Chapitre 2

2K 91 16
                                    

"I'm broken, do you hear me?
I'm blinded, 'cause you are everything I see"

-Clémentine!

Je l'entends sortir de la salle et m'appeler vu que je ne suis pas allée très loin. Elle arrive dans ma direction, et étant assise à même le sol elle s'agenouille près de moi. Je suis en pleure et je n'arrive plus à réfléchir, ai-je envie qu'elle soit là à ce moment là? N'aurais-je pas préféré qu'elle me laisse dans mon coin maintenant? Évidemment que non. C'est sa présence qui me rassure, mais il est vrai qu'après ce que je venais de faire je pouvais me poser la question.

-Eh...

Sa voix était si douce, comme si elle ne voulait pas me briser d'avantage. Elle mit ses mains sur mes genoux, et je resserra instinctivement mon étreinte sur moi même, par crainte, je n'étais plus qu'une sorte de boule pleurante.

-Regarde moi

Sa phrase était à la fois stricte et pleine de compassion. Je ne voulais pas la regarder, je ne voulais pas qu'elle me voit comme ça, c'est tellement minable. J'avais peur de ne plus pouvoir la regarder à présent, je me demande même pourquoi elle est toujours là.

-Clémentine regarde moi

Elle répéta sa requête et n'eus pas la force d'en faire qu'à ma tête. Je levai alors la tête de mes jambes et la regarda. Elle planta son regard dans le mien et je fus comme hypnotisée. Elle pris mon visage entre ses mains et essuya une de mes nombreuses larmes qui coulait. Des frissons parcourent tout mon corps, jamais personne n'avait fait cela. Sa présence était tellement apaisante, j'aurais pu faire n'importe quoi pour faire durer cette instant toute ma vie. Cependant aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche.
Ses mains sur mes joues, j'étais tellement sereine.

-Debout

Ses paroles étaient des ordres, je ne pouvais faire autrement. Une fois debout devant elle, toujours en la regardant de plus bas cette fois, elle me pris dans ses bras. Ce moment fut tellement surprenant vu que je ne m'y attendais pas du tout, mais il était tellement merveilleux, je pouvais ressentir la compassion, le souhait de me protéger, le soutien et l'aide, j'étais comme transplantée dans un monde utopique, là où tout pouvait être possible, ses bras étaient le meilleur endroit au monde. Je ressentis le réel besoin de cet acte quand je me remis inconsciemment à pleurer. De joie peut être, tout cela s'est passé tellement vite.

Remis dans le contexte et d'un point de vue extérieur, cela pouvait vraiment sembler bizarre. C'est vrai quoi, j'ai embrassé cette femme qui se trouve être ma professeur, plus âgée que moi, adulte, avec une vie et elle est quand même là avec moi, à me serrer dans ses bras. Mais je n'arrive pas à avoir de doute, sa façon de me garder dans ses bras me rend sûre qu'elle ne se sent pas forcée d'être là.

Quand elle se détache de moi, je ne réfléchis même plus à toutes les conséquences de ces dernières minutes; je souris. Je lui souris parce qu'elle le mérite, parce que malgré tout elle a été là. Ce n'était pas grand chose, ce n'était pas l'acte du siècle, mais pour moi ça m'a paru comme phénoménal.

Je reviens tout de même à la réalité en sachant que j'ai normalement cours. Sans un mot, on se dirige vers sa salle pour que je récupère mes affaires et elle m'accompagne par la suite à mon prochain cours. Après avoir toqué et ouvert la porte, je l'entends parler à ma professeur d'espagnol.

-Bonjour, je ramène Clémentine que j'ai gardé quelques instants pour discuter, désolé pour le retard

Tout en terminant sa phrase, je sens qu'elle me glisse un petit papier dans ma main juste avant de me faire entrer dans la salle et qu'elle reparte en sens inverse. Je vais m'assoir à côté de mon meilleur ami et comprends très vite qu'il me faut un mensonge.

-Eh ben c'était long, qu'est ce qu'elle voulait?

-Euh on a parlé de l'orientation, vu qu'elle avait lu ma feuille elle voulait juste en discuter avec moi..

-Ah d'accord.

Il ne s'attarda pas sur le sujet à mon plus grand bonheur. Tandis que le cours continuait, je mis le papier encore inconnu dans ma poche et sortis mes affaires. Après 5 minutes de fausse attention envers le cours et surtout après avoir vérifié que Nicolas était captivé autre part, je sortis discrètement le papier de ma poche. C'était un tout petit morceau déchiré d'une quelconque feuille que je déplia. Dessus était marqué un numéro. Son numéro. Je n'en revenais pas. Elle m'avait donné son numéro de téléphone, elle voulait communiquer en dehors des heures de cours, avec moi, juste moi, nous deux. Je remis aussi vite le papier dans ma poche, en vérifiant qu'il y serait bien en sécurité. Je me redressa sur ma table et je souris, je souris comme si je venais d'apprendre à sourire à nouveau. Ce n'était que quelques chiffres sur un vulgaire bout de feuille mais ça signifiait tellement pour moi. C'est comme si j'avais attendu un moment pareil depuis des lustres.

Le cours se déroula non sans impatience et je n'avais qu'une hâte, lui envoyer un message. Il me fallut attendre cependant encore quelques minutes pour le faire, vu que je rentrais chez moi accompagné de mon meilleur ami, et pour rien au monde je ne voulais éveiller quelconques soupçons. Notre discussion et nos blagues restèrent basiques, mais je pense quand même qu'il a dû voir que j'étais quelque peu changée.

Une fois hors du bus nous ramenant du lycée, et une fois seule, je sentis comme une grosse pression sur moi. Ce n'étais qu'un message, pour démarrer une discussion, mais je ne savais comment commencer, je ne savais quoi écrire, ce n'est pas tout les jours qu'il se passe ce genre de chose. Je pris le chemin vers chez moi, j'avais quelques minutes de marches pour "réfléchir" au contenu de mon fameux message. Ça aurait été plus pratique si elle avait pu m'envoyer le premier, j'aurais juste eu à enchaîner sur ses paroles. Je me demandais aussi si je devais lui envoyer un message dès maintenant ou si je devais attendre un peu plus tard dans la soirée, histoire de ne pas faire la fille trop "attachée". Je pense que je vais attendre, une petite heure peut être.
Le temps était en fait suspendu, une minute me paraissait tellement longue, comme si je ne vivais que pour attendre ce moment, moment ridicule en fait, mais symbolique.

18 heures

Je compte enfin envoyer ce foutu message qui m'a tant torturé.

"Bonsoir"

Tout ça pour ça, après l'avoir envoyé je trouvais ça tellement ridicule, je n'avais même pas signé, comment pourrait-elle savoir que c'est moi? Je me maudis intérieurement, mais n'eus pas plus le temps car je reçus directement une réponse.

"Tu en as mis du temps pour m'écrire"

Ah elle le prends comme ça, très bien.

"C'est que vous attendiez mon message à ce que je vois"

Je m'étonne moi même de ma facilité à lui parler comme ça, du coup je regrette vite mon message de peur de lui avoir mal parlé.

"C'est tout à fait vrai"

Je suis soulagée de sa réponse et toute la soirée se passa comme ça, nous parlons de tout et de rien, c'était très facile de lui parler en fait.

Et dire que c'est ma prof, et que ce n'est que le début...

Don't think, just doOù les histoires vivent. Découvrez maintenant