« Papa? »La porte d'entrée claque, j'attends, jambe croisées sur le canapé du salon. Mon coeur bat la chamade. Papa, encore vêtu de sa blouse de médecin vient s'asseoir face à moi, bière à la main. Il à l'air épuisé, peut-être qu'il vaudrait mieux que j'attende. Le stress m'avale tout entier, mes poumons se compriment et le poids du doute m'écrase.
« Oui? »
Mon esprit fait de la voltige entre mes tempes.
« J'espère sincèrement que tu ne me détestera pas..» Entamais-je.
Il fronce les sourcils, le regard grave. « Continues. »
Mon souffle se coupe, une éternité m'étreint.
« Papa, je crois que j'aime un garçon. » Annonçais-je d'une traite. Je n'ose pas le regarder dans les yeux et je n'ose pas non plus défier ma propre réflexion dans le verre de la table basse. Je me contante de fixer mes pieds, attendant une quelconque réaction de sa part.
J'aurais aimé qu'Olympe soit présente. Elle aurait été la première personne au courant. Elle m'aurait donnée du courage.
Les minutes s'écoulent, un lourd silence s'installe.
Les mots du père d'Antarès apparaissent soudain dans mon esprit. Je n'avais jamais parler de religion avec mon père, pas plus que d'amour. Des différentes déclinaisons de l'amour.
La petite voix tapie dans un coin de mon esprit me souffle de me défiler tant qu'il en est encore temps, de courir hors de la maison avant que les mots ne m'atteignent. Je me redresse, prêt à déguerpir. Mes yeux tombent sur l'aiguille de la pendule qui ne cesse de courir. Je suis figé.« Je ne sais pas ce que tu t'attendais à ce que je te dise. » Commence-t-il, brisant finalement le silence.
« N'importe quoi. » Murmurais-je. «Dis moi quelque chose. N'importe quoi.»
« Je suis surpris. »
Sans prévenir, il s'assoit à coter de moi et me prends dans ses bras. Les gestes d'affection n'étaient pourtant pas son habitude.
« Mais la personne que tu côtoie m'importe peu.» Il marque une pause, «Tu es mon fils et je t'aime. Je t'aimerais quoi qu'il arrive. »
À ces mots, mon visage s'écrase lamentablement sur son épaule. Les larmes me viennent, incontrôlablement.+ + +
« Promet moi de me rester éternel. De ne jamais me laisser seul. Aime-moi. »
Il y a une vraie détresse dans son regard, une détresse à m'en faire sauter le coeur. J'ai mal, mais je reste planté là pendant un moment, incapable d'évaluer la gravité de ces mots.
« Je ne peux pas te promettre ça Antarès. » Soufflais-je. Mes jambes reculent d'un pas sans que je ne leur en donne l'ordre. « Je peux t'aimer. » Je t'aime. « Je peux te promettre de t'aimer. Mais je ne peux pas te promettre de vivre. »
L'ange déchu s'agace et je sens le tempo de notre danse malsaine s'accélérer. Tout va trop vite, à moi de dévoiler mes démons. À moi de devenir fou. J'ai mal à la tête.
« Alors tu vas partir, toi aussi? » S'exclame-t-il. « Tu vas rejoindre les dieux dans leur grande fête mortuaire où tout le monde est invité, sauf moi? Tu vas me laisser sur cette terre? » J'aurais dû renommer Antarès, Lucifer lui conviendrait mieux.
« Si je meurs, ce n'est certainement pas dieu qui me trouveras. »
« Qui d'autre que lui? » Crache-t-il, exaspéré.
« Personne. »Je ne crois en rien, je crois. Je crois que s'il y a un quelconque dieu, ils nous as abandonné depuis longtemps. Qu'il ne fais pas son boulot et qu'il ne sauve pas les innocents. Je crois qu'il a tué Olympe, lui aussi. Je crois qu'il n'y a que mes démons sur qui je puisse compter. Mes démons et Antarès.
Peut-être que c'est lui, ma douce punition.
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ORION
Teen FictionNOM : Erez Orion ÂGE : 17 SEXE : Masculin PATHOLOGIE : Trouble bipolaire, irritabilité notable. OBJECTIF DE LA THÉRAPIE : Faire retrouver pied à Orion et lui permettre d'enterrer son passé. ↑☾↓