Ils avaient passé deux heures dans le manoir à réunir les affaires nécessaires pour rester à la capitale pendant une semaine complète et à ranger le maximum de choses afin de laisser le manoir dans état convenable pour leur retour. Arthémis en avait profité pour installer ses bagages dans la chambre qu'Alan lui avait définitivement laissée.
Lorsqu'Alan ferma la porte à clef, elle leva les yeux vers les plus hautes pierres de l'édifice en songeant qu'elle partait. Certes, elle ne partait qu'une semaine mais elle avait le pressentiment que le manoir allait lui manquer, comme si elle ne le reverrait plus.
L'écrivain posa sa main sur l'épaule de son amie gentiment
"Nous y allons ?"
Arthémis sourit, oubliant son malaise aussi vite qu'il était apparu. Elle hocha la tête et ramassa les sacs qui contenaient ses affaires pendant qu'Alan ramassait les siens. Il avait appelé un taxi pour les amener à la gare qui se situait dans la ville voisine afin d'éviter d'avoir à porter leurs sacs sur plusieurs kilomètres dans un chemin majoritairement forestier.
Le véhicule qui devait les transporter était banal mais ses vitres étaient tintées ce qui intrigua la jeune femme.
"Je pense que moins les gens savent que nous sommes absents et mieux ça vaut. Il est préférable que tout le monde pense que nous sommes toujours au manoir, cela pourrait nous éviter quelques ennuis ainsi que des rumeurs supplémentaires."
"Tu penses qu'ils pourraient tenter des choses s'ils apprennent que nous sommes absents ?"
Alan ne répondit pas tout de suite. Il avait cet air sombre qui faisait penser à Arthémis qu'il en savait plus qu'il ne voulait le dire et qui avait tendance à l'inquiété.
"Je pense que nous ne sommes jamais suffisamment prudents. Si rester discrets peut nous éviter des problèmes supplémentaires alors restons discrets. Qu'en penses-tu ?"
"Je suis d'accord mais je suis inquiète pour le manoir. Ils ont déjà tagué le portail alors même que nous n'étions absents que quelques heures alors imagine ce qu'ils pourraient faire pendant que nous partons une semaine ?"
Le taxi s'était engagé sur les routes tortueuses de la campagne pendant qu'ils discutaient, Alan essayait de cacher son appréhension mais Arthémis sentait qu'il n'était pas tranquille et elle ne l'était pas non plus. Malheureusement aucun d'eux ne pouvait demander à quelqu'un de surveiller l'édifice pendant leur absence car ils étaient, dans ce village, les seules personnes de confiance l'un pour l'autre.
"Rien, je l'espère. Essayons de faire confiance à l'espèce humaine pour une fois."
La voiture arriva à la gare après quelques minutes dans le silence. Le grand bâtiment qu'était la gare impressionnait Arthémis. Elle était déjà venue quelques fois lorsqu'elle se promenait mais elle n'avait jamais osé entrer et n'avait par conséquent jamais pris le train non plus. Alan, rassurant, s'était occupé de prendre les billets et l'avait guidée jusqu'au quai où le train venait juste de s'arrêter. La chaleur dans les wagons était un peu pesante mais supportable en cette fin d'après-midi, ils grimpèrent et s'installèrent aux places qui leur étaient réservées, déposant au passage leurs bagages sur les supports.
Lorsque le train s'ébranla, Arthémis, qui se trouvait entre Alan et la fenêtre, s'enfonça dans son siège en regardant le ciel qui commençait à virer du bleu au jaune, annonçant le déclin du soleil. La journée avait été longue et une nouvelle fois pleine d'émotions, le train se balançait doucement sur les rails, berçant ses passagers. Il n'en fallu pas plus à Arthémis pour s'endormir.
...
Du peu qu'il s'en souvenait, c'était la première fois qu'Alan partageait un trajet en train avec quelqu'un. Il avait pour habitude d'être seul lors de ses déplacements, qu'il parte à la capitale ou à l'autre bout du pays. Probablement parce qu'il n'avait jamais eu envie de partager quoi que ce soit avec qui que ce soit, pas même avec ses parents. Pourtant il aimait ses parents, sa mère était une très bonne mère, affectueuse mais autoritaire tout de même, son père avait été plus effacé mais doux et présent lorsqu'il en avait eu besoin.
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L'homme au livre [En pause]
Aktuelle LiteraturArthémis d'Améthyste est une jeune femme d'à peine 25 ans. Fille d'une mère peu aimante et d'un père inconnu, elle se passionne très jeune pour le net sur lequel elle passe des heures à regarder "ces vidéos débiles qui t'abrutissent !" et surtout po...