il se tramait là.

— Je ne sais pas quoi vous dire.

— Pardon d'interpréter votre ton sans même vous avoir en face de moi, mais il semblerait que cela ne vous semble pas anormal !

— C'est-à-dire que... Même si je me trouve dépassée par les événements, j'ai des principes, dont un selon lequel je juge inconvenant de vous faire part à vous de ma profonde déception envers mon mari.

— Avez-vous passé la nuit ensemble ?

Plus qu'un interrogatoire, cela ressemblait à une confidence à se faire entre copines autour d'un chocolat chaud. Ça n'en avait que l'air.

— Non, il m'a dit avoir du travail.

— Je ne comprends pas, vous n'êtes pas censée être sa supérieure hiérarchique ?

— Si, en effet, je le suis... Mais nous nous complétons au travail comme en famille. Il peut prendre certaines directives qui peuvent m'échapper en tant que juge. En revanche son lieutenant m'a confirmé avoir travaillé avec lui, mentit-elle.

— N'était-ce pas pour le couvrir ?

— Le lieutenant Kadiri a beaucoup de respect à mon égard, il est arrivé très récemment et ne se permet pas de taire les informations que je lui demande de me fournir à propos du commandant.

— Alors je ne comprends toujours pas. Tout cela est tout à fait inexplicable. Pourrons-nous nous rencontrer demain dans la journée ?

— Oui, mais dans quel but ?

— Celui de m'expliquer, madame Nevers. Votre situation est tout de même improbable et il ne me semble pas que ces écarts de conduite plaisent aux enfants. Ils affectent un environnement familial fragile, je ne vous apprends rien. En attendant demain, je vous souhaite une excellente journée madame Nevers.

— Vous de même...

Elle raccrocha.

— Et merde...

— Bah, madame le juge !

— Continuez sans moi Victor, j'ai un scandale à préparer.

— Quoi ? Attendez, qu'est-ce que vous racontez ?

— Prenez tous les appels et prétendez-moi absente pour encore une heure... et demie. On ne sait jamais. Je reviens.

— Mais...

— Il y aura des « mais » plus tard, Victor.

Elle ferma la porte.

— Plus tard, dit-elle dans l'entrebâillement.

O.K. Elle se fondit dans la situation.
Je suis cocue, j'ai deux enfants, un à moi et l'autre à adopter. J'ai besoin d'avoir confiance en mon mari, mais je le pardonne parce que... parce que je l'aime, pensa-t-elle.

Jusque là, ça allait. Elle avança jusqu'à cet endroit où il avait annoncé fièrement à Kadiri aller manger avec Léa. Alice avait demandé avec toute l'indiscrétion du monde où son commandant irait manger et il avait cédé, trop intimidé par elle, la grande Alice Nevers.

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