Chapitre 10

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"Je ne sais voir qu'autant que je suis ému"

Midi était arrivé, mais mon ventre n'était vide que d'elle. Je n'attendais que ce moment, peut importe qu'il soit bon ou mauvais. Son absence avait creusé un énorme trou dans ma poitrine, et c'est en l'ayant reniée pendant deux longs mois qu'elle est d'autant plus dure à encaisser aujourd'hui. On s'installa à une table, puis Nicolas, Jessie, Audrey et Kim commencèrent à discuter de divers sujets, tandis que je regardais piètrement mon assiette qui allait rester pleine.

-Tu manges pas?

Je relevais la tête à cette question qui ne me semblait pas très sympathique de la part de Nicolas mais, il est comme ça.

-Non j'ai pas trop faim

-On se demande bien pourquoi tiens

S'il voulait m'énerver c'était réussi. J'étais à fleur de peau depuis que je savais que j'allais revoir Kate dans moins d'une demie heure maintenant, sans savoir l'issue de cette entrevue. Je ne répondais rien, je n'en avais pas envie, et je savais qu'au fond de Nicolas c'était plus pour me charrier qu'autre chose. Trop de questions étaient dans ma tête, cependant rien que le fait de la revoir une seconde fois aujourd'hui me rassurait. Je ne demandais qu'à la regarder, qu'à l'admirer, seulement d'être à ses côtés.

Une fois le repas terminé, on s'assit sur l'herbe dans la cour pour profiter du soleil qui est réapparu. Je suis totalement ailleurs, pas génial pour l'accueil un premier jour de cours mais je n'y peux vraiment rien. En ce moment, seulement Kate m'importe. Elle obnubile toutes mes pensées, et je ne peux rien faire contre. Je regarde l'heure sur mon téléphone et c'est le moment. Nicolas sait où je dois aller, je dis donc simplement que je dois aller aux toilettes, ce qui, dit en passant, n'est pas totalement faux. Je grimpe les quelques marches de l'escalier pour me retrouver dans le couloir où il ne me reste seulement quelques pas à effectuer afin d'être devant le lieu tant attendu. J'arrive exactement en même temps que Kate, qui venait par le côté opposé. J'essayais de capter son regard mais elle ne daigne pas tourner ses yeux vers moi. Après vérification que personne ne nous voit, elle ouvre la porte avec ses clés, me laisse rentrer et referme la porte à clé. Je tente de me rapprocher d'elle mais elle prend la parole bien avant mon geste, ce qui me frustre énormément.

-Il faut qu'on parle de...

-Non ! Je n'ai pas attendu tout ce temps pour parler maintenant

Je la coupa brutalement dans sa lancée et remarqua son mécontentement. Je ne pouvais pas, c'était insupportable pour moi de l'avoir si près de moi sans aucun contact physique. Je me rapprocha rapidement d'elle et l'embrassa. La sensation de son corps contre le mien était un tel soulagement, cependant je la sentais résister. Elle se détacha de moi en soufflant, je sentais très bien qu'elle se forçait à ne pas revenir vers moi.

-Non...non, on doit parler avant, de cet été tout ça et tu...tu ne peux pas faire ça...

Elle débitait ses paroles à une vitesse qui traduisait clairement son trouble, et c'était une des rares fois où je la voyais en position de faiblesse. Je devais intervenir. J'entoura son visage de mes mains en forçant quelque peu sa résistance, pour lui montrer qu'elle avait le droit à la faiblesse, que je pouvais prendre le rôle de force pour une fois. Mes sentiments étaient clairement passés au dessus de ma raison, et je n'agissais plus du tout avec réflexion, mais seulement avec mon cœur en avant.

-Calmes toi, arrête, pourquoi tu luttes comme ça? Ne te mets pas en travers de tes émotions, de tes ressentis, je sais très bien que c'est difficile mais je sais aussi ce dont tu as envie maintenant, et je peux te le donner. On parlera après, on a tout le temps pour parler.

Don't think, just doOù les histoires vivent. Découvrez maintenant