"Le silence ne signifie pas toujours que tu n'as rien à dire. Il peut signifier que tu réalises que les mots ne sont pas toujours nécessaires."
Je peux maintenant savoir ce que cela fait de passer une nuit blanche. Je n'ai pu fermer l'œil de la nuit, et c'est vraiment une sensation horrible. La douleur qui me tiraillait la gorge était ma plus grosse souffrance, accompagné d'une migraine impossible, ma tête étant comme un mixeur ressassant sans arrêt des « Tu n'as rien à faire avec moi », « je n'aurais pas dû », « je ne veux plus que l'on se voit, ça s'arrête là. » et j'en passe. J'ai beau m'être plainte ces trois jours passés, aujourd'hui bat tous les records. Je me sentais déjà mal rien qu'au fait d'aller lui parler sans certitude de retour, je crois que je ne vais pas survivre à la voir et passer 3h avec elle après ce qu'elle m'ai dit hier. Je ne sais pas si je dois appeler ça chagrin d'amour. C'est vrai, on a seulement passé une journée ensemble, très peu de moments partagés et rien d'officialisé. Ai-je vraiment le cœur brisé par une femme parfaite, avec une vie déjà comblée, dont la romance avec une élève n'était que d'une semaine? La réponse est oui, et c'en est pathétique. J'ai horreur de ce que je suis à présent, un légume nullement capable de retenir ses émotions à cause d'un fantasme -légèrement devenu réalité-. Ce n'est pas moi, je ne peux pas me laisser abattre, je ne suis pas comme ça. Elle croit que je ne vais pas m'en remettre, et bien si, tu vas voir moi je vais te montrer à quel point je suis forte.
Bien entendu mes pensées vont toujours très loin et pour les mettre en pratique, ce n'est pas une mince affaire mais, essayons !Je me lève mais en réalité je ne sais même pas l'heure qu'il est ayant passé la nuit éveillée.
*6h25*
Bon, c'est quasiment l'heure, mais que faire avant que le petit monde chez moi se réveille? Je ne veux plus rester dans ma chambre, c'est devenu étouffant. Je décide d'aller prendre une douche, ça me remettra peut être les esprits en place. J'aimerais bien savoir comment Kate se sent en ce moment. Se sent-elle plus légère de m'avoir envoyée balader? Se sent elle coupable de m'avoir fait du mal? Regrette-t-elle ses paroles? Ou est-ce qu'elle en a clairement rien à foutre? Je ne saurais jamais en fait, alors laissons ça de côté. J'essaie d'adopter une attitude « zen » et de me dire que je suis une battante c'est pas encore ça, mais je tente tout de même de laisser ma tristesse à la maison et d'affronter son regard pour lui montrer que je ne suis pas aussi faible que j'en ai l'air.*
Mes idées dépassant souvent mes réelles capacités, je regrette finalement d'être venue. Cependant je ne peux plus faire demi tour et dois prétendre que tout va bien.
J'arrive devant la salle, au plus bas. Ce n'est que quelques heures, qu'une journée qui sera bientôt finie, il faut que je me focalise là dessus. Inspire, expire. J'attends mes amis dans le couloir, la salle encore fermée.
-Hello!!
Nicolas arrive en fanfare, au moins lui est de bonne humeur ce qui me fait sourire un peu. Je le salue, et bien sûr en tant que personne très perspicace il remarque que je suis mal à l'aise, et c'est peu dire.
-Qu'est-ce qu'il y a Clem?
-Rien ça va
Mon mensonge est, je le sais, tellement gros et pas du tout croyable mais c'est la seule réponse que je puisse sortir.
-Non mais arrête je vois bien que ça va pas, dis moi je comprends pas...
-C'est...je...
Ce dialogue fut certes court mais m'avait occupé l'esprit au lieu de penser au moment où j'allais la voir. C'est pourquoi lorsque je voulu répondre je resta bloqué sur mes paroles, sur mes mots. Je pensais m'être préparée, pouvoir m'y faire, passer outre mais lorsque je la vis, le monde s'arrêta complètement autour de moi. C'est comme si mes yeux était aimantés vers elle, vers son regard si profond, vers son corps si parfait, vers ses bras si confortables, vers sa bouche si désirable; mais que cette vision était entouré de mal, du mal en personne qui venait creuser un trou dans mon cœur. La douleur était tellement forte, comme si ma poitrine allait exploser et que le sol se dérobait sous mes pieds, je dû détourner mon regard. Je ne suivait plus rien, j'étais inconsciente au monde extérieur à mes larmes et à ma douleur. Je ne pouvais plus bouger, j'étais comme possédée, en pleurs et inerte.
Nicolas ne comprenait rien, il était en train de parler à Clémentine quand elle se mit à pleurer et à ne plus répondre à rien. Il tenta de capter son attention, étant complètement décontenancé. Il l'avait seulement vu fixer un point vers la porte pendant quelques secondes avant qu'elle se replie sur elle même en larmes. Que regardait-elle? Mme. Walsh? Mais pourquoi? Trop de questions se bousculaient dans sa tête, mais il devait s'occuper de sa meilleure amie avant même de comprendre. La professeur fit rentrer les élèves au fur et à mesure puis s'aperçut du problème. Nicolas la regarda avec un regard rempli d'incompréhension et de supplications. Il voulait l'aider, faire quelque chose mais il ne savait vraiment pas quoi vu que Clémentine ne répondait plus du tout. Kate indiqua à ses élèves déjà assis dans la salle qu'elle revenait. Elle ferma la porte et souffla. Nicolas voyait de la tristesse mais il crut percevoir de la culpabilité dans le regard de sa professeur. Il ne comprenait vraiment rien, que ce passait-il donc? Il essaye encore et encore de capter le moindre signe de son amie en vain, il était terriblement inquiet. Il se demandait ce que pourrais faire de plus leur professeur, si Clémentine ne lui parlait pas à lui, Mme. Walsh ne pourrait alors rien faire de plus.
Kate n'était vraiment pas bien depuis hier matin, depuis ce qu'elle avait dit à Clémentine, de la façon dont elle l'avait dit et comment elle avait dû laisser cette jeune fille tellement innocente et insouciante, reflétant un modèle de bonheur parfait pour elle. Kate avait redouté ce matin, ce cours en sa présence, mais de voir la personne qu'elle aimait -car oui elle l'aimait il fallait le dire- si mal et dans cet état était trop douloureux. C'était tout simplement de sa faute, à cause d'elle, elle ne pouvait s'en prendre qu'à soi-même. Elle avait vu la souffrance personnalisée, et c'était une image insoutenable pour elle. Les regards remplis d'au secours de Nicolas était d'autant plus incriminants qu'il fallait qu'elle agisse. Tant pis la raison, tant pis la sagesse, elle ne pouvait pas laisser Clémentine comme ça, elle ne voulait plus la laisser comme ça.
J'eus l'impression qu'il se passa une éternité avant que quelque chose se passe. J'entendais, je voyais: Nicolas paniqué, Kate debout devant moi, je me demandais vraiment quand j'allais sortir de ma torpeur. Je ne sais pas vraiment ce que je voulais, ce que j'attendais mais lorsque tout à coup Kate me pris dans ses bras, le monde extérieur revint et la bulle dans laquelle j'étais éclata; je respirais à nouveau. Je ressentis tellement d'émotions en même temps, indescriptibles, j'aurais voulu la repousser, ou pas, je n'avais plus la force de rien de toute façon. Elle me serra tellement fort, j'étais chamboulée. Un jour elle me dit de fuir de sa vie, l'autre elle me prend dans ses bras, cela a-t-il une signification? Mes larmes coulaient toujours, j'eus alors une réponse à mon interrogation dès que j'entendis ses mots.
-Chut... Ça va aller... Calme toi, je...je suis désolé, je suis tellement désolé... Pardonne moi, tout est de ma faute, je refuse de te voir comme ça...arrête de pleurer s'il te plaît, tout va bien maintenant...
Elle semblait si vulnérable à ce moment là, presque encore plus que moi et mes 20 litres de larmes versées. Vulnérable, mais tellement sincère. J'avais pensé pouvoir m'en sortir la tête haute, ignorante, mais ça, ces paroles, c'était en fait tout ce que j'attendais.
Je ne pourrais dire combien de temps je suis restée dans ses bras, puis je pensa soudain à Nicolas. Il était toujours là, je le voyais dans un coin si je levais les yeux. Je crois que niveau incompréhension il est vraiment au sommet, cependant c'est normal. Je vais devoir me lancer dans une des plus longue et gênante explication de toute ma vie. A-t-il entendu ce que Kate m'a dit? Je ne sais même pas si c'est mieux ou pas.
-Nicolas, je sais que vous allez devoir parler tout les deux mais tu peux aller t'asseoir? On arrive.
Je doute que Nicolas fut ravi d'avoir été inutile sur ce coup là, et surtout qu'il ai vraiment envie d'aller s'asseoir sans réponses. Mais il s'exécuta et nous laissa seules Kate et moi. Je n'avais plus aucune notion du temps, je me demande combien de temps s'est passé depuis la sonnerie mais je compris qu'il était temps d'y aller. Je sortis ma tête des bras de Kate et la regarda, un regard simple mais lourd de sens, je n'avais plus besoin de la parole. Elle caressa ma joue de sa main, sur laquelle je m'appuya légèrement et sécha ma dernière larme. Je souris parce que, ironie de l'histoire, je l'aimais. Je l'aimais tellement que malgré la douleur vive, tout était rose après un passage dans ses bras. Elle était mon premier amour, l'amour de ma vie.

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Don't think, just do
Roman d'amourC'est elle. C'est sa voix, son élégance, ses mots, ses paroles, sa beauté, sa personnalité, ses pensées; elle. Mais peut-on vivre ce qu'on rêve? ©Histoire fictive m'appartenant entièrement©