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Au fur et à mesure que nous avancions , la forêt se faisait légèrement plus dense. Puis on quitta le chemin principal pour s'enfoncer vers la droite.

Le silence régnait entre nous deux, mais il y avait comme une atmosphère sereine.

Je lui jetai des regards furtifs qui me permettaient de l'observer mieux qu'auparavant.

Ses cheveux, plus clairs que les miens, retombaient sur une partie de son front. Ils étaient d'un blond tirant légèrement vers le châtain clair. Ses yeux, d'un marron lumineux, semblaient comme une porte d'entrée vers son âme. Quant à sa taille, il mesurait environ dix bon centimètres de plus que moi.

Après dix minutes de marche, Adrien s'arrêta me sourit et m'écarta les quelques branches qui bouchaient le passage.

De l'autre côté se trouvait un petit étang, entouré de végétation, comme si la nature voulait le garder secret.

Un large sourire prenait place sur le visage d'Adrien. Il m'invita à s'asseoir au bord de l'eau.

L'étang n'était pas si spécial que ça, il devait sûrement l'être en été. Mais je reconnais un certain charme à cet endroit malgré les branches dénudées et les quelques feuilles d'automne flottant à la surface de l'eau.

L'expression sur le visage d'Adrien était adoucie, et moi en même temps.

Le silence et les clapotis de l'eau étaient relaxants.

Il se tourna vers moi et dit avec naturel :

- Je viens ici presque tout les jours. En cette saison, le plus beau c'est le matin avec la brume.

Je hocha la tête, puis lui demanda enfin quelques questions qui me taraudaient l'esprit depuis hier.

- Tu as quel âge ?

- Seize ans, toi ?

- Presque seize aussi. Comment ça se fait que je ne t'ai jamais vu auparavant ?

- Je vais pas souvent vers le village je reste beaucoup dans mon coin. Je n'ai pas d'amis ici.

Je l'observa quelques secondes, légèrement attristée par ses propos.

Mais Adrien reprit la parole :

- A moi de poser les questions, sourit-il, dans quel lycée vas-tu ?

- À Antoine de Saint-Exupéry et toi ?

- Lycée Jeanne d'Arc

- Mais c'est loin ! Tu dois te lever aux aurores, m'écriais-je.

- Haha, ria t-il nerveusement, un peu mais je dors dans le bus, je pars à six heures et quart tous les matins.

- Pas de chance.

Un silence gênant s'installa peu à peu entre nous. Mais peu m'importais, je profitai des derniers rayons du soleil.

Puis soudainement Adrien me demanda l'heure.

- Il est environ dix-sept heure trente-cinq, lui répondis-je en consultant ma montre.

- Oh merde, s'écria t-il en se relevant à toute vitesse

- Attends qu'est ce qu'il se passe, il y a un problème ? m'inquiétais-je

- J'étais censé surveiller mes frères mais je suis là, et...et mon père va rentrer chez moi d'une minute à l'autre, et oh mon dieu je vais me faire tuer, me dit-il affolé.

Il se rua entre les branches tandis que je tentais tant bien que mal de le suivre.

- Attend, atte- commençais-je

- Désolé Mélody je dois vraiment y aller, c'est vraiment urgent, m'interrompit-il, tu arriveras à retrouver le chemin ?

-Oui ne t'en fais pas, tu es sûr ça va aller ?

- Oui, oui, réponda t-il distraitement, salut !

Puis il commença à courir tandis qu'il me laissait, légèrement désemparée.

De retour à la maison je m'interrogea beaucoup à son sujet mais le sommeil eu raison de moi, et Morphée m'emporta.

**********

- Bon week-end ! Me lança joyeusement Lisa tandis que j'entrais dans le bus de ville.

Comme toutes les fins de semaine j'accompagnai Anaïs à son cours de violon dans le centre ville. C'était notre petit moment à toutes les deux.

Anaïs est l'une de ses personnes avec qui on peut discuter de tout. On peut passer d'une discussion sur les chiots à une discussion sur la politique internationale sans que cela nous paraisse bizarre.

Après l'avoir laissé à l'entrée du conservatoire, je remontai toute la rue commerçante de la ville, avec pour but d'aller dans ma boulangerie préférée avec un bon chocolat chaud, tout en lisant un livre. Le bonheur tout simplement.

Quelques mètres devant moi, un homme âgé trébucha et tout les papiers qu'il tenait à la main se sont écrasés sur le sol. Je m'approchai pour lui venir en aide et ramasser ses affaires avec lui. Il me remercia plusieurs fois jusqu'à ce que je me relève, une pile de papier à la main, et que nos regards se croisent.

Quelques secondes s'écoulèrent où aucun de nous deux n'osa parler, par peur de briser cette retrouvaille inattendue.

- Mélody, murmura mon grand-père, tu as tellement grandie.

Le Silence de nos sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant