19. LA rencontre, lors d'un "choix de nom"

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BARNABÉ – CHAPITRE DIX-NEUF

La semaine de camping sauvage en Vendée s'est bien passée. Il y a eu des hauts et des bas, des problèmes avec l'eau à disposition et l'assemblage de la tente. Une fois, on s'est même dit qu'on allait tenter la nuit à la belle étoile, les mains derrière la tête, les corps dans les sacs de couchage – j'ai tenté de rentrer dans son sac avec lui mais ça a été un flop magistral – à regarder les étoiles sans savoir s'il y avait réellement des constellations à repérer. C'était pas trop mal. Gustave lui, a été piqué par quelques moustiques et n'a pas apprécié du tout ce retour à l'état « sauvage ».

Je lui confisque depuis quelques semaines ses clopes. Une clope par jour, max. Réduire sa dépendance au tabac est devenue une de mes priorités. Après tout, j'ai réussi à arrêter (sauf pour quelques rares taffes en soirées). Il peut le faire aussi. Hors de question qu'il privilégie ses clopes à Paris à la place de ses kilos de pâtes.

De retour à Brest, j'ai été heureux de lire le message de confirmation de Delphine. Mon plan est prêt. Gustave ne va pas en croire ses yeux.

Je l'attends en ce moment-même devant son immeuble avec le box de transport dans les mains. Avant de passer quelques jours en Vendée, je suis passé au refuge pour trouver la bête qu'il nous fallait. Il n'en sait rien. C'est tout con mais avant qu'il ne parte vivre à Paris, je veux réellement qu'on franchisse une nouvelle étape toute bête mais mémorable.

- Qu'est-ce que tu fiches avec un animal ? Demande-t-il en s'arrêtant devant moi.

Gustave est en chemise et ses manches retroussées me rappellent que je suis torse nu sous mon ciré. OK, il fait chaud mais c'est pas une raison pour enlever mon incontournable ciré jaune.

- Notre chaton. Rectifié-je en lui passant le box de voyage.

Les yeux de mon copain s'écarquillent. Il en éteint même sa clope roulée pour admirer la petite bête.

- Tu te fous de moi ? Renchérit-il le visage impassible.

Je lui souris malicieusement.

- Il est vacciné, tout propre et n'attend que ses parents adoptifs : toi et moi. On adopte un chat !

Je ne doute absolument pas sur la sincérité de sa joie. Gustave adore les animaux, c'est la seule chose qu'il aime sur Terre. Il adorait son chien et je ne vois pas pourquoi il n'adorerait pas ce chaton. J'en ai pris un en noir pour qu'il lui porte la poisse si un jour il merde notre relation.

- Comment est-ce que tu veux qu'on prenne soin de lui ?

Sa question résonne dans mes oreilles. C'est pas compliqué en soi, donner de l'amour à un chat, le filmer pour qu'il perce sur internet, lui donner à boire et à manger et lui apprendre à faire pipi et popo là où il faut.

- On alterne après chaque vacance. Début septembre, tu commences, je le récupère après Toussaint, puis toi à Noël et ainsi de suite. Expliqué-je en le voyant jouer avec le chaton.

Après une moue confuse et un froncement de sourcils à la Gustave Allain, il s'est enfin autorisé à sourire comme un petit con. On est monté dans sa chambre où il a ouvert le box. Le petit chaton au pelage noir et aux poils trop doux nous a griffés à tour de rôle et Pythagore l'a trouvé tout de suite génial. Je cite : « il a du caractère ». 

- Et c'est quoi son petit nom ? Demande-t-il en le caressant.

Après quelques instants passés dans la chambre de Gustave, le chaton a tout de suite marqué son territoire en se posant sur ses genoux à la place des miens. Il s'est mis à ronronner sous les caresses douces de son nouveau « papa » et un pique de mini-jalousie est monté en moi. Les deux sont en symbiose dans leur petite bulle. Finalement, je ne sais pas si c'est vraiment nous qui l'avons adopté ou plutôt lui qui a adopté mon copain.

Le mauvais théorème de ThalèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant