Chapitre 6, Cupidon contre les fangirls

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Cupidon jeta un oeil prudent dans le couloir. Personne. Ouf. Il ne voulait pas que les filles le retrouvent. Elles s'était ruées à l'infirmerie peu après le départ de Sally. Heureusement, l'infirmière leur avait barrée la route, et n'avait pas cédé à leur supplications. Finalement des demoiselles avaient dû aller en cours, au grand soulagement du dieu. Mais qu'est-ce qu'il leur prenait ? Il n'avait pourtant pas mis de parfum concocté par sa mère, ni de philtre d'amour. Le comportement de ces jeunes femmes lui avait fait penser à celui de mouettes à qui on jette un morceau de nourriture. Terrifiant. Il avait déjà assister à ce genre de folie depuis l'Olympe, grâce à son Miroir d'Observation. Mais cela ne faisait pas le même effet que d'être réellement la proie de cette chasse impitoyable. Bref, l'infirmière l'avait gardé deux heures, pour voir si sa santé s'améliorait. Et effectivement, il se sentait désormais presque normal. Presque, parce qu'il était sans arrêt obsédé par la jeune fille rousse, Sally. Son visage flottait dans sa tête, il sentait l'odeur de sa peau (il avait un très bon odorat) il ressentait les plis de son âme, écoutait sa voix chanter à son oreille. S'il avait eu un mot à dire à ce moment là, ça aurait été : POURQUOI ? Le pauvre, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il se glissa dans un couloir cerné de casiers, pour l'instant, personne en vue. Quand l'infirmière avait constaté qu'il était en pleine forme, elle avait décidé qu'il pouvait retourner en cours. Donc traverser le lycée. Donc courir le risque de voir les fangirls se précipiter sur lui. C'est pour ça qu'il était aussi attentif et discret. Soudain, il entendit un bruit derrière lui et accéléra le pas. Malheureusement, il aperçut une jeune fille du groupe des folles furieuses en train de se remaquiller. Priant pour qu'elle ne le voit pas, il passa derrière elle, le plus silencieusement possible.

 Mais elle se retourna. Il y eut un instant de flottement avant qu'elle ne crie :

-Miguel Corellaaaaaaa ! MIGUEL EST LÀ !

En entendant un grand brouhaha dans le couloir, il se tourna vers le bruit et vit une horde de fangirls arriver. Sans réfléchir, il s'enfuit à toutes jambes. Cette course poursuite était absurde, mais il avait trop peur de se faire rattraper par le groupe des folles furieuses.

Elles se rapprochaient de plus en plus, il força l'allure, à bout de souffle. Il aperçut soudain devant lui un jeune homme aux cheveux teints en rose qui pianotait d'un air distrait sur son portable.

-Attention ! lui cria-t-il.

Le lycéen releva la tête et écarquilla les yeux à la vision de la horde qui fonçait sur lui. Sans attendre, il attrapa Cupidon par le bras et l'entraîna dans un placard à balais qu'il ferma à clefs. Les filles tambourinèrent à la portes, lui hurlant d'ouvrir, mais il les ignora.

-Merci, bégaya le blondinet.

-De rien. Qu'est-ce que tu leur à fait pour qu'elles te poursuivent ainsi ?

-Je ne sais pas.....depuis que je suis arrivé ce matin, je suis sans cesse poursuivis par des fans.

-Ah ! Alors c'est toi Miguel Corella ! Écoute-moi bien....

Il planta ses yeux dans ceux du dieu.

-Normalement, c'est moi qui ai toutes les filles. Je suis le mec le plus populaire de l'école : les filles m'appellent même Apollon.

Cupidon ne fit aucun commentaires, mais l'image de son père lui apparut un instant. Non. Il ne ressemblait pas à Apollon.

-Tu comprends, les meufs, elles sont toutes pour moi. Alors t'y touches pas.

-Pas de problème. Je n'en avait pas l'intention de toute façon.
« Apollon » lui administra une tape amicale.

-Cool vieux ! Sinon je m'appelle Jason. T'as causé un sacré bazar ce matin, pourquoi t'étais à l'infirmerie ?

Le blondinet fixa un instant le jeune homme, déconcerté par ce brusque changement.

-Alors, il s'est passé quoi pour que t'atterrisse directe à l'infirmerie ?

-Oh.....et bien j'étais en train de marcher, j'ai vu cette fille rousse puis, d'un coup, je me suis évanoui.

-Comment ça ?

-Bah, j'ai sentis comme une décharge électrique, puis un flash avec plein de coeurs roses partout. J'avais les jambes en coton et la tête qui tournait.

-D'un coup ? Mais qu'est-ce qui a pu provoquer ça ?

-Je n'en sais rien, j'ai vu la fille, puis tout s'est déclenché

-Attends, quelle fille ?

-La rousse....heu...Sally je crois.

-Sally ?!

-Bah oui, tu la connais ?

-Elle est dans ma classe. Hé hé, je crois savoir ce qui t'arrive.

-Quoi ? fit Cupidon, plein d'espoir.

-T'es amoureux mon gars, je vois que ça. Enfin pour que tu t'évanouisses, faut que ce soit au minimum le coup de foudre !

À ce moment, la sonnerie se fit entendre, les fangirls partirent.

-Bon, j'te laisses, vieux, j'dois aller en cours. T'inquiète, je garde ton secret.

Sur ce, il sortit. Cupidon demeura un instant songeur. L'infirmière lui avait aussi dit ça. Est-ce que ça pouvait être ça ? Est-ce qu'il était vraiment amoureux, lui ? Cela paraissait incroyable après tant d'années. Pourtant l'idée se fit lentement un chemin dans son esprit. Lui, Cupidon, le dieu de l'amour, était tombé amoureux.

De moi.

Cupidon est chiant quand il est amoureux...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant