- Marche Treize -

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M A  R   C    H     E      T       R         E        I         Z         E

Je n'arrête plus la toux.

Mes poumons brûlent, ils crient la douleur mais je ne la fais pas taire.

J'écoute son chant de souffrance et je m'en imprègne. Je le laisse me submerger comme une mélodie dont on ne veut plus se défaire et je voudrais devenir note à mon tour, une partie de cette mélopée qui se fait hymne de ma révolte, mon refus.

Je ne la fais plus taire, c'est devenu inutile.

La douleur m'accapare, j'essaye par elle de faire taire l'autre tenace qui s'est saisie de mon coeur et le comprime, elle ne le lâche plus, celle que j'avais sciemment ignorée depuis tout ce temps.

L'idée.

Je triture mes mains et je saigne j'attends je sais que l'échéance arrive mais je ne veux pas je l'ignore

encore et comme toujours

j'espère

encore

la repousser

comme s'il n'était plus trop tard comme si je pouvais

encore

m'échapper

Je voudrais crier que je veux rester seul, seul avec mon mal il me suffit, je voudrais qu'il m'engloutisse pour me permettre de rester

Et je sais

que ce n'est plus de la peur.

La terreur a pris le relai et je voudrais m'arracher le coeur pour ne plus la ressentir je voudrais m'en débarrasser quitte à me détruire avec elle.

Le gris l'emporte petit à petit.

Il éteint toutes les couleurs en moi au fur et à mesure.

Je ne sais pas s'il les dévore s'il finit par les digérer ou qu'il les recrâche en gris pour tapisser les murs encore plus gris

Le gris finit par l'emporter mais il est trop clair trop sombre et je ne peux plus y disparaître il ne me réconforte plus je ne peux plus croire m'y conforter

Les murs ont été trompés, aussi.

Du gris.

Il y avait du gris.

L'avant. Il était aussi plein de gris

Je me souviens, des tâches me reviennent des tâches

que j'avais oubliées, je crois

que les murs me les avais cachées

L'échéance approche.

J'attends... La porte devra s'ouvrir.

Elle laissera entrer, me fera sortir

Je voudrais rester là, encore, attendre toujours pour toujours je veux rester entre mes murs.

Ils se sont resserrés autour de moi je n'ai plus la place de tendre les bras à peine

pour me recroqueviller

Ils restent avec moi me confortent encore

je ne veux pas sortir

Je ne sais pas si la porte s'ouvrira d'elle-même, si ce sera à moi de le faire, je sais que personne dehors ne le fera

Je suis dans un coin. Mes yeux se tournent vers  le mur, en face

La porte est...

ouverte

Avant QuinzeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant