Chapitre 3, Miguel Corella

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Je sortis de la foule massée devant la porte avec agacement, j'avais renoncé. Depuis avant-hier, une effervescence avait saisi les journalistes people. À l'occasion d'un bal, l'actrice mondialement connue Jessica Corella, d'origine latino-américaine, avait dévoilé au monde entier qu'elle avait un fils (ou plutôt c'était son fils qui s'était dévoilé) du même âge que moi. Mes parents (enfin surtout mon père), étaient présents ce soir là. L'affaire était énorme, puisque l'actrice avait menti sur son âge, affirmant qu'elle avait 25 ans, alors qu'elle en avait 32. Les paparazzis travaillant sur ce sujet avait découvert que ledit fils n'était inscrit dans aucune école et était allé le crier sur tous les toits. Ainsi, Jessica Corella avait été obligé d'annoncer publiquement qu'elle enverrai son enfant à l'école le lendemain. Et devinez dans quelle école ce fameux Miguel Corella avait choisi.

Si, si, la mienne.

Au départ je pensais qu'il avait 10 ou 12 ans, mais s'il allait dans un lycée, c'était qu'il devait être plus vieux (ou qu'il mentait). Évidemment, en apprenant ça mon père m'avait sauté dessus et m'a fait jurer de prendre des photos de lui et de l'interroger. Génial. Bien sûr, tous mes camarades, professeurs, etc.. avaient eu la même intention que moi (sinon ce serait pas drôle). Du coup je m'étais fait harponner dans un foule en délire et écrasé par des lycéen fous furieux. J'avais décidé que la photo pourrait attendre. J'étais au casier en train de ranger un cahier quand soudain je vis un inconnu débouler dans le couloir, essoufflé (j'ai fait des rimes, ah, ah).

Miguel Corella.

MIGUEL CORELLA.

À cet instant nos regards se croisèrent. J'eus la nette impression de recevoir une décharge électrice tandis que, autour de moi, tout devenait rose et que des feus d'artifices en forme de coeur explosaient dans mon esprit. Ses yeux bleus avec des nuances de doré emplissaient ma vision et un éclair crépitait entre nous.

 Imaginez ma tête, vous allez rire.

Au même moment, il tomba. Si, je vous jure, il tomba et se mangea magistralement le visage sur le carrelage (encore des rimes, j'ajouterai aussi une allitération en "g" et une assonance en "a"). Par réflexe, je me précipitai pour l'aider à se relever, et cria quand je vis ma main ensanglantée.

 -Mon Dieu tu es blessé !

Mais en réalité c'était son nez qui vomissait un flot de sang écarlate. Sur le coup j'avoue que j'ai un peu paniqué, il perdait vraiment, vraiment beaucoup de sang. Et puis il s'était évanoui.

 Mon T-shirt était foutu.

J'eus un instant l'idée de le prendre en photo dans cet état mais je décidai que ce n'était pas correcte (argument que mon père aurait rejeté).

 Je le portai jusqu'à l'infirmerie. Heureusement qu'il était plutôt gringalet. L'infirmière (une vieille, pas une jolie jeune fille) eut l'air assez surprise en le voyant.

 Tu m'étonnes.

 Elle lui mit des cotons pour arrêter le saignement et prit sa tension.

 -Je ne comprend pas qu'il se soit évanoui, il est en bonne santé.

 Je jetai un coup d'oeil sur feu-mon adorable t-shirt et pensa : "Ça c'est sûr, en très bonne santé". Alors seulement la vieille remarqua l'état de mon vêtement.

 -Tu veux un t-shirt de rechange ?

 Non, une bicyclette.

 -Oui s'il vous plaît.

 Je jetai un regard au garçon endormi et me déshabilla.

-Attends, je dois en avoir un dans le placard...

 Mais elle n'en trouva pas.

 -Bon je vais aller en chercher au club couture, je suis certaine qu'ils en ont. En attendant met-ça.

 Elle me lança sa blouse et sortit. Je l'enfilai et trouvai que le tissu blanc était bien trop transparent.

C'est alors que Miguel se réveilla.



Cupidon est chiant quand il est amoureux...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant