La nuit s'installe avec une douceur acerbe. Je suis en pièces. J'ai chaud.
Mes nerfs cognent contre mes tempes. Loin, derrière mon front.
La transition est longue, je bascule je le sais, un peu plus à chaque pas. Je n'ai pas peur, étrangement, je n'ai plus peur de moi. Ma salive est amère, et, plus je me rapproche de ma destination, plus près je suis de chavirer. Je veux chavirer. M'écraser.
Rester éveillé est plus facile, plus douloureux au fil des jours, mais plus facile. Je reviendrais vite.
Ce soir je suis vivant. Invincible. Délicieusement fantasque.
Les teintes changent. Le ciel est fumée, le parfum de nicotine, mêlé à d'autres délices, marque la décadence adolescente.
L'hôte est Astrid.
Cousine de Naos, apparente copine de Sirius, l'absent du soir. Elle m'accueille et je décide que je ne l'aime pas, c'est une Éleane, trop belle, trop fragile, trop forte.Une chevelure d'argent se profile et je glisse jusqu'au bar. Tequila, Vodka, compositions aléatoires.
Hélios me tend un verre, s'amusant avec un paquet d'allumettes traînait. Puis deux, puis trois et quatre. L'alcool brûle ma gorge, les vagues d'images défilent.
Il est là et bordel il est beau à en crever. Je rigole, absent, aux blagues d'une brune pas plus grande que moi, les yeux fixés sur l'interdit.
Je suis enfermé par ma nicotine, étranglé. Trop d'images. Incapable de sentir ma propre gravité. Je retiens ma respiration, longtemps, jusqu'à ce que mes poumons dégonflent.
La brune me parle. Je la coupe. Je n'ai pas écouté ce qu'elle disait. J'inspire enfin.
« Tu ne te manques jamais à toi même ?» Elle s'appelle Nysa. Elle me dévisage. « La personne que tu étais avant d'être envoyé en thérapie? Avant d'avoir le cœur brisé pour la première fois? Avant que l'on te trahisse? Avant que tu ne partes en couilles? »
« Tu as un réel problème, Orion. »
Je suis tenté de répondre, mais elle ne dit rien que je ne sais pas déjà.
Il est au bout de la pièce. Je bouscule Nysa. Elle me rattrape avant que je ne m'écrase au sol.
« Attends, je vais t'aider.. »
« Je dois parler à Antarès.» Expliquais-je. Je crois hurler, mais le son de ma voix n'est qu'un murmure.La musique éclate dans la nuit, le volume est monté si haut que j'en ai mal à la tête.
« Il a quelque chose, entre vous? »
Elle semble réunir les pièces d'une histoire. Je bégaie. « Je n'en sais rien. Peut-être. J'en ai besoin.» Je fonce me frayant difficilement un chemin entre les gens bourrés qui dansent et font de grands gestes absurdes. J'ai la tête qui tourne. Je ne suis que passager dans ce corps vide de raison.J'avais tout un monologue prêt dans ma tête pour quand je le reverrais. Mais je suis planté devant lui au milieu de la foule et rien ne sors. Il me regarde de haut, je titube.
J'entrouvre la bouche, «Je crois que je suis bourré.» Sont les mots qui en sortent. Je suis bourré et je le bouffe du regard. Il me donne vie. Et, demain matin, je serais sobre et il n'y auras aucune différence.« J'ai chaud, sortons. »
Je reste immobile quelques instants. L'information a du mal à faire sens à mes yeux. Quand je réalise enfin ce qu'il vient de dire, je tourne les talons et me faufile vers le jardin, bousculant au passage un énième couple s'embrassant dans l'encadrement de la porte.
Antarès inspire profondément. C'est une de ces soirées d'été où la chaleur vous enlace, vous étreint et vous étouffe à chaque instant, rendant chaque mouvement, chaque pas, un effort gargantuesque.
« On est chez qui? » Entame-t-il.
« La copine de Sirius, Astrid. Je ne sais pas si tu te souviens de lui. Tu sais, la thérapie à laquelle tu ne viens pas? » Contre mon gré, mon ton est empli de reproches. J'ai mal à la tête.
« Ce n'est pas parce-que tu ne m'y vois pas que je n'y suis pas. »
Je hausse les sourcils, vacillant légèrement. Un sourire fend mes lèvres, inconsciemment.
« Donc t'est devenu stalker? »
« Disons que j'aime observer sans être observé. » Il sourit à son tour, malicieux. C'est l'élément déclencheur.
J'inspire bruyamment, cherchant un échappatoire, loin de mon esprit, à travers la fenêtre de la maison. L'agitation ambiante me rassure étrangement. « J'avais un truc à te dire. Je vais sûrement raconter tout un tas de conneries, parce-qu'Hélios en a profiter pour me servir un tas de shot. »
« Je ne sais pas si j'ai envie de l'entendre. » Son sourire s'est évanouit, aussi vite qu'il n'était apparu.
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ORION
Teen FictionNOM : Erez Orion ÂGE : 17 SEXE : Masculin PATHOLOGIE : Trouble bipolaire, irritabilité notable. OBJECTIF DE LA THÉRAPIE : Faire retrouver pied à Orion et lui permettre d'enterrer son passé. ↑☾↓