L'homme au livre [En pause]

Chapitre 8 : La capitale

Les voyages en train n'avaient jamais dérangés Alan. C'était une occasion de se reposer en regardant tranquillement défiler les paysages, d'écrire quelques idées pour améliorer encore sa première œuvre et d'imaginer le scénario de son futur livre. Il aimait varier ses styles d'écriture, ne pas se cantonner à un domaine, ne pas faire seulement du roman policier ou seulement du roman d'amour...

La capitale était tout de même un bel endroit, des ponts magnifiques reliaient des musées fournis à des commerces luxueux. Des gens pressés marchaient vers eux-seuls savaient où pendant qu'Alan marchait le long du fleuve qui passait là. Son éditeur venait de lui imposer une date limite pour rendre sa dernière version de La duchesse d'à côté mais il n'était pas prêt. Sa duchesse n'avait toujours pas retrouvé de nom et il ne pouvait pas la laisser porter son nom d'origine, ça n'aurait pas de sens. C'était trop difficile. Il fallait pourtant qu'il lui en retrouve un, de nom, car cette histoire trainait depuis trop longtemps.

S'asseyant à la terrasse d'un café, Alan commanda un thé hors de prix au serveur pressé qui le regardait cependant aimablement, même si son sourire sonnait désagréablement faux et forcé.

Il avait du temps à perdre avant son train de retour, il lui faudrait trouver de quoi s'occuper. L'avantage de n'avoir plus publié de livre depuis un petit moment était qu'il pouvait relativement passer inaperçue, même si être reconnu par des personnes aimant son travail n'était pas désagréable.

Son thé arriva après quelques minutes de patience et il put en profiter pour se réchauffer les mains, le froid s'installait peu à peu.

Il tira de son sac une pile de feuilles qui tenaient ensembles grâce à un trombone. Il n'était pas dans son habitude de fouiller dans les affaires des autres, mais lorsqu'elle avait laissé sa sacoche, Arthémis ne l'avait pas posée avec délicatesse et le bloc de feuille en était tombé quand Alan l'avait ramassée alors que la jeune femme était à l'hôpital. Tout y était rédigé à la main et le titre avait fortement intrigué l'auteur.

Le prénom de la duchesse d'à côté

Il se souvenait bien qu'Arthémis avait insisté pour connaitre le prénom qu'il avait supprimé du livre manuscrit, involontairement laissé aux mains de la jeune femme. Elle n'avait pas à connaitre l'histoire de ce prénom et lui-même souhaitait l'oublier. Mais il était curieux de ce qu'elle avait pu inventer.

Alan feuilleta rapidement le manuscrit qui n'était jusqu'alors qu'une réécriture pure et simple de son roman jusqu'à la découverte du prénom. Il esquissa un sourire. Il aurait pu y penser lui-même à vrai dire, mais il ne voulait pas céder à la simplicité d'une telle évidence, si tout le monde s'y attendait alors la découverte perdait tout son intérêt. Mais lui en tout cas ne s'était pas attendu à ce que son amie appelle la duchesse Rose parce qu'il pensait justement trouver un prénom plus recherché.

Mais ça avait du sens. Le fait que l'homme vienne déposer des roses tous les jours sur la tombe de la duchesse prenait un sens plus fort encore que le simple langage des fleurs.

Alan se rendit compte que ce qui correspondait à la fin du roman ne correspondait qu'à la moitié du paquet de feuilles qu'il tenait entre ses mains. Intrigué, il désolidarisa la partie qu'il venait de terminer du reste. Une nouvelle feuille de titre s'offrait à ses yeux.

L'homme qui vivait chez la duchesse d'à côté - Fanfiction

Arthémis avait créé un univers alternatif. C'était à la fois une grande fierté pour lui que de savoir que ses œuvres stimulaient la créativité de ses lecteurs mais cela lui donnait aussi une idée. S'il devait apprendre à la demoiselle à écrire sérieusement, il allait commencer par lui apprendre une leçon fondamentale que toute personne souhaitant créer et partager ses créations devait connaitre. Un plan se mettait en place dans son esprit. Ça allait peut-être la bousculer un peu et il y avait une chance qu'elle prenne très mal ce qu'il allait faire mais si tout se déroulait comme il l'attendait alors elle sortirait enrichie de cette expérience.