Chapitre 2

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Le premier message de son "coach", comme s'auto-designait Mathys, arriva le soir même. Nicolas le lut avec amertume :
*Heyy ! C'est ton coach préferé ! Alors premierement, on va refaire ton look, demain apres midi tu viens avec moi faire du shopping owi*
Nicolas ricana. Du shopping, c'était bien un truc de fille, ça. Mais bon, Mathys avait l'air de s'y connaitre et il devait réussir son gage. Il ne savait pas ce qui arriverait si il ne faisait pas son gage correctement. Sûrement quelque chose. Nicolas se coucha sur le dos. Le matelas était mou, c'était apaisant. Mais même ça n'arrivait pas à le détendre completement. Demain, le Nicolas qu'il connaissait ne serait plus là. Demain, minute... Demain, on serait mardi ! Le jeune boutonneux se jeta sur son telephone, affolé.
* Et les cours ?* demanda t'il.
* Boaf * répondit aussitôt Mathys * Tu peux bien louper une petite fois non ?*
Nicolas avala sa salive. Il s'apprêtait à répondre quand...
- Nico ! A taaaable !
- Deux minutes, j'arriiiive !
Il entendit le parquet grincer sous le poids de sa soeur ainée, Rose, qui marchait avec autant de grace qu'un élephant, comme à son habitude. La boule au ventre, il tapa rapidement :
* Euh... T'es sur qu'on peut pas faire ça mercredi aprem ?*
Il éteignit son télephone et descendit manger.

Devant son assiette de macaronis, Nicolas ne mangeait pas. Il avait peur de ce qu'il allait devenir. Quand même, songea t'il, tout ça pour une fille qui me deteste et moi aussi.
- Mange s'il te plait, ordonna la mère.
- Pas faim, grommella son fils.
- Mange quand même.
Nicolas grogna en enfournant une fourchettée de pates dans sa bouche. Sa soeur l'observait avec curiosité. Il faut dire que d'habitude, le jeune homme était une de ces personnes ayant toujours faim.
- Qu'est-ce qu'il y a, petit frere ? questionna t'elle, profitant que leur mère soit partie chercher une veste.
Nicolas soupira. Il disait tout à sa soeur, normalement. De toute façon, rien n'était plus normal depuis le jeu de tout à l'heure. Il ouvrit la bouche quand sa mère revint dans la cuisine. Il prefera alors la remplir de pâtes et de se taire. Les explications, ce sera pour plus tard.
- Vous voulez quoi comme dessert ? demanda la mère.
- Rien, merci, refusa Nicolas. Je peux sortir de table, s'il te plait ?
- Pareil pour moi !
- Allez, je vais ranger, lacha la mère avec un soupir.
- Merci mamaaan ! dirent ils en choeur.
Assise sur sa chaise au pied cassée, Christine regarda ses deux enfants quitter la cuisine. Comme ils avaient grandi depuis que... Une larme coula sur sa joue. Son mari lui manquait, et ce chaque jour un peu plus. Néanmoins, elle était fiere que ses enfants aient pu continuer à vivre normalement. Ils avaient développé une confiance entre eux hors du commun, et elle s'en félicitait. Elle savait qu'ils ne lui disaient pas tout. Mais ça lui suffisait. Christine se leva difficilement et marcha jusqu'à la porte de la chambre de son fils, à l'autre bout de la maison. Elle colla son oreille dessus. Les petits chuchottis qu'elle entendit la firent sourire. Elle fit demi tour et alla jusqu'au salon. Là, elle prit un album photo et s'assit sur l'unique fauteuil de la piece. Elle tourna rapidement les pages jusqu'à trouver la page qui l'interessait : une photo de famille, avec elle, Nicolas, Rose et son mari. Elle caressa le visage de celui qu'elle aimait et murmura :
- Reviens, Pascal... (NDA : tmtcc jpp) Tu nous manques tellement...

Non loin de là, Mathys renvoyait un message à Nicolas.
* Rho, dis moi pas que t'as peur ?! *
Il devait convaincre son padawan, comme il l'appellait, le plus vite possible. Le télephone vibra. Mathys regarda l'écran.
* Ecoute moi bien, gamin. Je suis la soeur de Nicolas. Il t'as dit mercredi aprem, DONC ce sera mercredi aprem. Mon frere va pas manquer les cours pour tes c*nneries *
Un autre arriva tout de suite après :
* Et t'avises pas de contester ceci. J'ai mon bac et des amis plutôt musclés si tu vois ce que je veux dire *
Malgré lui, un sourire se dessina sur le visage de Mathys. Le boutonneux avait tout raconté à sa soeur. Mignon. Il haussa les épaules et répondit :
* Si ça te fait plaisir... Mais abuse pas de ton pouvoir parce que moi aussi j'ai des amis *
Il reposa l'objet, satisfait.

La belle et le mocheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant