Chapitre 2 : Gwendoline

54 5 0
                                    


Chapitre 2 Gwen

Je reprends peu à peu mes esprits. Mes paupières sont lourdes et ma vision est trouble. Après un certain temps, j'aperçois les lumières des gyrophares toujours allumés. Un rassemblement de personnes s'est formé autour de la maison. L'ambulancier est toujours là, en face de moi. Je me perds dans ses yeux bleus. Je détourne mon visage. Une douleur au crâne me fait alors grimacer.

-Tout va bien, mademoiselle ?

-J'ai mal à la tête.

-Vous avez subi un très gros choc, ça va passer

Heureusement, car mon mal de tête est tel que j'ai l'impression qu'un marteau piqueur y creuse un trou. Je me relève doucement, ma tête commence à tourner, je la soutiens et avec l'aide de l'ambulancier, j'arrive à me mettre assise. Mon mal de tête commence tout doucement à s'estomper. Le jardin de ma grand–mère ressemble à un vrai sentier de guerre, les herbes hautes sont écrasées par les passages répétitifs et le sentier est rempli de trace de boue. Un flic, la cinquantaine, s'approche de nous.

-Ca va petite ?

-Heu oui merci excusez moi, est-ce que vous avez des nouvelles de ma famille ? Enfin de mes parents.

-Non désolé, pour le moment vous êtes la seule qui pouvez identifier les corps mais on va vous épargner ça, ne vous en faites pas.

-Ok merci

Il repart vers sa voiture et démarre au quart de tour. Je le regarde s'éloigner. Je tente de me lever, j'avais peur de ne pas avoir la force mais au final, je n'ai aucune difficulté à me tenir debout.

-moi, c'est Gwendoline.

-David

-il est quelle heure ?

-22h20

Le temps passe si vite, sans un regard je me dirige vers ma maison, j'avance quelques pas avant que David ne me rattrape et m'arrête

-Désolé, mais je ne peux pas vous laisser partir dans cet état.

Mais si tu peux, je n'ai aucune égratignure et j'arrive à me tenir debout. Je prends un air triste, rends mes yeux larmoyants, et prends une voix douce et légèrement tremblante.

-Il faut que je retourne chez moi, j'habite à quelques mètres d'ici.

-Ok je vous accompagne.

Pour ça, je n'ai rien contre. On reprend la route principale. Je n'ai aucune envie de parler. Je passe tout le trajet à regarder l'horizon. La plupart des maisons sont des maisons de bourgeois ; balustrades, jardin immenses avec des parterres de fleurs, piscine intérieure...J'ai toujours rêvée de vivre dans une maison pareille.

On arrive bientôt devant la façade de ma maison. Enfin si on peut encore appeler cela une façade. La couleur blanche s'effrite et la brique s'est usée avec le temps. Pour le garage, enfin la cabane en bois à côté, s'est complètement effondrée. Je monte la petite rampe et arrive à la porte. Je plonge ma main dans la poche de mon jeans pour attraper mes clés. Mes doigts ne rencontrent qu'une pièce 1 cents. Super, je suis sauvée avec ça !

Je reviens sur mes pas et essaye de regarder par la vitre. Les rideaux sont tirés. Je ne me rappelle pourtant pas l'avoir fait. Enfin je n'y prête pas attention je reviens sur mes pas jusqu'à me retrouver sur la route principale. Je contourne les maisons et repasse par la rue opposée. Je rentre dans la propriété du voisin de jardin sans me tracasser de son éventuelle présence. Je saute au-dessus de la barrière et me glisse dans un trou de la haie un peu plus loin.

Une fois passée, je me redresse, et je marche vers la petite cours plus loin lorsque mon pied bute sur quelque chose. Mes deux pieds s'emmêlent et je m'étale de tout mon long sur le sol. Décidément ! C'est la deuxième fois sur la même journée. Mes mains commencent à me démanger, je me redresse et regarde le sol cette fois. Je suis tombée dans un champ d'orties, je les avais oubliées !

J'arrive devant la porte. Les volets cette fois sont restés ouverts. J'aperçois David au niveau de la haie, encore dans le trou. Je n'ai pas le temps de lui dire de faire attention qu'il s'écrase sur le sol. Je ne peux m'empêcher de rire. Je m'avance vers lui, il se redresse en un éclair et me regarde, gêné.

-Tracasse, tu as fait exactement les mêmes gestes que moi.

Je me penche vers l'objet : une brique, parfait. Je me rue en direction de la cour, et profitant de mon élan, je lance la brique le fort possible sur la vitre. Elle traverse la fenêtre, dans un fracas. J'attrape une autre pierre pas loin de la vitre et casse les morceaux près des bords.

-Mais tu es complètement malade, c'est une violation de domicile et si...

- C'est chez moi donc je viole mon propre domicile, je ne pense pas qui que ce soit va me faire un procès, si ?

Je me tire sur l'appui de fenêtre et saute à travers. Au pire je retombe sur le canapé en dessous. Mais non, J'atterris lourdement sur mon pied qui se plie dans un craquement douloureux. Ma jambe suit et mon genou entre en collision avec le carrelage. Je crie de douleur. Jamais deux sans trois comme on dit.

-Gwendoline tout va bien ?

-Super !

David passe à son tour par la fenêtre et atterrit presque délicatement le veinard, mais il écrase un bout de verre au passage. Il me rejoint et m'aide à me relever. Je le repousse et me dirige à cloche pied vers l'interrupteur. Je l'actionne, plusieurs fois, mais rien ne se produit. Je vois à peine les traits du visage de David. Si je veux réussir à marcher sans me prendre les coins des meubles, il me faut un minimum de lumière.

-Tu as ton GSM sur toi ?

Il me le passe et j'actionne l'application lampe de poche. La lumière blanche est assez forte pour éclairer une bonne partie du salon. Mais seul les murs blancs sont visibles, il n'y a plus rien, les meubles, la tv, mon GSM, tout a disparu. Tous mes espoirs viennent de s'envoler en un regard. Je m'appuie contre le mur et enfouis mon visage dans mes mains. Des larmes chaudes coulent le long de mon visage. Je les chasse d'un coup de main. Allez Gwen, ne te décourage pas, ne te laisse pas abattre !

-Je vais rebrancher les fusibles, j'arrive.

-Tu veux un coup de main ?

-Non merci, je sais me débrouiller seule.

Je m'aide du mur pour avancer et arrive devant la porte du corridor, je l'ouvre et entre dans le hall. Je pense que c'est la partie la plus petite de la maison avec les toilettes. Seule une personne peut traverser à la fois. J'arrive près du boitier ; la porte était déjà ouverte. Heureusement, ils ont laissé les fusibles. Je les réenclenche et crie à David d'allumer la lampe pour voir si cela fonctionne.

-C'est bon

Ok nickel, je le rejoins et admire mon salon entièrement vide. Les bouts de verre étaient éparpillés sur une grosse partie du sol. Je fouille alors les autres pièces du rez-de-chaussée et David s'occupe de la cave : tout est vide. Lorsque je reviens dans le salon, j'entends David crier dans la cave. Je le rejoins tant bien que mal. Il faut dire que la cave est le seul étage de la maison et les escaliers sont assez douloureux à descendre.

Je le rejoins près du mur, je reste bouche bée devant ce chef d'œuvre dans ma maison. Un symbole gravé à la peinture rouge (en espérant que ce soit de la peinture) est exposé sur mon mur : un œil entouré d'un double triangle, lui-même entouré d'un serpent qui se mord la queue. C'est flippant !

-Tu crois que les flics sont toujours chez ma mamy ?

-Non, ils doivent être partis à présent.

Je ne peux détacher mon regard de la peinture, les détails sont tellement choquants. On dirait qu'elle nous regarde réellement.

-bon appelle-les alors.

-Mon téléphone ?

-Ha oui tiens, profit en pour faire une photo

Après quelques minutes, David m'aide à remonter les marches, et on reste ensemble pour attendre l'arrivée de la police...         

La Route des Secrets (En écriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant