ʗɦɑǷІƮɌε 13

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Le lendemain, je décida tout de même d'aller au lycée en espérant que cela puisse m'éloigner de mes problèmes pendant une partie de la journée.

À la table du petit déjeuner, Dorian ne m'accorda même pas un regard. J'essayai tout de même d'entamer la conversation car à un moment où un autre il faudra bien qu'il me reparle. Mais avant même que je n'ai pu prononcer une phrase complète, il quitta la table, emportant avec lui son bol de céréales non-fini.

Il partit de la maison vingt minutes en avance par rapport à d'habitude, sans un mot.

Ça me faisait mal mais d'un côté je pouvais le comprendre. J'aurais probablement fait la même chose.

Je le retrouva plus tard à l'arrêt de bus en train de fumer une cigarette. Lui qui avait pourtant arrêté depuis quelques mois déjà.

Il avait galéré à s'en sortir, je ne le laisserais pas replonger. Je devrais à tout prix lui parler ce soir.

Une fois dans le bus, j'essayai de tout mon possible de ne pas penser à grand-père. Mais ce fut peine perdue lorsque le bus passa à côté de la carcasse de sa voiture, toujours dans le fossé.

Quelques larmes roulèrent sur mes joues que je m'empressa d'essuyer.

***

Une fois les grandes grilles du lycée passées, je décidai de ne pas aller au repère de d'habitude.

Je ne voulais pas forcément les voir. D'un côté je n'arriverai pas à cacher ce qu'il s'est passé, j'allais avoir besoin d'eux. Mais d'un autre côté, je ne voulais pas qu'ils posent des questions et qu'ils me demandent tout les quarts d'heure si j'allais bien alors que la réponse s'imposait d'elle-même.

J'errai sans but précis à travers les bâtiments. Les couloirs étaient presque tous vides, c'était calme.

Du haut du deuxième étage j'observai les élèves marcher dans la cour, la plupart d'un pas lent et las.

- Hey !! c'était la voix enjoué de Gabin. Qu'est-ce que tu fais là ?

Par je ne sais quel super-pouvoir Gabin devina tout de suite que quelque chose clochait.

- C'est encore les filles ? Vous ne vous êtes pas réconciliées ?

- Non, non tout est rentré dans l'ordre.

Il me força à me tourner vers lui et à le regarder.

- Tu peux rien cacher Mélo', t'es comme un livre ouvert. Dis-moi ce qui ne va pas.

- Problèmes familiaux, lui répondis-je sèchement.

- Je te connais c'est plus grave que ça. C'est quoi ?

Je ne voulais pas. Et pourtant je lui ai tout débité tout en retenant mes larmes. Gabin m'écouta attentivement sans perdre une miette de mes paroles.

- Je n'ai même pas pu lui dire au revoir, sanglotais-je faiblement.

- La mort ne laisse pas le temps de dire au revoir. Elle ne fait que creuser des trous dans ta vie, ton futur et ton cœur.

Je l'observa en fronçant les sourcils.

- Ça viendrait pas d'une série ou d'un film cette phrase là ?

- Je ne divulgue jamais mes sources...dit-il avec un regard malicieux. OK oui ça vient d'une série.

Il me sourit mais repris un air grave la seconde d'après.

Je lui souris faiblement et il me serra dans ses bras.

- Wow, faut qu'on se dépêche ça va sonner et notre salle est à l'autre bout !

Gabin commença à marcher à grandes enjambées mais je le stoppa quelques instants.

- Dis Gabin... Est-ce que tu pourras dire aux filles et à Adam ce que je t'ai raconté ? Je pense pas pouvoir tout raconter une nouvelle fois.

Il hocha la tête solennellement.

- Est-ce que j'ai beaucoup les yeux rouges ?

- Non ça passe, tu as juste le nez rouge c'est chou, me dit-il en souriant.

Je lui souris en retour et on accéléra le pas jusqu'à la salle de français.

***

Durant toute l'heure de français, je voyais tout le petit groupe, particulièrement Lisa et Gabin me regarder avec insistance.

Dès que la sonnerie retentit, je vis les filles presque foncer sur moi avant d'être interceptées par Gabin. Pour ma part je filai dans le bâtiment opposé pour le prochain cours d'espagnol.

- Faudra qu'on parle après. D'accord ma Mélo' ?

C'était Lisa, elle était inquiète. Je hocha faiblement la tête en guise de réponse, et alla m'installer au fond de la salle.

Cette heure là fut encore pire que la précédente. Les quatre ne me quittaient plus des yeux.

***

- Gabin nous a expliqué, on est désolés Mélo', prononça Anaïs à la sortie du cours après m'avoir serrée dans ses bras.

- La prof de sport est absente ça te dit d'aller boire un chocolat en ville ? Je te le paye, proposa Lisa.

- Si tu insistes ! Jamais je ne refuserais un chocolat chaud.

- Perso' je suis pas fan de chocolat mais j'ai faim, par contre j'ai pas d'argent sur moi on peut peut-être trouver un arrangement Lisa non ? Demanda Adam un grain de malice dans sa voix.

- Gratteur va !

- Je prends ça pour un oui !

C'était léger comme ambiance. Ils essayaient de rigoler pour me faire changer les idées, et moi je rigolai à leur blagues pour les remercier de leur efforts et pour camoufler ma peine.

***

- Je me demandai tout à l'heure, commença Gabin. Tu ne connais absolument pas ton oncle mais tu l'as déjà vu c'est ça ? Désolé de parler de ce sujet là mais il faudra bien l'aborder un moment ou un autre.

- J'ai forcément dû le voir à un moment mais ma mère ne l'a jamais invité aux repas de famille, ou alors il n'est jamais venu.

- Tu m'as bien dit l'autre jour qu'il habitait encore dans le coin, non ? Intervint Lisa.

- Oui mais où, ça ne je ne sais pas.

- Alors il faut trouver.

- Tu as son prénom et son nom, c'est possible de le retrouver rapidement, ajouta Adam.

- Bravo Einstein, ironisa Gabin, tu as juste oublié le fait qu'il est adopté et que par conséquent il n'a pas le même nom de famille que le grand-père de Mélo'.

- Ah ouais, là c'est plus compliqué.

- Et je vous l'ai dit, j'ai fouillé l'autre jour dans ses albums photos. Rien du tout, aucune photo d'Alexandre, ni de mes grands-parents d'ailleurs...

- Peut-être qu'il n'y a rien chez toi, mais chez ton grand-père il doit sûrement avoir quelque chose, ajouta Anaïs.

- Et comment je fais pour rentrer sans clés ?

- Bah il suffit de les trouver. Ne me dis pas que tes grands-parents n'avaient pas de cachette pour doubles de clés à l'extérieur de la maison ? dit Adam comme si c'était évident.

- Si je m'en souviens il y en avait une sous un pot de fleurs, mais depuis le temps ils l'ont peut-être enlevée...

- Ça n'engage à rien d'essayer. Tu as quelque chose de prévu samedi Mélo' ?

Je secoua la tête.

- OK alors ça te dit on vient avec toi pour chercher des infos chez ton grand-père ? M'interrogea Anaïs.

Je hocha la tête résignée.

Je ne pense pas mériter ces amis fantastiques.

Le Silence de nos sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant