Chapitre 22 : Sans Alan

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Arthémis regardait passer le paysage à travers la fenêtre du train. Elle avait fait sa valise quelques heures auparavant, Alan y avait glissé un papier contenant toutes les indications pour prendre le métro et retrouver l'appartement. Elle était anxieuse mais les indications étaient assez détaillées pour qu'elle soit un peu plus rassurée. Quelques larmes avaient glissé sur ses joues quand le train s'était ébranlé, Alan au dehors lui avait fait un signe de main, un sourire rassurant et il avait disparu. Il lui avait dit au revoir en passant un bras autour de son cou, la serrant contre lui et lui faisant promettre de l'appeler quand elle serait à l'appartement ou si elle rencontrait le moindre problème.

Elle avait beau savoir que le trajet serait long elle ne pouvait pas se résoudre à faire autre chose que de regarder dehors en écoutant la musique qui défilait dans ses écouteurs. Les clefs de l'appartement étaient dans sa poche, elle avait peur de les perdre mais elle avait peur de les mettre dans son sac au cas où elle se le ferait voler.

La jeune femme perdue dans ses pensées avait sursauté quand une contrôleuse lui avait demandé son billet. Elle lui avait souri en scannant le code sur le papier et était partie continuer son tour des passagers avec un collègue. Arthémis avec fouillé dans son sac pour en sortir le carnet qu'Alan avait laissé sur son bureau quand elle était arrivée au manoir et avait commencé à écrire dedans. Une histoire courte, une nouvelle sur un enfant qui découvrait qu'il avait été échangé à sa naissance par une erreur d'infirmière et qui commençait à chercher ses parents biologiques. Elle ne savait pas encore si elle voulait une belle fin ou pas. Il y avait déjà tellement d'histoires qui finissaient bien, pourquoi ne pas en faire une qui finissait mal ? Son histoire à elle, la vraie, celle de sa vie, elle ne savait pas comment elle allait finir. Peut-être que s'il y avait autant d'histoire qui finissaient bien c'était parce que le monde en avait besoin pour se rassurer ?

Les soubresauts du train étaient inconfortables pour écrire et Arthémis finit par ranger le carnet dans son sac et en sortit "Natura" qu'Alan lui avait tendu avec un clin d'œil quand elle s'était réveillée. Il lui avait dit qu'elle pouvait emporter autant de livres qu'elle le désirait mais elle ne voulait pas trop se charger, elle préférait voyager léger pour être tranquille dans les transports en commun et jusqu'à l'appartement. Elle se sentait moins vulnérable quand elle n'avait qu'un sac à dos ou une petite valise mais elle aimait d'autant plus n'avoir aucun bagage.

Natura était un beau livre, Arthémis ressentait comme une impression de majesté qui se dégageait du texte, elle sentait qu'Alan avait déployé de grands efforts d'écriture pour rendre le texte beau à lire, percutant en plus d'être intéressant.

C'était ce qu'elle avait envie qu'on se dise en lisant ce qu'elle écrirait. C'était ce dont elle voulait être fière : la beauté de ses textes. Elle était prête à travailler là-dessus autant que nécessaire.

...

L'après-midi avançait doucement lorsqu'elle descendait enfin du train, laissant rouler sa valise, dont elle avait sorti le papier avec les indications d'Alan, derrière elle. C'était différent, seule. Ça faisait peur, seule.

S'orienter n'était pas très compliqué au final, il fallait juste faire attention à ce qui l'entourait. Arthémis s'engouffra dans les sous-sols du métro en suivant la foule des gens, valida un ticket dans la borne et grimpa dans le premier métro où une place suffisante lui permettait de monter à bord. Elle profita du trajet pour envoyer un message signifiant qu'elle était presque arrivée à Alan qui lui répondit presque aussitôt qu'il était soulagé. Peut-être qu'elle pourrait lui demander conseil pour savoir comment faire finir son histoire ? Il devait bien avoir une raison lui.

Arrivée à l'immeuble, elle vérifia trois fois qu'elle avait appuyé sur le bon numéro d'étage dans l'ascenseur. Elle craignait bien trop d'essayer d'ouvrir une porte qui ne soit pas la bonne et de se retrouver face à une personne inconnue qui allait lui poser des questions. Si elle pouvait éviter d'avoir à discuter avec des inconnus, ça l'arrangeait parfaitement.

L'homme au livre [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant