« J'ai une porte aussi, lâcha Jason alors que Stephen pénétrait sa chambre en entrant par la fenêtre comme à l'accoutumé.
— Oui, mais je ne crois pas que tes parents m'ouvriraient, ils ne me connaissent pas », répondit-il en avançant lentement vers le lit et en jetant discrètement ses baskets boueuses dans un des coins de la pièce.
Le ton de Jason ne dénonçait rien de son état d'âme. Il n'avait pas l'air furieux mais Stephen ne voulait pas tenter sa chance. Il avait eu suffisamment de peurs pour toute une vie et sa peau, encore écorchée, ne s'était pas remise des attentions canines d'Isabeau. Il n'avait pas même osé retourner à la maison et avait appelé ses parents pour leur dire qu'il dormirait chez Sébastien.
« Tu es fâché ? » demanda-t-il alors qu'il s'asseyait sur le lit où Jason était allongé.
Ce dernier écoutait son groupe préféré, Linkin Park, dans de larges écouteurs. Stephen se demanda comment il avait fait pour l'entendre entrer avec tout ce boucan dans les oreilles.
« Je t'ai senti », répondit Jason alors que Stephen n'avait pas même posé sa question à voix haute.
Il n'avait jamais bien compris si la morsure avait créé ce lien, cette sorte de communion entre eux, ou si tout simplement Jason parvenait à lire en lui comme dans un livre ouvert, même les yeux fermés.
« Tu n'as pas répondu à ma question... »
Jason ouvrit enfin les yeux et le fixa sévèrement. Il avait de quoi lui en vouloir. Il était parvenu à faire annuler son combat, remettant sûrement en question son honneur et sa virilité canine au passage, et il l'avait contraint à combattre sa petite amie au nom du serment à la lune. Tout cela en une seule nuit. Il devait le détester. Stephen soupira et baissa les yeux.
« Je ne t'en veux pas, lâcha Jason d'une voix neutre, alors que ses doigts chauds vinrent frôler la joue sauvagement molestée de Stephen, faisant le tour des vilaines cicatrices que les griffes d'Isabeau avaient creusées. J'ai eu peur pour toi. »
Stephen sentit le loup en lui miauler de plaisir à cet aveu et ça devait être mauvais signe pour un loup de miauler. L'intrépide et stupide Jason avait eu peur pour lui. Un léger sourire naquit sur ses lèvres qui se refléta aussitôt sur le visage de son congénère. Stephen ne parvint pas à quitter des yeux ces lèvres ourlées et étrangement attirantes. C'est malgré lui qu'il se pencha au-dessus de Jason, alors que la main de ce dernier prenait position sur sa nuque, ferme et autoritaire. Pour l'arrêter ? L'encourager ? Peu importait.
Sa bouche frôla, fébrile, celle de son guide. Son audace ne lui ayant pas valu de se retrouver le crâne fracassé sur la tête de lit en fer forgé, il laissa sa langue se mêler timidement et maladroitement aux festivités. Elle parcourut le dessin de ces lèvres pleines, appétissantes sucreries aux paroles habituellement si amères, demandant asile en cet oasis inconnu. Lorsqu'elles s'entrouvrirent enfin, il but à leur source comme un homme assoiffé. Le goût de Jason était plus délectable encore que son odeur. Il suça goulûment la langue étrangement docile, mordilla ces lèvres, lécha le nez et lorsque ce ne fut plus assez, son museau se perdit dans le cou du garçon, inspirant sa peau, mordillant son parfum, geignant, grognant. Quand le rire de son partenaire retentit dans la chambre, Stephen se dit que son enthousiasme n'avait pas eu raison de son inexpérience. Jason lui caressa tendrement la tête.
« Tu es terrible, tu le sais ?
— Quoi ? C'était si nul que ça ? lui demanda-t-il contrit, et s'il avait été sous sa forme canine, ses oreilles seraient tombées le long de son crâne.
— Je ne parle pas de tes prouesses, Croc Blanc, lui répondit Jason, en accentuant son sourire moqueur par un coup de langue évocateur qui entama son voyage de sous son menton pour sillonner jusqu'au bout de son petit nez retroussé. Je parle du fait que tu n'en fasses toujours qu'à ta tête. Tu ne respectes jamais rien et surtout pas le protocole.
— Quel protocole ? » lâcha Stephen abasourdi.
Y avait-il un protocole pour s'envoyer en l'air chez les Loups ? User de sa langue à outrance et remuer la queue ne suffisaient donc pas ?
« J'aurais tout vu avec toi, sourit Jason de plus belle en levant les yeux au ciel. Un oméga qui met un bêta sur le dos et qui lui demande de lui offrir sa gorge !
— Quoi ? Ces vieilleries ça compte aussi quand on n'a pas les poils ? s'offusqua Stephen.
— Surtout quand on est à poils ! » se moqua Jason en partant dans un fou rire.
Subjugué par ce son d'une harmonie parfaite à ses oreilles et le dessin de ce joli sourire, Stephen ne se sentit pas même basculer en arrière quand Jason le retourna comme une vulgaire crêpe sur le matelas.
« Un retour au bon équilibre des choses », lui murmura ce dernier d'une voix chaude, ronflée par un grognement guttural, primal.
Stephen se laissa allonger sur le moelleux du matelas, enroulant ses jambes autour de mollets puissants, mécontent de ne pouvoir se servir de ses mains plaquées de chaque côté de sa tête. Il aurait voulu en faire de ces choses avec ses doigts dans la chevelure de Jason et le long des vallées imposantes de son dos.
« Je crois que tu n'as pas bien compris le sens du mot soumission, constata ce dernier.
— Mais je ne demande qu'à apprendre... maître, roucoula-t-il en accompagnant la provocation d'un petit coup de bassin.
— Bien, car je dois tenir le serment que j'ai fait à l'alpha », répondit le plus sérieusement du monde le bêta en fondant sur une proie étonnement consentante.
=> Eh voilà, notre petit loulou est enfin devenu grand!
J'espère que ce moment tendresse/coquin entre Stephen et Jason vous aura plu :)

VOUS LISEZ
GOING WILD
Loup-garouDepuis sa naissance, Stephen lutte contre une maladie incurable. Jusqu'au jour où il est victime d'une mystérieuse agression, qui le laisse contre toute attente en parfaite santé. Enfin, si se transformer en loup peut être appelé une « parfaite sant...