Le mauvais théorème de Thalès

LE prologue foireux

        

« Le lycée organise un concours d'écriture ! Racontez le passage qui a changé la donne de votre vie ! En récompense, des bons cadeaux sur Amazon ! À ne pas rater ! » Chez Barnabé, le passage captivant manque. Alors à la place de s'inventer une vie, il croise les doigts pour que le destin lui en offre un tout gratuit.

Néanmoins, tous les coups de pouce sont permis.

Barnabé a un prénom de merde. Mais ça ne suffit pas, alors il se prénomme lui-même Thalès. Le personnage de son bouquin qu'il n'écrira jamais – qui n'est autre que lui – a besoin d'un prénom atypique, un prénom qui fait « héros de série », tellement douteux qu'on est obligé de l'identifier comme le personnage principal d'un roman pourri.

Prochaine étape du tutoriel « comment réussir un roman d'ado à succès » : mettre en place la situation improbable de la rencontre. Barnabé fait toujours tapisserie debout contre les murs durant les soirées. C'est plus fort que lui, il croit posséder ce talent inné de passer inaperçu. Le problème, c'est qu'il fait tout ça dans l'attente de LA rencontre des bouquins. Celle qui ouvre les yeux des gars les plus bridés, celle qui pousse à prendre des risques pour finir avec des persos en PLS au bord de la route. Mais ce n'est pas gagné sur le coup, loin de là.

Pourtant il est dans LA meilleure situation des rencontres de ces romans louches. Barn' croit bien faire, adossé contre le mur, le verre de soda tiède dégueu dans les mains. Il attend SA rencontre à lui. Peut-être un Georges qui tape contre le carreau de la fenêtre, une nana qui s'incruste dans un carrosse sans soucis.

Pas de pot, il n'a pas vu le coup foireux venir !

Ça craint pour le Faux-Thalès, lui, le plus pas-malin des pas-malins à devenir subitement lors de cette soirée, LA rencontre de quelqu'un.