Cette folie qui m'habite

Chapitre 14

Je suis effondrée, terrifiée. Et j'ignore comment, mais j'arrive à me lever et à sortir de la pièce. Je dois m'assurer qu'il va bien.

<<Il te tuera. Et si ce n'est pas toi, se sera Thomas. Mais dépêche toi car il ne t'attendra pas.>>

****

Je cherche mon chemin vers la grande salle, un peu perdue. Je ne me rappelle plus du chemin à suivre. J'ai certes retrouvé des souvenirs mais il reste tout de même des zones blanches dans ma tête.

J'entends un grincement derrière moi et je me retourne, paniquée puis je m'approche lentement. Peut-être que cette porte mène à Thomas. J'aperçois l'ouverture. Je l'ouvre dans un grincement qui me fait frissonner.

La pièce est sombre; je cherche à tâtons un interrupteur et enfin je trouve. J'appuie doucement et je découvre enfin l'espace. C'est vide. La pièce est vide. Mais sur le mur est écrit une phrase à glacer le sang.

<<Il n'est pas ici. Mais peut-être ne pourra-t-il plus jamais y revenir.>>

Je m'approche et touche la phrase du bout des doigts. Et alors, en regardant ma main, je réalise que les mots sont écrits avec du sang. Et je pense savoir à qui il appartient.

J'essuie le sang sur ma blouse blanche, les larmes aux yeux et apeurée. Je sors de la pièce en courant, sans regarder derrière moi. J'aperçois des traces de mains sur les mains blancs, des traces de sang. Encore.

Je suis paniquée, en stresse. Pitié, faites qu'il n'ait rien. Je ne veux pas perdre encore quelqu'un. Les traces semblent apparaître au fur et à mesure que j'avance dans les couloirs. Et lorsque j'arrive devant une grande porte familière, à bout de souffle, les larmes coulent sur mes joues.

Il est là, accroché à la porte, dans la même position que le Christ sur sa croix. Il a les yeux grands ouverts et il semble regarder dans le vide. Ses cheveux blonds tombent sur son front. Ils dégoulinent de sang, tout comme sa blouse blanche.

Partout autour de lui se trouvent des traces de mains et des mots. Tous fais avec son sang. Mais ceux qui m'attirent le plus sont ceux au-dessus de lui.

<<Trop tard... >>

Je m'écroule au sol en hurlant. En hurlant ma douleur, ma tristesse, mon désespoir.

-Pourquoi... dis-je d'une voix faible, pourquoi faites-vous ça ? Qu'ai-je fais ? Qu'ai-je fais pour mériter vos atrocités ? Je ne voulais rien de tout ça, je voulais simplement partir d'ici... dis-je en boule sur le sol, les yeux et les joues trempés.

Je reste ainsi, sans bouger, pendant des minutes, des heures peut-être. Je n'ose plus bouger. Si je me lève, je le verrai. Et je ne veux pas le voir. Je ne peux pas. Je ne pourrai tout simplement pas le supporter.

Seulement je ne peux pas rester ici. Si jamais Jeremy revient, il me tuera. Mais alors je serai avec Thomas. Tout se bouscule dans ma tête, je ne sais pas quoi faire.

Thomas voudrait que je vive, que je fasse tout pour sortir d'ici. Alors je dois partir. Les larmes inondent mes joues à nouveau et je me lève en fermant les yeux pour ne pas voir la porte.

J'avance lentement dans la direction opposée. Je ne peux pas. Je ne peux pas le laisser ici. Je veux voir son visage une dernière fois. Une toute dernière fois. Alors je me retourne, la respiration saccadée.