ʗɦɑǷІƮɌε 1

68 9 13
                                    


Je fixe la campagne et ses collines froides défilant devant mes yeux. L'atmosphère ne s'est pas réchauffée de toute la journée, et cette froideur du mois de janvier se ressent jusqu'à l'intérieur du bus. Emmitouflée dans mon manteau je prétends que les imbéciles du fond n'existent pas. Ils me gâchent beaucoup trop souvent les 20 minutes de sommeil que je peux obtenir le soir avant de rentrer chez moi.

Je reconnais au loin le panneau indiquant le village. Enfin !

Non pas que cette journée eut été très exhaustive, seulement, je n'attends plus que le moment où je pourrais me faufiler au fond de mon jardin.

Le bus se stoppa enfin. Plus que quelques minutes de marche m'attendaient ; c'est le seul inconvénient d'habiter dans le coin perdu du village (lui-même un peu perdu entre la forêt et les bosquets).

En entrant je découvre sans surprise mon grand frère Dorian, travaillant sur ce que je présume un devoir de physique chimie étant donné la manière dont il passe sa main dans ses cheveux bouclés.

- Hey re-bonjour Dorian. Tu vas bien ? Lui demandai-je

- Oui oui, murmura t-il

Ceci peut être considéré comme un des défauts de Dorian ; dès qu'il travaille ou réfléchit, impossible d'établir la moindre conversation avec lui.

- Je vais dehors ! lançai-je en refermant la porte vitrée derrière moi.

Je ne me lasserai jamais de ce jardin que je qualifierai plus d'un parc tellement il est vaste. Notre petite maison paraît bien ridicule comparée à lui.

J'avance plus rapidement sentant les branches et les feuilles durcies par le gel craquer sous mes pieds. Les couleurs sont magiques, la gelée donnant un aspect de neige sur les branches des vieux chênes. Je frisonne légèrement sous la température.

J'y arrive finalement. Cet endroit, mon repère. Légèrement caché entre quelques buissons et petits arbustes dénudés de leurs feuilles. C'est ce que j'aime appeler mon journal à ciel ouvert.

Et pourtant ce n'est qu'un mur.

Un mur contenant presque toute ma vie depuis notre emménagement ici à la mort de ma grand-mère. A mes 8 ans, ma grand-mère Adina m'avait menée à cet endroit, je me souviens encore de sa voix douce lorsqu'elle eut prononcé ces quelques mots :

« - Ma jolie Mélody, ouvre ton cœur avec moi, prend ces jolies couleurs et peint ce que tu ressens, ne garde pas cela au fond de toi »

Ma grand-mère accordait beaucoup d'importance à ce que pouvaient ressentir les personnes de son entourage. Elle qui avait tant souffert durant son passé, avait put détecter mon besoin silencieux d'exprimer ce que je ressentais. Elle a toujours été une source d'inspiration pour moi, et malgré le fait qu'elle soit partie, j'ai toujours l'impression de garder ce lien fort avec elle. A vrai dire si l'on m'enlevait aujourd'hui ce mur comportant toutes mes pensées et les sentiments que j'ai pu éprouver ces dernières années. Honnêtement, je ne sais ce que je ferais, car il est devenu mon propre mode d'expression.

Je n'ai jamais été une grande fan de l'expression orale. Les seules personnes avec qui je peux parler normalement c'est Dorian, ma mère et deux, trois amis. La liste est plutôt courte...

Je ne voulais pas peindre ce soir. Premièrement il faisait trop froid et deuxièmement maman n'aime pas que je reste trop longtemps dehors. Je fis simplement du repérage, pour peindre demain.

Je fis demi tour rapidement vers la maison ; la nuit commençant déjà à tomber.

En entrant de nouveau dans la maison j'aperçus ma mère, rentrant tout juste de son boulot. Je me dirigea rapidement vers elle et la prit dans mes bras. Ses tendres câlins me réchauffent toujours le cœur.

Le Silence de nos sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant