ʗɦɑǷІƮɌε 3

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Je paniquais.

Qu'est ce que j'étais censée faire ?

Puis il  se retourna brusquement.

Il m'aperçut et, prit de panique, essaya d'escalader la paroi du mur.

Prise d'une montée d'adrénaline, je m'élançai vers lui.

Malheureusement pour lui il glissa et je le rattrapai à temps.

Il avait le même regard qu'un enfant qu'on aurait surpris en train de manger trop de gâteaux au chocolat. Il n'avait aucun moyen de fuir, il était prit la main dans le sac.

J'avais beau être fière de l'avoir « attrapé », j'étais en réalité tétanisée.

Il garda sa bouche ouverte plusieurs instants et je vis que ses mains tremblaient.

S'en suivit un long silence ou personne n'osa parler.

Il rompit le silence en premier.

- J... je t'assure je n'ai rien touché, je..je regardait simplement, bégaya t-il

Le rouge lui montait aux joues et ces yeux criaient à l'aide, il semblait si mal à l'aise que je me surprise à éprouver de la compassion pour lui.

Je le détailla et mon regard s'arrêta sur ses chaussures.

- Tes lacets sont défaits, prononçai-je doucement

De toutes les phrases que j'aurai pu dire j'avais choisie celle ci ? Je me sentais ridicule mes joues s'empourpraient.

Il baissa son regard vers ces chaussures, me regarda d'un air étonné puis sourit timidement.

Je m'éloignai de lui lorsqu'il arrangea ses lacets pour mieux considérer la situation. Il n'avait pas l'air menaçant, il était même tout le contraire. Puis je ne pouvais pas le laisser partir sans avoir un minimum d'informations.

Mon regard se posa sur un carnet qu'il tenait fermement dans sa main ; il était élimé et sa couleur orange était terne.

Il se releva maladroitement et resta planté devant moi.

- Pourquoi tu es là ? Comment tu as trouvé ? Osais-je finalement lui demander.

Un léger silence s'installa avant qu'il me réponde.

- Je l'ai trouvé hier en me promenant dans la forêt hier et j...j'ai trouvé que c'était très beau donc me voilà, prononça t-il avec un peu plus d'assurance. C'est toi qui a peint tout ça ?

- Oui.. répondais-je gênée, personne ne vient jamais ici.

Il baissa le regard et resserra sa prise sur son carnet.

- Ce serait possible que je reste ? Demanda t-il timidement

Il a dû remarquer à mon regard que cette possibilité ne m'emballait pas. Il marcha en direction du mur.

-Attend, l'arrêtai-je, c'est bon tu peux rester c'est juste que je n'aime pas trop que les gens viennent ici.

Un sourire franc s'étira sur ses lèvres, il fit quelques pas en arrière et alla s'installer contre un arbre.

- Ça ne te gêne pas ?

- Eh bien, pour être franche maintenant que tu as repéré cet endroit c'est trop tard alors pourquoi je devrais t'interdire ? Je n'ai aucun pouvoir à avoir sur toi.

Il m'observa longtemps comme impressionné et murmura un timide merci.

Il s'installa sur une des branches basses, ouvrit son carnet et commença à crayonner dedans.

Quant à moi j'étais tendue, beaucoup plus que je n'en laissais paraître. C'était comme un défi contre ma timidité.

Je commençai alors à sortir tout mon nécessaire de peinture et suivit l'esquisse que j'avais réalisé en cours d'économie.

Inconsciemment j'employai la couleur bleue que j'associais habituellement à « l'inconnu ».

La seule chose qui me rassurait était que lorsque je jetais des regards à la dérobée vers lui, il ne m'observait pas et semblait plongé dans son carnet. De temps en temps il relevait la tête vers le mur. Aucun doute il reproduisait mes peintures au crayon.

Ma peinture avançait comme je le souhaitais, c'était une rosace complexe. J'étais immergée dedans, dans mon univers. Tellement que je sursauta lorsque j'entendis un bruit de branche écrasée.

Il s'était levé, et me regardait.

- Il commence à être tard je devrais rentrer avant que mes frères arrivent à la maison, déclara t-il

Je le regardai puis remarquai enfin que le soleil se couchait.

-Au fait, reprit-il, je m'appelle Adrien Thomas. Thomas est mon nom de famille, ajouta t-il, et toi ?

- Mélody Castel, avec un Y et t'inquiète j'avais compris pour ton nom de famille, lui répondis-je avec un sourire.

- Alors à plus tard Mélody avec un Y, répliqua t-il avec un sourire. T...tu m'autorises à revenir demain ? Ajouta t-il après un silence

J'hésitai quelques instants puis je finis par hocher la tête tout en lui souriant. Il ne dérangeait pas et qu'est ce qui l'empêcherai de revenir quand je ne serais pas là ? Rien.

Il escalada la paroi et lança un bref ''salut''. Il avait l'air d'être plus détendu qu'au début et moi aussi. Et cela me rendait fière de moi.

Tout comme Adrien je rangea mes affaires et me dirigea vers la maison.

Contrairement à hier, l'ambiance à la maison était plus joyeuse et le dîner fut parsemé de rires.

C'était si bon de voir sourire les deux personnes que j'aime le plus au monde.

Le Silence de nos sentimentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant