Chapitre 4

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"You are light, you are love, and you are good enough just the way you are."

La journée passa comme dans un rêve. Si seulement on pouvait enregistrer nos souvenirs comme pour un film, que je regarderais en boucle. Je ne croyais même plus être vivante, je pensais rêver et avoir rêvé ce qu'il s'était passé. Qui pourrait me croire? C'est tellement impensable, je le raconterais cela passerait pour une blague. J'ai repassé la scène de ce matin une bonne centaine de fois dans ma tête tout au long de la journée. Trop beau pour être vrai, s'il faut c'est une caméra cachée. Et puis moi, je me questionne un peu ou pas? Je n'ai jamais pensé être attirée par les filles, et là en l'occurrence les femmes. On peut changer de bord comme ça sans prévenir? Évidemment que je pensais à ça bien avant, mais vu que ce n'étais que du fictif, c'était pour moi bien loin d'être réel. Alors voilà, je ne suis plus hétéro? Et le fait de m'intéresser à quelqu'un de plus vieux que moi, ça me rend quoi, quel mot on utilise? Est-ce que ça change ma façon d'être, de penser? Marre de chercher à quoi je correspond, je suis moi et ça s'arrête là.

La journée finie, je rejoins mon bus pour rentrer. J'ai atteint un seuil de bonheur inestimable pour moi, et j'aimerais vraiment que ça dure un moment. C'est fou comment une personne peut avoir toute l'influence sur votre état d'esprit. J'aimerais tellement partager cette joie avec quelqu'un, mais c'est impossible. Je ne suis pas encore prête, c'est tout frais, je n'en vois pas l'utilité. Enfin peut être que si, mais de toute façon je ne vois pas avec qui je pourrais discuter de ça. Pensons positif! J'ai tout ce dont j'ai toujours rêvé, n'est-ce pas magnifique?

Cependant, tout à une fin. Parce que je commence déjà à repenser à ce que j'ai accepté tout à l'heure. Je ne sais même pas où, quand, comment on va se voir, mais je sais qu'on va se voir seules et j'ai vraiment la trouille. J'ai tellement peur de ne pas savoir comment faire, ne pas savoir quoi dire ou tout foutre en l'air. Je n'ai jamais expérimenté ce domaine, je ne sais pas comment ça marche, je stresse tellement. Je ne sais pas non plus si elle va me proposer quelque chose, c'est vrai elle attend peut être que je lui dise ce qu'on va faire, mais c'est elle qui m'a demandé qu'on se voie alors dans ma logique à moi je devrais attendre son message. Mais si elle attendais aussi le mien? C'est tellement compliqué...
Après avoir lâché un gros soupir, j'obtenais enfin satisfaction. À peine sortie du lycée, elle était rapide. Je regarde donc mon téléphone et lus son message.

J'espère que tu attendais mon message autant que j'ai attendu pour te l'envoyer. Peut-on se voir demain? J'ai vraiment envie de passer du temps avec toi. Dis moi si c'est bon et je t'envoie mon adresse. Passe une bonne soirée..

C'était comme magique. Je sentais mon sourire s'agrandir au fur et à mesure, sans avoir rien demandé. Elle me faisait sentir vivante, utile et intéressante. Je ne tardais donc pas à lui répondre positivement et reçu son adresse très vite après. Je n'avais qu'une seule hâte, que ce moment arrive le plus vite possible.

Mais ce moment de joie intense fut rapidement coupé, c'était sans compter sur Nicolas.

-Tu m'as pas dit de quoi vous avez parlé ce matin, avec Mme. Walsh

-Ah..oh..tu sais..de pas grand chose, elle m'a donné les papiers sur les prépas, et on a juste discuté de ça après

J'étais quelque peu déstabilisée. J'étais une piètre menteuse et il le savait.

-Ah oui, fais voir ces papiers?

Alors là, c'est pas bon du tout. Tout en fouillant maladroitement dans mon sac je lui répondis du mieux que je pus.

-Je..je sais même plus si je les ai récupérés au final, j'ai dû les laisser sur son bureau...

-Tu vas me dire ce qu'il t'arrive?

-De quoi tu parles?

-Clem je te connais, je sais qu'il y a quelque chose que tu ne me dis pas, t'es pas pareil depuis..depuis hier en fait, t'es ailleurs, tu sembles penser à autre chose, ou à quelqu'un d'autre, tu souris à tes pensées, tu sembles être autre part, et ça m'énerve de ne rien savoir, tu sais comment je suis

-Y'a rien je t'assure, je suis juste un peu fatiguée et du coup je déconnecte un peu des cours mais vraiment il ne se passe rien de plus chez moi, je te l'aurais dit sinon c'est sûr, tu sais toujours tout!

-T'es vraiment sûre?

-Absolument

Ouf, sauvée. J'ai eu un coup de stress tellement énorme, j'ai cru que j'allais m'effondrer en plein milieu de la conversation; mais j'ai tenu bon, je suis fière de moi! Ou pas en fait, je n'aime pas mentir à mon meilleur ami, mais là je ne pouvais absolument pas. Il changea de sujet et le trajet de retour se passa à merveille. Une fois hors du bus, il me fila un deuxième moment de stress, comme si j'en avais vraiment besoin.

-Quoi de prévu ce week-end?

Décidée à ne lui mentir qu'à moitié je lui répondis:

-Je vais voir Marie demain et dimanche je sais pas encore, et toi?

J'ai utilisé ma meilleure amie habitant dans la même ville comme alibi, c'est déjà mieux que rien non?

-C'est cool, tu me raconteras lundi alors! Moi je vais aller m'entraîner comme d'habitude.

-Oui t'inquiète pas! Aller bon week-end!

-Merci toi aussi, bisous!

Interrogatoire stressant terminé pour cette semaine, néanmoins ça reprend lundi. Dans un sens je devrais me réjouir, il s'inquiète et s'occupe de moi, comme il l'a toujours fait, mais des fois comme là par exemple j'aurais préféré n'avoir rien dit. Enfin bref, je peux enfin rentrer chez moi et me mettre à rêver de l'après-midi parfaite de demain tranquillement. J'ai tellement de scénarios possibles et inimaginables dans ma tête, ça pourrait faire peur. En tout cas je peux rêver et pour une fois me sentir heureuse avec quelque chose de bien réel qui m'arrive à moi, et rien qu'à moi.

Don't think, just doOù les histoires vivent. Découvrez maintenant