12. Une rencontre, et une "erreur"

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GUSTAVE – CHAPITRE DOUZE

Mon frère est allé à un bar ce soir. J'ai dû lui demander où il se trouvait pour peut-être trouver l'autre bouffon. Il a rompu en message. Il a envoyé un 'On rompt' en texto. Même pour une rupture, il n'arrive pas à assumer un « je ». Il a mis un « on ». Ce qui est con parce que je n'ai jamais décidé de rompre.

J'ai mis mon manteau et ai quitté l'immeuble après avoir fait la bise à Violaine qui m'a reboosté à travailler pour ces oraux à la con. C'est facile de rompre avec moi, mais ça sera beaucoup moins facile de m'expliquer pourquoi en face. C'est sympa la rupture par message, on a une excuse pour défoncer la personne en chair et en os la minute qui suit après avoir digéré l'annonce.

Je suis entré dans le bar vers minuit alors que certains jeunes partaient pour aller squatter une bonne soirée. J'ai cherché à l'intérieur sans croiser son visage. Mon regard a même croisé celui de mon frère, assis dans un coin avec une fille. Qu'est-ce qu'il fait encore là, normalement, il l'aurait déjà pécho.

Je suis ressorti du bar très énervé étant donné que je venais de faire l'allée pour rien et que j'allais faire le retour avec une envie de fracasser le monde entier. C'est terrible de rompre comme ça. Je suis un moins que rien mais est-ce que je mérite sincèrement une rupture du genre ? « On rompt. » Mais oui, mon cul, on rompt.

- Vous cherchez quelqu'un ? Demande une femme avec une clope à la bouche devant le bar.

Son piercing grotesque brille dans la nuit. Son teint est pas terrible, on ne sait pas si c'est la cigarette ou les séances UV trop intensives qui donnent cette peau affreuse.

- Ouais un gars grand comme ça, habillé d'un ciré jaune, qui se croit être le plus malin de la Terre à rompre avec moi. Dis-je sous l'impulsivité.

Super, et maintenant je raconte ma vie comme tous ces personnages de roman que tout le monde adore aimer. Bravo Gustave, tu deviens de moins en moins banal pour devenir de plus en plus cliché. Qu'est-ce que c'est fantastique de vivre dans cette société !

La femme qui n'a pas les moyens de bronzer à Ibiza cligne plusieurs fois des yeux.

- Ah lui, il vient de me poser un lapin. Il est parti en taxi je ne sais où il y a une dizaine de minutes.

J'ai pris mon vélo, décidé à partir. Entre-temps, j'ai haussé un sourcil en repassant en boucle ce que la vieille harpie vient de raconter. Alors comme ça il pose des « lapins ». Formidable, je n'étais pas au courant qu'il sortait avec des nanas en dehors de cette relation de pacotilles. Ah oui, c'est tellement étonnant de la part d'un vieux fuckboy de Brest qui se croît aussi perché que sa sœur.

J'ai sonné chez lui une demi-heure plus tard, les mains moins rouges que d'habitude vu les températures convenables d'avril. Delphine m'a ouvert, étonnée de me voir à cette heure.

- Si tu cherches Barnabé, il m'a dit de te faire passer le message suivant : il n'a pas envie de te voir.

Je déglutis puis éclate d'un rire bien trop nerveux. S'en est flippant.

- Je me contrefiche de son avis. Il a cru qu'on était au téléphone arabe à jouer à se passer des messages. Qu'il porte ses couilles et qu'il descende me voir. J'ai pas de temps à perdre avec un crétin. Sinon c'est moi qui monte.

Delphine m'a demandé de baisser le ton.

- Mes parents dorment, je vais aller le chercher. Mais ne les réveille pas avec un cri de désespoir je t'en prie.

Le mauvais théorème de ThalèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant