Chapitre 1 : L'homme au livre

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"À demain tout le monde !" Lança la jeune femme en sortant du café tout en adressant un signe de main à ses quatre compagnons

Personne ne lui répondit mais ils accompagnèrent tous sa sortie avec de grands sourires et des signes de mains similaires. Encore une fois, il faisait sombre lorsqu'Arthémis
s'engagea dans la rue en direction du pavillon qu'elle partageait avec sa mère depuis toujours et la pluie battante n'arrangeait pas les choses. Elle s'arrêta quelques secondes devant une vitrine pour observer ce reflet qu'elle aimait un peu plus à mesure qu'elle apprenait à s'accepter.

Plutôt petite, les cheveux courts et châtains faisant ressortir ses yeux d'un bleu assez banal mais soulignés de cernes marquées. Elle était toujours habillée de couleurs sombres qui lui permettaient de passer inaperçu dans la rue et une sacoche en tissu noir ornée d'un grand dragon argenté pendait contre sa hanche. Arthémis n'utilisait que ce sac pour transporter ses "projets" comme elle aimait les appeler : chaque fois qu'elle allait à son club d'écrivains elle avait de nouvelles idées d'histoires, il n'était pas rare qu'elle remplisse des pages et des pages de notes durant leurs quelques heures d'échanges au café.

Elle ne tarda pas à reprendre la route vers son domicile, sa mère n'aimait pas qu'elle rentre trop tard surtout si elle avait un air rêveur comme celui qu'elle se savait être en train d'afficher sur son visage. Elle subissait des reproches qu'elle ne comprenait pas vraiment.

"Tu vas finir comme ton père, tu lui ressembles de plus en plus !"

C'était ce à quoi Arthémis faisait face assez souvent en rentrant. Et surtout, elle devait se contenter de hocher la tête et d'aller s'enfermer dans sa chambre car poser des questions sur son père était l'idée la plus stupide qu'elle puisse avoir, elle l'avait très vite compris. Si elle avait le malheur de questionner Clara, sa mère, cette dernière pouvait avoir deux réactions : Un mutisme de plusieurs heures voir plusieurs jours ou un flot d'insultes incessant et beaucoup de larmes. Cette réaction avait poussé la jeune femme à ne pas chercher à en savoir plus. Elle n'avait pas de père mais elle lui ressemblait de plus en plus en grandissant, c'était tout.

Arthémis poussa la porte de l'appartement.

"Je suis rentrée !"

"Tu as vu l'heure qu'il est ?"

Elle jeta un rapide coup d'œil à sa montre mais ne fit pas de commentaire. Il était à peine vingt heure.

"Tu as déjà mangé ?" préféra-t-elle demander pour changer de conversation

"Arthémis, tu sais très bien qu'ici nous mangeons à 19h tapantes."

Le vent glacial que répandaient les réponses maternelles était devenu une habitude. Tout comme l'absence de dîner. À peine déchaussée elle se dirigea vers sa chambre où elle s'enferma pour une nouvelle soirée de procrastination. Le sac rejoignit sa place au sol à côté du lit entre la table de chevet et les chaussons à oreilles de lapin et Arthémis s'allongea, rêveuse. Aujourd'hui encore, elle avait eu une idée géniale pour un livre. Et si elle se débrouillait bien elle pourrait même faire une collection de livres ! Peut-être que son histoire pourrait s'étaler sur trois, quatre voir cinq tomes ! Cette fois elle en était certaine, ça allait marcher !

Mais la célébrité attendrait le lendemain. On était vendredi soir, elle aurait tout le week-end pour entamer son œuvre, pour l'heure il était temps d'aller regarder des vidéos sur le net avant d'entamer un repos bien mérité. Et si elle avait le courage d'écrire le scénario de son futur roman pendant la nuit, elle pourrait le montrer à ses amis du club dès le lendemain ! Encore une fois, elle passerait plus de temps sur son ordinateur que dans ses draps. Pour Arthémis, les nuits n'étaient pas faites pour dormir, elles étaient faites pour rêver, ce qui était deux choses totalement différentes et c'était pour cela qu'elle les passait à écrire, lire ou regarder des vidéos.

L'homme au livre [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant