Chapitre 14 : La scène

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La lumière se ralluma et toute la salle se leva pour applaudir. Arthémis avait été fascinée du début à la fin et avait donc trouvé la séance trop courte. Les comédiens saluèrent à plusieurs reprises avant de finalement disparaitre dans les coulisses.

"Alors Arthémis, qu'as-tu pensé du théâtre ? Et de la pièce ?" Demanda Alan, visiblement décidé à rester assis alors que tout le monde partait

"J'avais déjà lu Le Médecin malgré lui mais je n'en avais jamais vu de représentation, je regrette vraiment de ne pas pouvoir aller au théâtre chaque fois que je pourrais en avoir envie, c'est une super expérience !"

"Le groupe à un certain attachement pour cette comédie de Molière, c'est pour la jouer que nous avions monté la troupe mais nous avons dû faire face à plusieurs incompatibilités dans les membres disponibles alors nous avons joué Ruy Blas. Ils se sont entrainé dur pour pouvoir enfin réaliser ce rêve."

Elle hocha la tête. Faire du théâtre avait été un de ses rêves qui avait duré quelques années avant de s'estomper, comme les autres. Écrire une pièce pourrait être un bon moyen d'entrer dans le monde de l'édition ? Ça n'était pas vraiment son style mais elle pourrait essayer si elle trouvait un thème qui l'inspirerait.

Ils étaient à la capitale depuis à peine une journée mais Arthémis s'inquiétait déjà de ne pas être à la hauteur. Certes, Alan lui inculquait des leçons sur la façon dont elle devait se comporter face à la critique, face aux autres et à leurs exigences mais elle n'avait toujours aucune idée de scénario suffisamment développé et intéressant pour qu'elle l'écrive. La culture n'était pas ce qui lui manquait le plus, elle avait besoin de confiance, de discipline et surtout il fallait qu'elle se donne du temps. La précipitation et l'impatience étaient deux choses face auxquelles elle devait résister.

"On ne part pas ?" s'étonna-t-elle pour penser à autre chose

Alan, l'air pensif, lui fit non de la tête. Il semblait en pleines réflexions, notant quelques choses dans son carnet. La jeune femme prit son portable dans l'espoir d'y noter quelques idées de scénarios ou au moins d'éléments scénaristiques mais rien ne lui venait et elle n'aimait pas écrire sur son téléphone. Elle n'avait jamais réussi à écrire sur autre chose que du papier ou son ordinateur.

Trois des comédiens de la troupe revinrent sur la scène en riant et discutant et se dirigèrent vers Alan comme s'ils s'attendaient à ce qu'il soit là pendant qu'Arthémis lui jetait un regard interrogatif.

"C'est une habitude que nous avons" Lança un comédien "Chaque fois qu'Alan vient nous voir jouer, le groupe originel se retrouve en fin de représentation."

L'écrivain sourit et s'adressa à son amie.

"Arthémis, je te présente les 3 personnes qui constituent, avec moi, la troupe de théâtre de ma jeunesse : Eléa, Line et Dominique"

Elle les salua en les détaillants. Eléa était plutôt grande, fine, les cheveux roux bouclés et courts, un visage ouvert à l'expression franche et malicieuse. Line était grande elle aussi, la peau sombre, musclée, ses cheveux étaient réunis en un chignon lâche où détonnait une mèche verte, petite folie qu'elle affectionnait. Elle avait l'air très calme, apaisée et apaisante, l'expression douce. Elle tenait la main d'Eléa. Dominique, lui, avait l'air de cacher quelque chose sous son air enjoué. C'était le plus petit de la troupe mais aussi et surtout son meneur. Ses cheveux, qu'il avait aux épaules, étaient entièrement blancs même s'il avait sensiblement le même âge qu'Alan : il appréciait cette couleur et les décoloraient régulièrement pour qu'ils soient d'un blanc parfait. Arthémis nota qu'il avait gardé sa tenue de scène contrairement aux autres.

L'homme au livre [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant