7 : La cohabitation

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Cette nuit-là de fin juin était chaude, et pénible mais le temps ne paraissait pas plus long pour autant.

Stan dormait paisiblement dans son lit. Un léger ronflement se laissait entendre et mettait toute la pièce dans une atmosphère rassurante.

Karl avait demandé la permission à son ami pour rester dormir chez lui, n'ayant aucune envie de retourner encore à l'hôpital ou même de rester seul chez lui. Il ne supportait plus l'odeur et l'atmosphère déprimante de la maison des malades et chez lui, il se sentait un peu trop seul, comme abandonné.
Évidemment, son meilleur ami n'a pas hésité longtemps avant de gonfler un petit matelas.

Stan est un très bon ami et était si heureux de revoir le jeune garçon, qu'il lui a gentiment proposé de dormir dans son lit. Karl avait eu du mal à accepter mais il a fini par le faire, peut-être pour ne pas frustrer son meilleur ami.

Vers deux heures du matin, ils étaient tous les deux endormis et à part le doux ronflement de Stan, aucun son ne quittait cette chambre.
Puis, alors que tout semblait emballé par le sommeil, Karl s'est levé et a enjambé le matelas minuscule afin de quitter la chambre. Stan ne s'est pas réveillé, il a uniquement émis un petit soupir venant de son inconscient et s'est retourné.

Une petite heure plus tard, la porte de la chambre de Stan s'est à nouveau ouverte mais d'une telle violence, qu'elle a claqué contre le petit lit sur lequel il dormait et que ça l'a réveillé. Il a pensé, alors qu'il ouvrait difficilement les yeux, qu'il allait tuer l'auteur de cette brusquerie inattendue, sauf bien sûr si ça venait de Karl.

En levant la tête, il a remarqué que c'était Mieke, sa petite soeur, qui se tenait devant son lit. Elle n'était habillée que d'un large tee-shirt et d'une petite culotte mais ça ne semblait pas la déranger.
Alors que Stan tentait tant bien que mal de se rendormir sans faire attention à la présence de la jeune fille, cette dernière s'est approchée du lit à toute vitesse et s'est mise à secouer son frère.

   -Stan! Stan!, s'est-elle écriée, Karl est dans la salle de bain.

   -Je sais, il vient d'y aller, a-t-il soupiré, ayant perdu toute la valeur du temps et ne souhaitant que retourner dormir.

   -Non, Stan, il s'est enfermé dans la salle de bain et ne veut plus ouvrir, a-t-elle réexpliqué à son frère avec affolement.

Cette fois, le garçon a deviné que ce n'était pas quelque chose de drôle et a quitté le petit lit très rapidement. Il s'est empressé d'enfiler un tee-shirt qui traînait à terre et s'est ensuite dirigé vers la porte de la salle de bain.

   -Karl?, a-t-il doucement demandé. Je sais que tu es là alors ouvre-moi, s'il te plaît.

   -Pars, Stan, a-t-il lancé de l'autre côté de la porte.

Mieke, qui était postée à côté de son frère depuis le début, a compris que ça risquait d'être très long et a donc décidé d'aller vider sa vessie dans un seau.
Stan, lui, mourait d'inquiétude, de peur que son meilleur ami ait fait une connerie.

   -Karl, ouvre-moi, je suis tout seul, a-t-il retenté sa chance.

De là où il était, le blond parvenait à entendre la respiration saccadée du grand dépressif et priait pour que ce dernier tourne la clé dans la serrure.

   -Si je t'ouvre, tu promets de ne pas t'énerver ou de m'obliger à retourner dormir?, a doucement questionné Karl, le regard embué par les larmes.

Ces quelques mots ont davantage angoissé le fêtard, qui a alors eu une image de son ami baigné dans son propre sang.

La poignée de la porte a tourné après que Stan ait promis à son ami qu'il ne ferait rien de ce que ce dernier avait cité.

L'hôte de la maison s'est empressé d'ouvrir la porte et a accouru vers Karl, lorsqu'il l'a vu allongé sur le sol.

   -Ferme la porte, a ordonné Karl, alors qu'il se trouvait à torse nu, sur le carrelage froid.

Le premier a obéi avant de s'approcher à nouveau de son ami, qui semblait prendre énormément de place avec son mètre quatre-vingt huit.
Stan s'est installé à terre à son tour et a longuement regardé son meilleur ami. Celui-là semblait mort de fatigue et vraiment perdu.

   -Pourquoi tu ne dors pas?, a-t-il fini par demander.

   -Je n'y arrive pas.

Le plus âgé des deux s'est un peu inquiété, vu qu'il savait très bien que Karl était crevé; il fallait qu'il sache ce qui le tracassait.

   -Tu penses à ta Maman?, a-t-il gentiment demandé.

Le concerné n'a pas répondu mais ses yeux se sont plissés tout aussi vite. Il retenait des larmes qui risquaient de débarquer sans qu'il ne puisse le contrôler, ils le savaient tous les deux.
Stan n'a pas posé davantage de questions, de peur que ça le fasse vraiment pleurer mais a délicatement posé sa main sur le torse du garçon aux longs cheveux.

   -Ma mère me manque, et tu m'as manqué, a-t-il dit de but en blanc. Mais il n'y a pas que ça...

   -Si tu veux en parler, je suis là.

Karl s'est crispé suite aux paroles de Stan, qui, pourtant, se voulaient gentilles.

   -Jure-moi que tu ne te moqueras pas, a fait promettre le plus jeune à son aîné.

Ce dernier a levé la main droite, en signe de promesse et a entouré ensuite l'auriculaire de son ami du sien pour que ça fasse doublement sérieux.

   -Je suis allé chez Tim avant de venir ici et il était avec une fille, a-t-il expliqué avec beaucoup de peine. Il est venu m'ouvrir en peignoir et m'a directement demandé de partir parce qu'il était "occupé".

Stan trouvait cette histoire étrange et elle la mettait même mal à l'aise mais il était capable de ressentir la sincérité et le mal-être de son meilleur ami lorsqu'il la racontait donc il s'est retenu de faire tout commentaire.
Il a plutôt laisser Karl continuer son explication, avant de ne dire quoi que ce soit.

   -Je me suis senti sale et trahi, a-t-il continué. Je savais qu'il n'allait pas m'accueillir les bras ouverts vu qu'il n'assumera jamais notre relation mais j'ai quand même cru deux minutes que ça serait moins froid.

   -C'est quoi le problème avec Timothy, Karl?, a demandé Stan, sans prévenir.

   -Je crois que je n'aime pas que son corps.

Et à la fin de sa phrase, il s'est mis à chialer comme un gamin de cinq ans. Son corps entier tremblait et ses joues sont redevenues aussi humides que quelques heures plus tôt.

Stan n'a jamais pris personne dans ses bras avec joie mais cette fois, son ami lui faisait trop mal au coeur et peut-être qu'il avait besoin de le sentir contre lui, pour s'assurer qu'il était bien revenu. Il l'a donc soulevé du sol et l'a serré contre son torse.
Ils sont restés dans cette position jusqu'à ce que les sanglots du pauvre Karl se soient calmés.

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Vous préférez Karl ou Stan?
J'espère que ça vous plaît!

Et on souriaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant