L'heure n'était pas venue de penser à ce détail déplaisant, mais qui risquait tout de même de compromettre son séjour, car à peine Arthémis l'eut-elle envisagé qu'Alan récupérait doucement la tasse vide qu'elle tenait toujours dans ses mains. Les yeux bleu-vert de l'écrivain étaient confiants et son regard était doux lorsqu'il écarta les mains de la jeune femme pour récupérer le récipient. Encore une fois, elle aurait pu penser qu'il l'encourageait, comme s'il savait ce qui la tracassait.
Elle n'y prêta pas vraiment attention, la fatigue faisait son œuvre. Il était temps pour eux de dormir et de poser sur leurs esprits fatigués le voile du sommeil qui recouvrirait tout ce qui pouvait attendre le lendemain avant d'être traité. Alan porta rapidement la vaisselle à la cuisine avant de revenir réceptionner Arthémis et de la conduire à la chambre qu'il lui avait prévue.
Elle lui fit un signe de main qu'il lui rendit en baillant avant de s'éloigner vers la porte de sa chambre juste à côté et elle attendit de l'avoir vu disparaitre par cette porte avant de fermer la sienne. Elle se tourna vers le lit pour voir qu'un pyjama (constitué d'un tee shirt trop grand et d'un short juste à sa taille) l'attendait sur le lit avec une note :
-Ma mère n'a jamais jeté ses vêtements de jeune adulte, j'espère qu'ils sont à ta taille. Sens-toi libre de les utiliser. Et de fouiner un peu dans cette pièce si le cœur t'en dit.
Alan-Arthémis n'aurait pas su dire quand il avait trouvé le temps de faire ça mais elle lui en était reconnaissante car elle n'avait littéralement rien avec elle aussi bien pour la nuit que pour se changer le lendemain.
Le conduit de la cheminée passait dans le couloir, juste à côté des chambres, ce qui permettait une efficacité de chauffe excellente. À peine changée, Arthémis se glissa dans les draps qui sentaient vaguement le muguet et qui étaient d'une chaleur exquise après le froid de la pluie. Son corps était fatigué, tout comme son esprit après une soirée riche comme celle-ci, elle ne tarda donc pas à s'endormir.
...
Lorsque la jeune femme ouvrit les yeux, le soleil était levé depuis longtemps. Un coup d'œil à son portable dont la batterie agonisait l'informa qu'il était treize heure passé et que, comme elle l'avait prévu, sa mère ne l'avait pas appelée pour savoir où elle était.
Arthémis descendit au rez-de-chaussée. Le manoir était silencieux. Alan dormait-il toujours lui aussi ?
Une fouille rapide des pièces lui indiqua qu'en tout cas, il n'était pas à cet étage.
Elle se rendit à la cuisine où une feuille l'attendait sur la table à côté de sa sacoche. Avec tout ça elle en avait complètement oublié le but premier de sa visite. Sur la feuille, la raison du silence du lieu se fit plus claire : Alan avait dû s'absenter.
-Je laisse ta sacoche ici, je suis désolé de ne pas avoir pu te prévenir mais je ne souhaitais pas te réveiller : mon éditeur m'a appelé tôt ce matin, nous devons nous voir dans l'après-midi. Je risque de rentrer un peu tard ce soir alors si tu rentres chez toi n'oublie pas de fermer la porte du manoir à clef, je t'en ai laissé un double sur le manteau de la cheminée. Mais tu peux rester si tu veux.
Alan.-
Qu'est-ce que son éditeur pouvait bien avoir à lui dire ou à lui demander de si important pour convoquer Alan le jour même ? Il lui avait proposé de rester et elle hésitait très honnêtement. Elle ne travaillait pas aujourd'hui, c'était son jour de repos et elle le passerait volontiers à écrire tranquillement au manoir devant la cheminée aux braises mourantes mais elle avait aussi terriblement envie de prendre une douche.
Et son envie de douche l'emporta sur le reste. Cependant elle ne renonça pas à son idée de journée tranquille au manoir. Elle se glisserait dans le domicile familial, prendrait des affaires et retournerait au manoir sans demander son reste. Car là était le détail qui la perturbait la veille au soir : sa mère ne serait jamais d'accord à l'idée qu'elle reste chez Alan. Pas aujourd'hui et moins encore une semaine complète.
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L'homme au livre [En pause]
Ficción GeneralArthémis d'Améthyste est une jeune femme d'à peine 25 ans. Fille d'une mère peu aimante et d'un père inconnu, elle se passionne très jeune pour le net sur lequel elle passe des heures à regarder "ces vidéos débiles qui t'abrutissent !" et surtout po...