Nicolas était horriblement déçu de la réaction d'Iris. Au fond, il sentait que la jeune fille n'était pas contre. Mais il y avait quelque chose qui la bloquait. Peut être le jugement des autres. Il n'ouvrit quasiment pas la bouche du repas. Si bien que Mathys commença à se douter de quelque chose.
- Y a un truc qui va pas avec Iris ? questionna t'il.
Le boutonneux mit un temps avant de comprendre que la question lui était adressée.
- Oh, ironisa t'il. Tu t'es rappelé de ma présence ?
- Nan mais...
Mathys leva les yeux au ciel.
- Bon tu as esquivé ma question j'en conclus que oui. Tu m'expliques ?
- Non.
Le brun haussa les épaules. Il avait compris que quelque chose avait changé depuis mercredi, mais il ne savait pas quoi.Iris appela son frère dans les toilettes.
- C'est moi, chuchota t'elle.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu peux venir me chercher, steuplait ?
- Qu'est-ce qu'il y a ? répéta t'il.
- Alan, s'il te plaiiit...
Le jeune homme soupira.
- Iris. Je travaille, là.
- Écoute. Tu m'as dit de t'appeler si ça n'allait pas. J'ai repensé à lui par accident. J'ai envie de tout casser et de chialer en même temps. Je vais assez mal pour toi ? demanda la blonde d'un ton cinglant.
Elle en avait oublié la discrétion et avait haussé la voix. Elle s'en voulut immédiatement. Alan resta silencieux puis lâcha :
- Un aprem ciné, ça te dit ? On achète du pop corn en passant.
- T'es le meilleur !
- Je sais, je sais... Prépare toi, je suis là dans une demi heure.
Il raccrocha. Iris posa sa tête contre la paroi des toilettes et cessa de lutter. De toute façon, quoi qu'elle fasse, il serait là, à attendre qu'elle sombre dans le sommeil pour débarquer. Alors autant évacuer maintenant.
Les visions affluerent. Les souvenirs aussi. C'était plus douloureux que des blessures de guerre. Les larmes coulaient, encore et encore.. Le visage de l'homme tournait sous ses yeux. Son regard bleu accrochait le sien alors qu'il souriait sadiquement. Oh oui, il aimait la voir souffrir ainsi ! Il s'en délectait, s'en réjouissait. Ses doigts se posèrent sous son menton pour lui relever doucement la tête, geste qu'il faisait très souvent. D'une voix dure et tranchante, il murmura :
- Oh, bébé... Si seulement tu pouvais être fragile et docile comme ça plus souvent...
- Dégage ! hurla la jeune fille. Dégage ! Je ne veux plus te voir !
Elle fit de grands moulinets avec ses mains pour tenter de chasser le fantôme qui la hantait. Il recula d'un pas et secoua la tête :
- Franchement, bébé, je te pensais un peu plus réactive... Quand je t'ai dit que je serais toujours là, je pensais que tu comprendrais que je tiendrais ma promesse. Toujours.
- Non... Non... hoqueta t'elle.
Elle se roula sur elle-même. Le carrelage froid des toilettes lui enleva immédiatement sa chaleur. L'homme disparaissait progressivement en répétant, mesquin :
- Toujours, bébé... toujours !- Mademoiselle, ouvrez cette porte !
Iris reprit peu à peu conscience. Elle était toujours dans les toilettes du lycée. Son maquillage avait sûrement coulé, vu les litres de larmes qu'elle avait pleuré. On tambourinait avec force à la porte. Elle s'appuya sur la cuvette et attrapa son téléphone. La demi heure était presque écoulée, son frère n'allait pas tarder. Elle se releva à l'aide du mur et fit quelques pas hésitants. Elle réussit cependant à marcher jusqu'à la porte et à la déverrouiller. Une surveillante attendait, furibonde.
- Pas trop tôt ! Ça fait 20 min que tu...
- Ouais ouais ta gueule...
Elle se passa la tête sous l'eau puis s'essuya le visage, subissant le regard outré de la bonne femme. Elle s'adoucit un peu en voyant l'état de la jeune fille.
- Tu as besoin d'aide ?
- Non. Enfin, pas de la tienne.
La blonde contourna la surveillante et marcha à grands pas vers les casiers, sans chercher à cacher le fait qu'elle avait pleuré. Les lycéens parlaient à tout va sur son chemin mais elle s'en fichait. Elle eut une surprise en arrivant à son but, sans réussir à déterminer si elle était bonne ou mauvaise.
- Je peux te parler ? demanda Nicolas.
Iris serra les dents. Il ne pouvait pas la regarder dans cet état. Il n'avait pas le droit. Pourtant, il ne se gena pas pour reluquer chaque parcelle de son visage. Elle le bouscula pour accéder à son casier.
- Je suis pressée.
- Pourquoi t'as pleuré ?
- Tu crois que je vais te le dire ? Non.
Il pinça les lèvres. Iris soupira interieurement.
- Écoute, vraiment, oublie ce qu'il s'est passé ou ce qu'il a pu se passer. Soyons honnête : toi et moi, ça ne marchera jamais !
Chaque mot qu'elle prononçait lui poignardait le coeur avec force mais elle s'obligea à ne pas faiblir. Elle attrapa son sac et partit en sens inverse. Nicolas resta adossé au casier à la regarder partir. Elle sentait son regard lui bruler le dos. Elle se sentait coupable. Elle détestait ça. Elle sortit son téléphone et, luttant contre les larmes, lui envoya :
" Désolée. Je suis obligée "
Sa foulée s'accelera quand elle arriva au portail. Elle aperçut la voiture de son frère qui l'attendait. Elle s'engouffra dedans. Alan demarra aussitôt.
- C'est vrai que tu n'as pas bonne mine, observa t'il.
- Merci ça me touche, répondit la jeune fille en consultant son téléphone.
Elle avait un message de Nicolas :
" OH MON DIEU BIBIBIBIBIBIIIP LA GRANDE IRIS QUI TEXTOTE SANS FAUTES D'ORTHOGRAPHE MAIS QUE SE PASSE T'IIIIIL ??! APPELEZ L'ARMÉE, LA POLICE, LA GENDARMERIE, LA POLICE OU JSP QUOI ! "
Elle ne put s'empêcher de sourire.
" Apparemment, tu m'en veux pas... "
La réponse arriva aussitôt.
" Bah jvais pas te forcer donc... "
Son coeur manqua un battement.
" Est ce que ça veut dire que...? "
" Iris, Iris, Iris... Ce genre de chose ne se dit pas par messages !"
- Il te kiffe, affirma Alan.
- Mais mais mais, bugua Iris.
Elle éteignit l'écran.
- T'es qui toi là d'abord pour lire mes messages par dessus mon épaule, s'énerva t'elle.
(NDA : cc moi 🙂)
- Tu l'aimes ?
- Pardon ?
- Je te demande si tu l'aimes.
Alan restait parfaitement calme, les mains sur le volant, le regard sur la route. Iris soupira :
- C'est un peu plus compliqué que ça... Je suis amoureuse. J'te dis pas le bordel...
La voiture commit une embardée avant de prendre brutalement le virage. Ils avaient failli louper la sortie vers le supermarché.
- T'as peur qu'il revienne ? demanda le jeune homme en se garant.
- Si tu savais...
Ils acheterent rapidement du pop corn et retournerent dans la voiture. Direction l'appartement. Une fois arrivés, Iris passa à la cuisine et prépara le pop corn pendant que son frère mettait le film. Elle rejoignit la pièce principale avec 2 bols débordants de maïs.
- T'as mis quoi ? demanda t-elle la bouche pleine.
- Sale grosse ! Arrête de bouffer nan ?
- Jamais !
- J'ai mis Valerian.
- Illégal ?
- Illégal.
Le film commença.
- Tu trouves pas qu'il est trop beau ? demanda Iris au bout de 5 min.
- Mouais... Moins que moi. Je préfére Cara, moi.
- Tu vois : c'est ça votre problème, à vous, les mecs ! Non seulement vous prenez tous le pop corn et surtout vous vous croyez plus beaux que ces dieux ! Redescendez, non ?
Alan lâcha un petit rire :
- Avoue si je m'appelais Nicolas tu m'en voudrais pas ?
Sa soeur se renfrogna :
- J'aurais jamais du te dire ça.
- Trop taaaaard !
Ils se reconcentrèrent sur le film qui avançait au fur et à mesure que le pop corn descendait. Survinrent les premiers pixels au bout d'une demi-heure. Alan fronça les sourcils :
- Qu'est ce qu'il se passe ? C'est censé être un site fiable !
- Fiable, pour de l'illégal, rappela Iris.
- Tu penses qu'on s'est fait choper ?
En toute réponse, l'image se brouillait de plus en plus.
- Eh merde, lachèrent ils en même temps.Alan sauta du canapé et alla éteindre l'ordinateur.
- On dégage !
Iris se leva et attrapa son manteau. Ses yeux brillaient. Ils quittèrent l'appartement en passant par les escaliers. La serrant contre lui, ils entreprirent de changer de quartier. Ils entendirent les sirènes de la police foncer vers leur habitation.
- Ils n'ont pas perdu de temps, s'écria la belle blonde.
- Jamais quand ils peuvent coincer quelqu'un en train de commettre un acte illégal.
- Maman va être folle.
Iris ressentait l'adréaline se déverser dans son corps.
- Tant qu'à faire d'être en fraude, on a qu'à se payer le repas, proposa t'elle avec ferveur.
Alan pinça les lèvres.
- Écoute, c'est plus comme quand on était petits... Avant, on pouvait voler et enchainer les conneries comme on voulait. Maintenant, je suis majeur et toi aussi bientôt. Je risque la prison.
Voyant sa soeur faire la moue, il ajouta :
- Mais, si tu veux, on va au McDo !
- Mouais...
Il s'arrêta et rabaissa la capuche du sweat pour masquer le visage de la jeune fille.
- Ils ne peuvent pas te tracer avec ta carte bancaire ?
- T'es mignonne quand tu t'inquietes. On paieras en liquide.
Ils arrivèrent au fast food et commandèrent un hamburger chacun. Ils s'assirent à une table et commencèrent à manger. Iris adorait cette ambiance d'action et de mystère, si bien qu'elle ne remarqua pas que des yeux les fixaient de sous une capuche semblable à la sienne. Quelque chose la turlupinait encore et elle ne pensait à rien d'autre.
- Pour Nicolas... Je fais quoi ?
Alan s'essuya la bouche.
- Tu lui as dit quoi, exactement ?
Elle lui répéta alors qu'il écoutait attentivement.
- Je ne vois qu'une solution.
- Oui ?
- Dis lui. Avoue lui tes sentiments, une bonne fois pour toute. Profite de la fête de Nadia. Lance toi !•••
Aloors ? Alan, de bon conseil ? Leur fuite ? J'ai adoré écrire ce chapitre. Lilou seule sait à quel point j'ai galéré pour trouver l'inspiration. J'aime bien cette vie que je donne à mes personnages. Le prochain chapitre est la soirée. Il va être assez compliqué à écrire, je pense.
Bisouuuuuss !
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La belle et le moche
RomanceNicolas, un gars moche et un peu intello, est mis au defi de sortir avec Iris, belle cancre populaire. Mais Nicolas et l'amour... Apres plusieurs piteuses tentatives, il fera enfin un geste qui toucheras la jeune fille. Va t'il gagner son pari ?