L'homme au livre [En pause]

chapitre 23 : Adrien

L'appel d'Arthémis avait passablement inquiété Adrien, il n'avait heureusement que peu de route à faire pour arriver au manoir Larose mais ça lui semblait déjà bien trop.

Il n'était pas sans connaitre le chemin, loin de là. Il fallait dire qu'ils avaient eu l'occasion d'être proches quand ils étaient jeunes. Très proches. Adrien se souvenait très bien le choc que ça lui avait fait quand Clara avait commencé à répandre la nouvelle qu'elle était enceinte d'Alan et il se souvenait mieux encore à quel point il avait été dévasté quand Alan avait fuit le manoir du jour au lendemain. Il ne l'en avait pas même averti. Il fallait dire qu'ils n'étaient plus dans les meilleurs termes possibles à ce moment.

L'asphalte défilait devant les yeux d'Adrien qui ne le voyait pas vraiment, replongé dans ces souvenirs qu'habituellement il préférait laisser au passé. Mais le passé avait frappé à sa porte.

Adrien se mordait nerveusement la lèvre en se demandant ce qu'il trouverait -ou ne trouverait pas- au manoir. Ce n'était pas dans les habitudes d'Alan de ne pas répondre au téléphone et la jeune Arthémis avait l'air convaincue qu'il lui était arrivé quelque chose. Elle lui avait aussi dit qu'il avait gardé la photo.

Son regard dévia sur son pare soleil ouvert où une photo, jumelle de celle sur le bureau de l'écrivain, était accrochée. Alan l'avait gardée.

Enfin arrivé au manoir, il sauta presque de la voiture et couru à la porte, mais il n'eut pas même le temps de frapper qu'elle s'ouvrit sur un homme qui n'était pas Alan et qui s'enfuit sans laisser à Adrien le temps de poser la moindre question ou même de vraiment voir son visage.

Inquiet de la fuite à laquelle il venait d'assister, Adrien se rua dans la demeure

"Alan ? Alan t'es où ? C'était qui ce mec ?"

Aucune réponse.

Plutôt anormal pour une personne dont un potentiel invité venait de partir. Plutôt logique quand le potentiel invité était parti avec autant de précipitation.

Il se précipita de pièce en pièce à la recherche du maître des lieux qu'il trouva finalement, inconscient, au sol dans un couloir. Il y avait eu lutte.

Il hésita quelques instant : "T'es mon copain, pas mon médecin !"
Ces mots, il s'en souvenait parfaitement malgré les années. Mais ce n'était vraiment pas le même contexte. Il était le seul à pouvoir agir, et il fallait agir maintenant.

Peu détendu, Adrien se décida à le prendre en charge. Il espérait qu'Alan ne lui en voudrait pas.

Le visage de l'écrivain commençait à présenter de sacrées marques rouges qui deviendraient à n'en pas douter de sacrés bleus. Adrien commençait tout juste à manipuler son ami quand celui-ci commença à revenir à lui.

"Doucement Alan, on a plus l'âge de se faire allonger et de se relever aussi vite."

"Adrien ?"

"Salut" Il avait un sourire soulagé

"Qu'est-ce que tu fais là ?"

Alan avait l'air complètement perdu ce qui était à la fois normal et en même temps Adrien ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter

"Arthémis m'a appelé, apparemment ça lui plaît pas trop quand tu réponds pas au téléphone. Et on dirait qu'elle a bien fait non ?"

L'écrivain se redressa pour s'asseoir contre le mur proche de lui en se touchant précautionneusement la joue.

"Je l'ai pas vu venir celle là.."

"Raconte Al', tu peux pas me laisser sans explications là."