Chapitre 17 : Café

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Allongée au milieu du salon, Arthémis regardait le plafond blanc. L'idée de le décorer lui sembla irrésistible pendant un moment. L'ambiance était penaude.

"Fais-le."

"Non."

"Fais-le."

"Non."

"Fais-le."

"Arrête."

"J'arrêterais quand tu le feras."

"Tu me désespères."

"C'est toi qui me désespère à être si borné."

Le silence retomba un instant

"S'il te plait ?"

"Arthémis !"

"Je t'accompagne si tu veux !"

"Ça ne change rien !"

Alan fixait le mur de l'autre côté de la pièce, les bras croisés contre lui. Ça ne lui était pas usuel de se faire rabrouer par quelqu'un, moins encore pour une bonne raison. Il avait conscience que c'était lui qui avait tort cette fois et ça ne lui plaisait pas, l'idée n'était même pas d'avoir à se remettre en question mais tout simplement de devoir lutter contre lui-même pour son propre bien.

"Alan ?"

"Il me semble avoir déjà dit non plusieurs fois."

"Tu ne sais même pas ce que je vais dire !"

"Tu vas me demander d'aller voir un médecin, comme depuis deux heures ?"

"Même pas !"

"Dans ce cas : surprend-moi."

Il avait retrouvé son sourire en coin et la regardait avec malice, Arthémis était rassurée de voir qu'elle ne l'énervait pas vraiment.

"Tu as déjà pensé à accrocher des trucs au plafond ?"

"Je regarde plus souvent mes murs que mon plafond alors ça ne m'a pas vraiment traversé l'esprit non... Pourquoi ça ?"

"Je ne sais pas, je me disais que peut-être tu pourrais mettre des étoiles phosphorescentes ?"

Il regarda le plafond, songeur. S'allongeait-elle souvent par terre pour avoir l'envie de décorer un endroit que personne ne regardait ? Elle allait attraper une pneumonie. Mais il pourrait peut-être décorer quelques plafonds au manoir puisqu'elle allait y vivre avec lui ? Ou même la laisser le faire comme elle le voulait ? Tant qu'elle ne venait pas à faire des choses extravagantes, Alan pouvait bien au moins la laisser faire ses marques dans cette nouvelle demeure.

"Nous ne sommes là que pour quelques jours, je ne pense pas que faire ça ici serait très utile."

C'était froid. Arthémis l'avait mal pris. Elle aimait le temps qu'ils passaient à la capitale et lui rappeler que ça serait de courte durée n'avait pas été la meilleure des choses à faire.

Alan se leva pour aller s'assoir à côté d'elle.

"Je pense que décorer au manoir serait plus approprié, tu ne crois pas ?"

Elle ne bougea pas, fixant toujours le plafond. Le soir était avancé, mais il était encore trop tôt pour aller dormir, même si la journée n'avait pas été très productive.

"Alan ?"

"Encore ?"

"Que veux-tu, j'adore poser des questions."

Ils partagèrent un rire

"Je t'écoute alors."

"Tu as toujours vécu seul ? Je veux dire, après être partit de chez tes parents pour venir ici, tu n'as rencontré personne. Tu n'as pas fait ta vie."

L'homme au livre [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant