- Marche Quatre -

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M A  R   C    H     E      Q       U        A         T          R           E

silence

est vide je

n'entends rien

encore

je sens les

battements désordonnées de mon coeur ils

martèlent ma poitrine le son est

grave riche enveloppant il

occupe l'espace

nourrit l'air autour le fait vibrer fait

vriller mes oreilles il

réchauffe

silence

rien d'autre

je tends

l'oreille

une sorte

de vide

bouché

autour un sifflement continu un

bruit aigu qui se poursuit qui

s'approprie

l'ouïe un bruit que rien n'arrête que

rien n'entrave que rien ne freine il est

fin doux sourd perçant mais à peine

perceptible comme

un fond décor

qu'on n'avait pu percevoir car

trop simple

évident

trop faible je

me concentre dessus il

s'intensifie s'étale un peu comme

trait de crayon à mine affuté tracé net droit rapide sur feuille de papier

appuyé

résidus miettes minuscules se sont dispersées autour du trait je

perçois

les miettes

toujours le trait aigu continu mais autour pépites points qui jaillissent étincèlent explosent doucement sourdement

silence n'est plus

vide

mais toujours bouché autour

toujours oppressé autour moi je

respire veux entendre

déglutis veux m'entendre

déglutis encore et

encore et

encore et

j'entends

j'inspire

les pas

réguliers comme toujours

eux sont secs j'entends

comme échos qui s'éparpillent autour des pas

de miettes mais des

trainées

fluides légères qui se dissipent comme des

soupirs et

s'éteignent

au loin

les pas

mon oreille se colle contre la paroi gelée elle

écoute

les pas

et puis

des

voix

les battements s'accélèrent s'intensifient je

cherche

les voix

s'approchent peut-être elles restent

loin

informes indistinctes incompréhensibles

perpétuelles sont

inattendues

jamais égales jamais les mêmes les voix

un

une

masse

douce peut-être

je voudrais

les comprendre je voudrais

entendre je

Cri. Tout

se mêle se

mélange

les voix s'emmêlent

chuchotements enlassent hurlements grave noue d'aigu je

n'entends

plus

les voix ne caressent n'accompagnent plus elles

assaillent elles agressent je voudrais crier

sortir m'enfuir échapper je voudrais

PARTIR

aucun son ne sort j'ai peur

aucune voix ne m'apaise je voudrais

partir j'ai

peur

des mots

de ce qu'ils portent de

leur sens et

les bruit dehors

indistincts

s'effacent

je veux partir

je

ferme

les

yeux

Avant QuinzeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant