Si les premières soirées d'apprentissage avaient été cataclysmiques, les nuits précédant la pleine nuit furent une torture sans nom. Le loup qui l'habitait était à présent mûr et ne demandait qu'à éclore en déchirant sa peau, en déchiquetant son être, en broyant sa conscience.
« Je ne peux pas », haleta Stephen entre deux bouffées d'air glacial.
Ses poumons se resserraient, l'air se raréfiait, il perdait pied. Le mal reprenait les rênes.
« J'aurais aimé que l'idiot qui t'a engendré en ait tout autant conscience que toi avant de te mordre, râla Jason qui s'était rapproché de lui. Mais maintenant que tu es ma responsabilité, tu vas faire les choses bien et arrêter de pleurnicher. »
Les paroles de Jason ne l'aidaient pas. Au contraire, il paniquait, s'embourbait dans des sables mouvants adipeux et acres. Le loup allait l'étouffer.
« Je... hoqueta-t-il avant de s'effondrer au pied d'un arbre heureusement robuste.
- Relève-toi », grogna Jason.
La patience n'était pas son point fort, comme avait déjà pu le remarquer Stephen. Des petites cicatrices qui peinaient encore à disparaître en étaient la preuve. Mais malgré le timbre menaçant du grognement de son guide, il ne trouva pas la force de se relever, l'air ne pénétrait déjà plus ses poumons et l'animal qui avait creusé son antre entre ses chairs venait de se défaire de ses fers d'argent.
« Snyder ! cria Jason. Maîtrise-toi ! Canalise tes sens sur la tanière où tu protèges ton loup, ne le laisse pas s'en échapper, ne le laisse pas te blesser. »
Mais ces paroles ne devinrent que de lointains échos quand le hurlement du loup déchira ses poumons et traversa ses lèvres déjà meurtries par des crocs acérés. L'appel de la forêt avait été le plus fort, Stephen avait sombré. Pourtant, une main ferme et chaude sur sa nuque aiguisa l'intérêt de l'animal. Ses sens étaient en feu.
« Stephen », murmura une voix dans sa tête.
Une voix attentive, rassurante et protectrice. Si chaude.
« Je suis là et je ne te lâche pas. Tu m'entends ? Je suis là et quand je suis avec toi, tu n'as plus rien à craindre. Ni le loup, ni la mort. Laisse-toi guider par ma voix et reviens-moi. »
Stephen écoutait la voix lui murmurer des paroles réconfortantes et, petit à petit, le feu qui avait embrassé ses pupilles s'apaisa et ses yeux noisette refirent surface. Le loup avait été muselé mais pas par violence, pas par soumission. Il avait été satisfait par le lien de confiance, de dominance, qui s'était créé. Il n'était plus seul, il appartenait à une meute, sa meute. Il sentit la main chaude et humaine lui caresser la joue et effacer les larmes qu'il n'avait pas senti verser.
« Merci », murmura-t-il, fatigué, alors que son nez se noyait dans le creux de cette grande paume, y recherchant la chaleur et l'odeur du loup qui l'avait sauvé.
=> Enfin, un moment tendresse ;)

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GOING WILD
LobisomemDepuis sa naissance, Stephen lutte contre une maladie incurable. Jusqu'au jour où il est victime d'une mystérieuse agression, qui le laisse contre toute attente en parfaite santé. Enfin, si se transformer en loup peut être appelé une « parfaite sant...