Le bruit strident de mon réveil me fit sursauter. La pluie cinglait ma fenêtre. J'ouvris lentement les yeux. « Ce n'est qu'une matinée, tu pourras dormir après » me dis-je à moi même.
Je me dirigea vers le miroir de ma chambre, pour me coiffer. Mes cheveux ne sont pas ce que l'on pourrait appeler « coopératifs ». Surtout aujourd'hui. Mes boucles étaient toutes emmêlées mais jamais, au grand jamais il ne fallait que je les démêlent à moins de vouloir ressembler à lion pour le restant de la journée. J'essaie donc de les rassembler en une simple queue de cheval. De légères cernes se dessinaient sous mes yeux bleus foncés. Je mis mes lunettes et sortis de ma chambre pour aller prendre mon petit déjeuner.
Mon frère était déjà attablé et lisait avec une attention ridicule les inscriptions du paquet de céréales. Ses cheveux châtains clairs étaient en bataille, il avait l'air d'avoir mal dormi. Comme d'habitude...
Je m'asseyais à côté de lui.
« -Mal dormi ? » Demandai-je simplement
Il acquiesça d'un rapide signe de tête.
Je lui lançai un regard désolé. Je m'inquiétais pour lui.
Malgré le fait que la pendule n'indiquait seulement 6h48, Maman était déjà partie de la maison il y avait 10 minutes de cela. Avec la route elle était obligée de se lever aux aurores nous laissant moi et Dorian nous débrouiller seuls.
Je me hâtai de prendre mon petit déjeuner et après avoir pris mon sac je sortis de la maison en même temps que mon frère.
Étant donné que notre lycée se trouvait dans une plus grande ville à une bonne vingtaine de kilomètres, malgré le fait que les cours ne commençaient qu'à 8h nous étions obligés de partir en bus à 7h10.
Le trajet de notre maison à l'arrêt de bus se fit en silence, Dorian n'était pas d'humeur à parler.
L'atmosphère était glaciale, la pluie n'arrangeait rien et je frissonnais malgré toutes les couches de vêtements avec lesquelles je m'étais couverte.
Contrairement à mon frère, je n'avais pas d'amis habitant notre petit village alors dès que nous arrivâmes à l'arrêt de bus, Dorian s'éloigna de moi pour aller retrouver ses amis. Je restai souvent seule.
Le bus arriva dans un crachat de fumée polluante et tout le monde monta. Je rejoignis ma place habituelle du milieu du bus à l'endroit où le chauffage se trouvait ; heureuse d'être à l'abri des intempéries.
Le trajet se fit plus rapidement que je ne l'avais espéré. Je descendis rapidement du bus et me faufila vers le grand portail.
Je me dirigea à l'intérieur d'un des bâtiments de mon lycée, au près de notre point de rencontre avec mes amis situé dans un petit recoin possédant un radiateur toujours chaud.
J'étais toujours la première à arriver donc je traînai souvent sur mon téléphone ou je révisai en vue d'un contrôle.
Lisa fut la première à me rejoindre. Je la considère comme ma meilleure amie. Cette dernière a élaboré une théorie il y a quelques temps affirmant que nous sommes en réalité des sœurs jumelles ayant été séparées à la naissance. Théorie que j'avais bien évidemment accueilli par un fou rire légèrement moqueur, même si j'aimerai que cela soit vrai.
Lisa était une pro' des théories en tout genres. Étant une lectrice assidue et une « sérievore » elle trouvait des théories plus farfelues les unes que les autres à tout ce qu'elle lisait, regardait et même entendait.
Elle s'approcha de moi à grands pas un grand sourire collé à ses lèvres et me salua d'un « Coucou !» très enjoué. Puis enchaîna avant que je n'ai pu dire la moindre chose :
- J'ai croisé ton frère...Il avait sa tête des mauvais jours... C'est encore ton père ?
C'est fou à quel point elle devine tout.
Je me contenta de hocher la tête.
Elle me lança un de ces regards typiques signifiant « Ah mince, ça fait chier. Je suis désolée »
Ce petit échange fut coupé par une arrivée 10 fois plus bruyante que celle de Lisa.
« -BONSOIR! » Vociféra cet idiot nous servant d'ami.
Lisa eu un violent sursaut et se retrouva à moitié blottie contre moi. Tandis que moi et Adam éclations de rire face à sa réaction.
- Espèce d'imbécile tu m'as fait trop peur ! Râla Lisa
- C'était le but de la manœuvre ! pouffa Adam. Où est mon acolyte ?
Par son acolyte il parlait de l'autre idiot de la bande mais qui possédait un Q.I légèrement plus élevé que celui d'Adam (j'ai bien dit légèrement ; on frôle pas Einstein non plus).
- Pas encore là, répondis-je simplement
Mais au bout du couloir je vis notre autre acolyte féminine pointer le bout de son nez.
Lisa appela d'une voix forte « ANAÏÏÏSS ». Celle-ci lui répondit par un grand signe de la main et improvisa une petite danse avant de parvenir jusqu'à nous.
Des fois je me demandai comment ces gens arrivaient à avoir autant d'énergie, pour un mercredi matin, 7h45. Ou alors, est-ce juste moi qui est fatiguée de naissance ?
Après nous avoir fait la bise à tous, elle nous conta son épopée de comment elle a failli manquer son bus à cause de sa sœur qui avait renversé tout le paquet de croquettes de son chat sur le sol et qu'elle avait dû nettoyer à sa place.
Adam, fidèle à lui-même, s'est évidemment moqué d'elle. Pour toute réponse elle lui asséna un coup de coude dans ses côtes.
Anaïs était l'une des personnes les plus malchanceuses que je puisse connaître. Elle détient à elle seule un palmarès de 3 entorses du poignet droit, une fracture d'un orteil en se prenant les pieds dans un tapis, un déboîtement de son épaule gauche en ayant foncé dans une porte vitrée en courant, et d'une intoxication alimentaire lors d'un voyage au ski en 5ème qui lui avait valu un séjour de presque 2 jours à l'hôpital !
Même si dit comme ça elle a l'air d'une empotée ne sachant pas mettre un pied devant l'autre, c'est totalement le contraire ; c'est la plus intelligente d'entre nous.
Tout à coup Adam poussa un soupir de soulagement et cria à l'intention de la personne approchant :
- Enfin ! C'est pas trop tôt ! Franchement j'ai cru que t'allait m'abandonner ! Comment aurais-je survécu sans voir ton doux visage Gab' ? dit-il dramatiquement
- Trop d'amour pour moi ! Attention je vais pleurer, ironisa Gabin en faisant semblant d'essuyer une larme
Ils partirent dans un léger four rire. On discuta un peu tous ensemble avant que la sonnerie nous pousse à nous diriger vers la salle de cours.
Nous avions eu vraiment de la chance car pour notre première année au lycée nous nous étions tous retrouvés dans la même classe ; (on s'était un peu débrouillés pour, en choisissant les mêmes options).
- Je trouve que mettre un cours de maths à 8h dès le matin est la pire chose que l'humanité n'est jamais inventé, se plaignit Gabin.
On hocha tous la tête alors que nous entrions dans la pièce.
Le reste de la matinée se passa sans encombre et après avoir mangé avec les autres, je me retrouvais de nouveau dans le bus.
J'avais hâte de pouvoir peindre.
Tellement plongée dans mes pensées je ne m'étais pas rendu compte que j'étais presque déjà arrivée à la maison.
Je déposa rapidement mes affaires de cours et partis en direction du fond du jardin.
Les branches craquaient sous mon poids et l'air était chargé d'humidité dû à l'averse de ce matin. J'ai toujours aimé l'odeur de la terre après la pluie ; je la respirais à pleins poumons.
Je me stoppa net.
Une ombre se dessinait sur le sol devant le mur.
Puis une silhouette.
Trop petite pour être celle de Dorian et trop grande pour être celle de Maman.
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Le Silence de nos sentiments
JugendliteraturDans la campagne du centre de la France, loin des grandes villes, la vie peut parfois être ennuyeuse et silencieuse. Les amis, la famille, le lycée et la peinture sont les seules choses qui rythment la petite vie de Mélody. Tout comme ses amis, elle...