ʗɦɑǷІƮɌε 16

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Une fois dans la maison, je me mis à la recherche de Dorian. J'avais tout préparé dans ma tête : introduction, thèse, anti-thèse et conclusion du pourquoi il devait venir avec moi en ville pour rencontrer Alexandre.

Pourtant après 5 bonnes minutes de fouilles, d'appels et le tour des pièces fait, je devais me rendre à l'évidence, il n'était pas ici.

Assise sur le canapé, je me posa pour réfléchir quelques instants. Son sac étant posé dans le salon signifiait qu'il n'était pas parti bien loin.

Je décidai donc d'aller jeter un coup d'œil dans le jardin ; s'il n'y est pas, je pense que je me résignerais et abandonnerais mes recherches.

Je le chercha dans le hangar, le garage mais ce fut à ma grande surprise que je le trouva face au mur peint.

Je pensais qu'il ne venait jamais. Il sait très bien que je ne veux pas.

Pour le prendre en flagrant délit, je me racla bruyamment la gorge à quelques mètres de lui.

Il sursauta et se tourna vers moi.

- Mél' je... je. - il chercha une excuse à fournir mais se ravisa et enchaîna-. C'est beau tout ça. Celui-là tu l'as fait avec grand-père ?

Je hocha la tête.

- Il est réussi, même s'il n'est pas fini, murmura-t-il.

- Faut que je te parle.

- Moi aussi Mél'. Je suis désolé, ne pense pas que je ne t'en veux plus, mais tu as raison je veux pas finir comme Maman et notre oncle.

Je lui souris sincèrement. Ses excuses m'enlevaient un poids énorme.

- En parlant de lui, je l'ai appelé, on va se rejoindre au café du centre-ville cet après-midi, tu viens avec moi ?

- Oui bien sûr, répondit-il immédiatement en souriant.

Je fus surprise à la vitesse à laquelle il me répondit, je ne m'attendais pas à un oui si franc et massif. Ainsi on reprit doucement le chemin de la maison.

- Tu croyais vraiment que je ne venais jamais voir de temps en temps ce que tu peignais ?

- Tu quoi ? Mais Dorian...

- Oui je sais, me coupa-t-il, tu veux que personne vienne, c'est ton espace, mais Mélody tu as vraiment un don c'est magnifique tout ce que tu fais !

Il me dit ces paroles avec tant de sincérité que je ne puis que lui répondre un timide « merci ».

Plusieurs heures plus tard, nous étions enfin dans le café. On venait de s'installer à une table dans le fond avec Dorian. On était légèrement en avance mais peut importe.

Environ 5 minutes plus tard, un homme entra dans le café en ayant l'air de chercher quelqu'un, Dorian et moi le regardions alors en souriant, mais l'homme alla rejoindre une femme qui était en train de siroter une boisson chaude. Ce n'était pas lui.

Pourtant 10 minutes plus tard, Alexandre arriva enfin.

Il entra, ses cheveux roux décoiffés par le vent. Il scruta l'intérieur du café plusieurs secondes avant de poser son regard sur nous. Il fronça ses sourcils, pas sûr de lui, mais après que nous lui ayons sourit, il s'avança enfin vers nous, plus confiant.

- Salut Mélody et Dorian ! C'est bien ça, hein ? Hésita-t-il.

On hocha la tête, et il s'installa en face de nous.

- Vous voulez quelque chose ? Ça sera plus agréable, je vous le paye.

Nous échangions un regard gêné avec mon frère, puis acceptons sa proposition. Dorian commanda un café, Alexandre un thé et moi un chocolat chaud, comme d'habitude.

Un fois nos boissons devant nous, Alexandre prit la parole :

- Alors, comment ça va vous ? Comme s'il nous avait vu la veille.

- On fait aller, répondit Dorian tristement.

- Oui je comprends, c'est pareil aussi pour moi et mes enfants. J'ai pensé à les emmener avec moi cet après-midi mais je me suis dit que vu que c'était la première fois qu'on se rencontrait, autant être seuls à seuls.

Il but une gorgée de son thé puis reprit :

- Tu sais, Clément, celui qui a répondu au téléphone, n'a pas arrêté de me poser des questions sur toi après, dit-il en souriant. Mais bref de quoi est-ce que vous voulez parler ?

- Pas grand-chose en particulier, apprendre à vous connaître tout simplement.

Il sourit face à ma réponse. Il nous regarda en silence quelques secondes, attendant que nous lui posions des questions. Comprenant que nous attendions qu'il parle, il se lança :

- Ok, très bien. Eh bien, je suis Alexandre Coste. Je suis né dans la campagne, mes parents sont morts alors vos grand-parents qui étaient amis avec les miens m'ont recueillis et me voilà. Aujourd'hui j'ai une femme et trois fils de 9, 13 et 16 ans, Clément, Samuel et Amaury.

- Et avec notre mère ?

- Oh vous savez, on a jamais été bien proches elle et moi. Elle ne m'a jamais apprécié donc de n'ai jamais fait vraiment d'effort non plus quand on été petits. Pourtant j'ai déjà essayé de me rapprocher d'elle il y a quelques années. Je lui avait proposer mon aide pour son déménagement, pour l'enterrement de votre grand-mère, pour vous garder quand elle partait en voyage avec votre père, je l'avais invité pour Noël, mais rien à faire. Elle n'a jamais voulu que je vous garde soit disant que j'aurais une mauvaise influence. Je ne pouvais pas m'approcher d'elle si je ne voulais pas qu'elle me crie dessus ou qu'elle me fasse des remarques cinglantes.

- À ce point là ?

- Oui malheureusement, votre mère n'est pas une tendre...

- Elle n'est pas comme ça avec nous... sauf quand on aborde le sujet « grands-parents ».

- Oui je comprends. Votre grand-père était vraiment triste après qu'elle ait définitivement coupé les ponts avec lui. Mais tu ne peux pas savoir à quel point il était heureux de t'avoir retrouvée Mélody.

Je risqua un coup d'œil vers Dorian, m'attendant à voir ses yeux lancer des éclairs, mais rien, il avait l'air serein et imperturbable.

- Vous...

- S'il te plaît Dorian, ne me vouvoie pas, j'ai l'impression de prendre 10 ans de plus, dit-il en souriant.

- Tu penses que tu pourrais essayer de parler à maman, pour renouer un petit peu ?

- Pourquoi pas essayer ? Mais honnêtement je ne sais pas si j'en ai vraiment envie. Ses parents étaient la seule chose qui me reliait à elle.

Un léger silence suivit sa réponse.

- Je suis désolé je vais devoir vous laisser, je dois aller récupérer mon fils Samuel au bowling. A bientôt, j'ai été heureux de enfin pouvoir vous parler.

Il nous fit la bise et sortit du café.

Dorian et moi restèrent silencieux.

- J'aurais voulu qu'il soit près à se réconcilier avec maman... dis-je dans un murmure.

- Moi aussi, mais tu sais quoi, on va forcer le destin. J'ai un plan, et on va avoir besoin de nos nouveaux cousins.

Le Silence de nos sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant