Chapitre 16 : Faire des choix

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De sa chambre, Arthémis avait entendu Alan quitter la cuisine pour aller se coucher. Elle avait aussi entendu la plainte douloureuse qu'il avait tenté d'étouffer en s'allongeant.

Elle soupira, allongée sur le côté, en se demandant ce qu'elle pourrait faire pour le convaincre d'aller voir un médecin. Il ne l'écouterait pas, ou du moins pas si facilement visiblement et elle ne comprenait pas pourquoi il refusait à ce point de consulter pour son épaule mais c'était frustrant de le savoir en souffrance sans qu'elle ne puisse l'aider.

La nuit leur ferait du bien à tous les deux et elle porterait conseil d'après l'adage. Elle se laissa rouler sur le dos et sombra dans le sommeil, rapidement suivie d'Alan de son côté.

...

N'ayant pas fermé ses volets, Alan pu voir qu'il faisait grand jour quand il émergea de son sommeil. Une douleur lancinante fusa dans son épaule au moment où il se redressa pour sortir de son lit, lui tirant un petit cri qui mêlait la surprise de la peine et la souffrance.

Visiblement, la nuit n'avait pas été curative comme il l'avait espéré mais aller voir un médecin était inconcevable.

Il s'habilla à grand peine, projetant d'aller à la cuisine pour préparer un petit déjeuner comme la veille mais il fut stoppé dès la sortie de sa chambre. Arthémis était appuyée contre le mur, l'air sévère et comptait apparemment lui parler avec sérieux.

"Déjà debout ?" tenta-t-il

"Encore mal ?" répondit-elle sans préambule

Il soupira.

"Ce n'est rien. "

"Tu n'es pourtant pas un enfant, ce n'est pas moi qui vais t'apprendre que non seulement c'est idiot de ne pas se soigner quand on est blessé mais qu'en plus tu risques d'empirer les choses. C'est quoi ton problème ?"

Elle semblait vraiment agacée par sa réticence aux soins et elle ne comprendrait très certainement pas s'il essayait de lui expliquer. Il avait ses raisons bien sûr, mais il ne concevait pas qu'elle puisse les trouver satisfaisantes.

"Arthémis, ne t'occupe pas de ça d'accord ?"

"Tu te fais du mal bêtement, je ne compte pas rester sans rien faire."

"Tu n'as pas à contrôler ma vie, je suis assez adulte pour ça !"

"Je ne fais qu'essayer de te raisonner, tu fais n'importe quoi !"

"Je sais ce qui est nécessaire pour moi ou non !"

"Apparemment pas, tu es blessé et tu te comportes comme un enfant qui a peur d'aller voir un médecin !"

"J'ai vingt-cinq ans de plus que toi, tu es la seule enfant ici, je n'ai aucun conseil à recevoir de ta part ! Je croirais entendre ta mère !"

Même si le ton était monté, Alan n'aurait pas eu besoin de crier pour que cette dernière phrase ne fasse l'effet d'un coup de poing à son acolyte. Il n'eut cependant pas le loisir de remarquer ce qu'il venait de lui faire, trop occupé à lui passer à côté en la bousculant, claquant la porte de l'appartement.

Alan avait préféré partir. Il ne voulait pas rester en sa présence pour le moment mais il ne voulait pas non plus lui demander de prendre la porte, elle ne connaissait pas du tout la capitale, se perdrait très certainement, risquait de faire de mauvaises rencontres et c'était lui qui l'avait faite venir, c'était donc à lui de lui laisser le confort. Il avait aussi conscience de s'être emporté et que rien de ça ne serait arrivé s'il s'était laissé soigner mais il ne pouvait pas revenir dans le passé.

L'homme au livre [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant