« Je t'avais prévenue pourtant, t'as pas à approcher MON Castichou !
Ambre s'avança, menaçante et secondée par Li qui avait troqué son éternel rouge à lèvres contre une paire de ciseaux. Lily termina de se laver les mains en silence, vraisemblablement peu inquiète de ce qui se tramait autour d'elle. Elle se retourna, remarquant Charlotte qui braquait un téléphone dans sa direction et soupira doucement.
-Tu feras moins la fière après ça !
-Vas-y, si ça t'amuse. Et si tu penses que ça aidera Castiel à t'aimer. »
L'auto-proclamée reine du lycée blêmit, oubliant même de retenir la brune qui venait de quitter nonchalamment les toilettes. Merde, elles m'ont mises en retard ! La cloche avait tout juste sonné et Lily voyait déjà au fond du couloir Monsieur Harris faire entrer les élèves dans sa salle. Elle remonta son sac sur son épaule, prit une profonde inspiration et commença à slalomer entre les zombies qui lui barraient la route pour réussir à s'engouffrer dans sa classe avant que la porte ne se referme. Sauvée. Elle grimaça : il ne restait qu'une place de libre, à côté de Kentin. Il hocha mollement la tête comme pour lui donner son accord et enleva son sac de la chaise à sa gauche afin de la laisser s'installer. Il ne comprenait vraiment pas ce que Castiel trouvait à cette fille. Aujourd'hui elle portait un jean blanc, un pull noir avec par-dessus un... un tapis ? Non mais sincèrement, il était persuadé que sa grand-mère avait le même dans son salon. Il toussota en dissimulant son visage entre ses mains pour masquer son rire.
« J'en conclus que je ne dois plus mettre le poncho de ma mère...
Il reprit sa respiration alors qu'elle lui souriait.
-Non mais... il te va bien quand même hein !
-Et tu appelles ça un compliment ?
Cette fois c'est elle qui se mit à rire, lui rosit de gêne.
-Mais... mais non ! Ça change pas mal disons.
-Je le trouve laid aussi. »
Déclara-t-elle tout en retirant son tapis, dévoilant un pull noir où figurait l'image d'un loup en train de hurler à la lune. Alors que Kentin allait relancer la discussion, la trouvant beaucoup plus aimable que la première fois, Monsieur Harris frappa sa règle contre le tableau pour imposer le silence.
« C'est scandaleux ! La moyenne de ce devoir est de 6,25 seulement ! Je vous l'ai donné il y a une semaine et il m'a fallut à peine deux jours pour corriger vos copies tant elles sont mauvaises ! Et dire que vous étiez à deux !
Il fulminait tellement, Lily crut un instant que de la fumée allait sortir de ses oreilles.
-Je vais pourtant vous accorder encore une chance, une dernière. Vous allez refaire votre devoir par trois cette fois-ci, dans un délais d'une semaine toujours. Quant à vous, monsieur Castiel, commença-t-il en s'approchant du concerné, hormis Nathaniel et Mélody vous êtes le seul, avec votre camarade apparemment absente à avoir eu la moyenne. Mais je suppose qu'elle a fait le plus gros du travail, mh ? »
Puis il commença à rendre les copies. Castiel écarquilla les yeux et se tourna vers son amie pour lui montrer le beau onze qu'ils avaient obtenu. Tout aussi surprise que lui, elle eut un grand sourire qui échauffa les joues du rockeur.
« Tu vas te remettre avec elle ?
-Hein ? De quoi ?
-Tu comptes refaire le DM avec Lily ?
-Bah... ouais j'pense. On avait prévu de retravailler ensemble si on pouvait. Mais en troisième personne à part toi je vois pas.
-J'accepte volontiers ! Rosalya m'a laissé faire tout le travail afin de passer du temps avec Leigh, et je n'ai rien compris.
-Rien compris ou tout oublié ? »
Et ils se mirent à rire discrètement.
À l'heure de la pause déjeuner, Castiel et Lysandre se dirigèrent à la brasserie où ce dernier fit la connaissance de Sacha qui lui parut fort sympathique. Elle les installa dans un coin tranquille, discutant quelques minutes avec le guitariste qui lui parla de leur note en mathématiques puis prit leur commande avant de se diriger à la cuisine.
« N'étions-nous pas censés déjeuner en compagnie de Lynn, Rosalya, Iris et les jumeaux ?
-Ouais, mais j'voulais te parler d'un truc en privé.
-Je t'écoute, un serveur amena les plats, dès que j'aurais pu mordre dans mon steak.
Le rouge acquiesça d'un signe de tête en commençant à manger lui aussi.
-C'est à propos de Lynn et Lily. 'Fin de mes sentiments pour elles. Au début je m'entendais pas forcément avec Lynn, c'était juste une planche à pain un peu maladroite mais plutôt amusante. Je sortais tout juste de ma rupture avec Debrah et je crois que... j'avais b'soin de m'accrocher à quelque chose, quelqu'un de nouveau. Lynn était différente de Deb', même si elle lui ressemblait sur certains points. Enfin de l'image que j'avais d'elle. Et ça me plaisait. J'avais l'impression qu'elle n'aurait jamais aucun moyen de m'abandonner. Et puis y'a eut l'espèce d'idiote là. Debrah est revenue, j'me suis comporté comme un con égoïste avec vous. Et cette fille s'est posée là, comme ça, et m'a déballé tout son discours moralisateur avant de se barrer. J'étais en colère au début, mais j'arrivais pas à oublier ses yeux. Ils sont trop... fascinants. J'suis sûr que tu penses comme moi, la preuve avec ta dernière chanson !
-C'est vrai que « Mysterious » m'a été grandement inspirée par Lily, par son regard du moins oui...
Il s'amusa en devinant un léger pincement de jalousie chez son ami, mais se contenta d'avaler ce qu'il y avait sur sa fourchette en le laissant continuer.
-Bref. On a fini par devenir amis tous les deux, mais je crois ressentir plus que de l'affection pour elle...
-Tu t'en rends enfin compte, commenta le victorien. Je ne te connaissais pas quand tu étais avec Debrah mais Rose m'a certifié que tu n'avais jamais eu l'air aussi heureux et d'aussi bonne humeur avec elle. Lorsque l'on te connaît un tant soit peu, on comprend rapidement que tu es obnubilé par Lily.
Castiel resta muet un instant, ne sachant que répondre et se sentant idiot d'avoir été un véritable livre ouvert pour tous sauf lui-même.
-Enfin... que vas-tu faire, maintenant ?
-J'sais pas trop. Elle parle très peu de ses sentiments, et je sais qu'elle pense encore à son ex. Ils sont restés cinq ans ensemble donc bon...
-Cinq ans ? Et bien. Tu devrais tout de même lui poser la question, tout simplement.
-Mh... »
Le jeune homme aux yeux d'acier échappa un soupir en avalant sa dernière frite. Son portable vibra, le faisant sursauter.
De: Lily.
Je t'ai entendu proposer à Lysandre de travailler avec nous pour le DM. On pourrait se rejoindre chez moi samedi si vous voulez ? Ma famille part en week-end en Auvergne, chez ma tante.
Il fit part de la proposition à son vis-à-vis qui accepta, tous les deux plutôt curieux de voir la maison de l'adolescente.
• • •
Qu'est-ce qu'ils ont tous à me suivre aujourd'hui ? À moins que les toilettes ne soient devenus un lieu plutôt attractif en ce moment. Lily avait toujours une bouteille d'eau dans son sac habituellement, mais elle l'avait oubliée ce jour-là et la voilà obligée de se rendre aux toilettes toutes les heures pour se rafraîchir. Mais à l'instar d'Ambre le matin-même, la jeune Lynn lui avait emboîté le pas et se tenait maintenant face à elle en triturant ses doigts nerveusement.
« Euh...je... Lily, c'est ça ? Je voudrais te parler...
-J'ai remarqué.
La gêne de Lynn s'accentua, elle releva finalement la tête et aperçut pour la première fois les deux perles ambrées qui la fixaient derrière un rideaux de cheveux noirs.
-C'est...euh... à propos de Castiel. Tu vois il me plaît beaucoup et... il semble plutôt intéressé par toi en ce moment. Je veux juste te prévenir que je ne compte pas te le laisser comme ça sans rien faire !
-Serais-tu l'héroïne d'un shôjo guimauve pour petites filles ? Fais ce que tu veux sans m'ennuyer, merci. »
La demoiselle aux yeux verts fut secouée d'un léger frisson lorsque son interlocutrice la dépassa pour retourner dans le couloir. Elle ne savait pas trop quoi penser de cette réaction ou du ton qui avait été employé ; et bien que l'adolescente lui avait répondu « Fais ce que tu veux », Lynn ne savait plus vraiment comment réagir.
• • •
Enracinée devant le miroir de la salle de bain depuis une bonne demi-heure déjà, Lily poussa un soupir de lassitude en laissant retomber mollement son indomptable crinière. Elle avait tout tenté : cheveux attachés, bouclés, en tresse... Mais ils étaient beaucoup trop dégradés si bien que le résultat avait tendance à être désastreux, ce qui ne satisfaisait pas vraiment la jeune fille. À contre-coeur elle attrapa son portable posé en équilibre sur le verre à brosses à dents et envoya un message à Erwan son voisin, ami et coiffeur. Elle l'avait rencontré le jour de son emménagement : si sa mèche était bien pratique pour dissimuler ses yeux ils gênaient également sa vue si bien qu'elle l'avait percuté en renversant au passage son carton de livres sur le trottoir. L'obstacle vivant avait environ vingt-cinq ans, des cheveux mi-longs plus colorés qu'un arc-en-ciel et de magnifiques yeux bruns tirant sur le orange. Il lui avait adressé un sourire goguenard avant de l'aider à ramasser ses affaires puis l'avait suivie chez elle, sympathisant avec ses parents qui l'invitèrent à dîner chez eux le soir-même. Il débarqua en compagnie de sa femme, Mathilde, et de leurs deux jumelles Tess et Tania âgées de quatre petites années. Un détail amusant les concernaient : elles n'avaient pas la même date de naissance. Plus précisément Tess naquit le trente-et-un décembre tandis que Tania ne pointa son nez qu'une quarantaine de minutes plus tard, le premier janvier. Elles n'étaient donc nées ni le même jour ni la même année, et cette particularité plaisait beaucoup à Lily. Le couple se connaissait depuis le collège, ayant été dans la même classe, et sortait ensemble depuis lors. L'adolescente avait fait une légère moue en s'enroulant dans sa veste en entendant cela, perdue dans ses pensées.
Erwan se montra rapidement intrusif dans la vie de la demoiselle sans pour autant que cela n'en devienne dérangeant. Il s'était juste attaché à elle très vite et aimait beaucoup la traîner en ville de force, prétexter que ses filles s'ennuyaient d'elle pour qu'elle vienne chez eux ou bien encore passer purement et simplement par la fenêtre de sa chambre pour venir discuter. La seule chose à laquelle il n'avait jamais pu la contraindre jusqu'à présent était de couper ses cheveux et pourtant, bon sang qu'il avait essayé !
Lily avait apprécié le coiffeur dès le début. Il était jovial, attentionné, amusant et plutôt surprenant il fallait l'avouer. Elle avait eu un peu de mal à s'habituer à ses marques d'affection répétées mais au reste elle s'y était accoutumée de suite. Mathilde était beaucoup plus posée et réfléchie que son fiancé mais les deux filles s'entendaient bien, la plus âgée avait même accompagné celle qu'elle et son compagnon considéraient comme une petite sœur lors de ses sorties nocturnes et lui avait fait découvrir quelques bars sympas.
Erwan fit son apparition quelques minutes seulement après avoir reçu le message ; débarquant par la fenêtre de sa chambre chargé de tout son matériel qu'il abandonna sur le lit pour venir enlacer la brune.
« Enfiiiiin ! C'est le plus beau jour de ma vie !
-Tu m'étouffes idiot ! Et pourquoi tu t'es risqué à escalader l'arbre ? On a une porte tu sais...
-Bah...L'amour du risque tout ça tout ça...
Il se mit à rire. Nous étions samedi matin et le célèbre duo d'Amoris devait arriver aux alentours de quatorze heures, ce qui laissait largement le temps à l'arc-en-ciel sur pattes de s'occuper de Lily.
-Mais dis-moi, quel Ô grand miracle t'a fait changer d'avis ?
-J'ai désespérément essayé d'en faire quelque chose ce matin mais même avec une queue-de-cheval basse on voit les différences de longueurs...
-Je vois... Tu as pourtant de beaux cheveux ! Je vais couper les pointes abîmées et te faire un soin.
-Laisse ma mèche longue par contre, s'il te plaît. »
Il acquiesça en silence. N'étant pas dans son salon c'est la grande fée du système D qui lui permit de travailler correctement, en emmêlant des cheveux autour d'un peigne pour les faire tenir à défaut d'avoir des pinces, par exemple. Erwan raccourcit la masse ébène jusqu'à la poitrine de son amie puis effila sa mèche de manière à ce qu'elle puisse la mettre devant ses iris quand bon lui semblait ou alors la faire tenir sur le côté et dégager sa vue. Elle le remercia d'une étreinte et d'un paquet de chocolats avant de, voyant midi approcher, l'inviter à déjeuner en sa compagnie.
« Tes parents sont déjà partis ?
-Ouaip'. Ils ont pris le train hier soir et reviennent lundi.
-Tu veux rester à la maison ce week-end ? Mathilde en serait ravie tu sais.
-J'te remercie mais je dois m'occuper de Metty et de...ça, souffla-t-elle en désignant Bouboule qui venait de foncer dans le pied de la table avant de s'enfuir, effrayé. Et puis des amis de mon lycée viennent cette après-midi, on a un devoir à faire ensemble.
-Oh mon dieu, Lily se sociabilise !
S'écria le coiffeur en riant tandis qu'elle lui lançait un torchon sur la tête.
-Et mais attends, c'est TOI qui vas faire à manger là ? Mathilde ! Les enfants ! Je vous aime, pardon, on m'empoisonne ! »
Erwan était tellement subjugué par ses idioties mélo-dramatiques qu'il en tomba de sa chaise, déclenchant un fou-rire chez l'adolescente. Elle se contenta finalement de cuisiner des pâtes à la sauce bolognaise déjà préparées par sa mère en les mettant au micro-ondes et enfourna une pâte à gâteau toute prête où elle n'avait eu qu'à rajouter du lait et deux œufs. Cela prêt, ils se vautrèrent devant la télévision et discutèrent tout en se remplissant la panse. Ils étaient tant et si bien concentrés à jacasser que le bruit des coups contre la porte d'entrée les surprirent. Déjà quatorze heures ? Elle alla ouvrir à Castiel qui entra avec un léger sourire, mais arqua rapidement un sourcil en voyant Erwan.
« Castiel, je te présente mon voisin Erwan. Erwan voici Castiel, un ami de ma classe.
-Yop' ! Bon, je vais y aller moi. Bon courage vieux, cette fille est bizarre.
-Hé !
-Mh...
-File donc avant que Mathilde ne s'inquiète.
Le plus vieux ébouriffa gentiment la tignasse couleur corbeau avant de s'en aller.
-Mathilde ?
-C'est sa fiancée, expliqua-t-elle en l'invitant à s'avancer, elle s'occupe d'une boutique de musique au centre de la ville.
Castiel retrouva un semblant de sourire. Il connaissait cette femme ; c'est chez elle qu'il achetait tout son matériel. Elle arborait presque toujours une chemise à carreaux avec des t-shirts collectors de ses groupes favoris ainsi qu'un sourire sincère et chaleureux. Il ne l'avouerait peut-être pas, mais c'était en partie le fait de voir presque trois fois par semaine sa longue chevelure d'un rouge profond qui lui avait donné envie de faire cette couleur. Des yeux noisettes, un piercing labret décalé et un autre à l'arcade. Si elle n'avait pas été plus âgée que lui et déjà avec quelqu'un, elle aurait sans doute plu au guitariste.
-En tout cas, sympas les cheveux de ton pote ! D'ailleurs, tu as coupé les tiens non ? On voit bien tes yeux.
Et ça te rend encore plus jolie aussi.
-Si, Erwan est coiffeur, c'est pour ça qu'il était là. »
À peine termina-t-elle sa phrase qu'un poids contre ses jambes déséquilibra le garçon. Il ne put empêcher son sourire de s'étirer et tapota gentiment la tête de la chienne qui le salua avant de repartir dans son petit coin. Bouboule, quant à lui, se contenta de feuler après l'inconnu avant de se réfugier derrière Améthyste.
« Elle est magnifique. Quelle race ?
-Chien-loup tchécoslovaque. Tu as un chien aussi non ?
-Yep, un beauceron. On pourrait les emmener au parc ensemble non ?
-Pourquoi pas ! Tu m'enverras un message quand tu voudras y aller, mais je t'avoue que je ne suis pas très matinale... »
Après cela, elle lui fit rapidement visiter sa demeure pour finalement le guider à la pièce qui l'intéressait le plus, sa chambre. Tous les murs étaient recouverts de dessins peints, de photographies ou bien encore de couvertures de livres. Une immense bibliothèque -remplie, de surcroît- recouvrait le mur de droite, avec un énorme koala faisant office de pouf et une petite lampe. Son coin lecture... Il sourit. Contre le mur à gauche de l'entrée un lit deux places défait avec de nombreuses peluches et son sac de cours, un bureau sous la fenêtre avec son ordinateur et un tas de bazar impressionnant, des carnets à dessins entassé, sa veste sur le siège, une commode contre le mur d'en face, quelques étagères avec différents bibelots et pour finir une télévision avec ses consoles de jeux. Il sentit son cœur s'accélérer, il pénétrait dans sa tanière, dans son monde. Elle s'excusa pour le désordre et le questionna sur la venue de Lysandre. Il n'en savait rien, mais avait un peu peur qu'il se perde. Il en est bien capable après tout, Rosa a dit qu'il s'était paumé le jour où il devait aller chez Lynn alors bon... Castiel expira doucement. Elle dégagea un peu de place sur son lit pour qu'ils puissent s'y asseoir, croisant ses jambes en tailleurs. Il hésitait. Devrait-il lui avouer ses sentiments ? Comment allait-elle réagir ? P'tain... ça me prend la tête, j'ai l'impression d'être une gamine amoureuse. Tss.
« Tu veux boire ou manger quelque chose ?
-Uh ? Non merci. Je vais envoyer un message à Lys', il devrait déjà être là.
-Vous auriez peut-être dû venir ensemble... »
Elle s'esclaffa légèrement. Il hocha la tête, enfonça sa main dans les ténèbres profonds de la poche de sa veste d'où il remonta son téléphone et pianota sur son clavier avant de le ranger. Il n'était pas doué pour exprimer ce qu'il ressentait, il ne l'avait jamais été. Lily fixait un point invisible face à elle, apparemment perdue dans ses songes. Je devrais pas... Il s'approcha doucement, déposant sa main sur sa joue pour faire pivoter son visage. Elle se laissa faire et il put se plonger dans ces yeux qu'il avait tant aimé la première fois. Il se noyait littéralement dedans. Il avait l'impression que des milliers d'histoires s'y déroulaient, que tout un univers y existait. Ses paupières battaient d'un mouvement lent, elle l'observait et le laissait s'immerger en elle, alors qu'elle œuvrait chaque jour à repousser toute tentative d'intrusion. C'est pour cela qu'elle les cachait toujours. Ses iris attiraient trop l'intention et cela la mettait mal à l'aise. Pourtant, étrangement, Castiel ne l'embarrassait pas. Il aurait pu rester bien longtemps encore à la fixer si ses deux perles métallisées ne louchaient pas autre part : sur ses lèvres. Fines, avec une petite griffure au coin supérieur gauche. Sûrement le chat, vu la sale bête que ça a l'air d'être. Il se pencha progressivement pour réaliser un nouveau désir mais elle détourna le visage. Leurs joues s'empourprèrent simultanément, quel con !, il s'en voulait et frappa son poing sur sa cuisse en grommelant dans sa barbe invisible. La brune attrapa son bras et vint baiser tendrement sa joue ; il écarquilla les yeux en rougissant d'autant plus.
« J'essaie, je te le jure. Je fais tout mon possible pour passer à autre chose, parce que j'ai des sentiments pour toi qui ne cessent de s'accroître. Mais je n'arrive pas à l'oublier, pas comme ça... Je le connais depuis l'enfance, on a toujours été ensemble. Je ne peux pas tout bonnement l'effacer de ma vie, et même si je pouvais je m'en voudrais de le faire. Et je sais aussi que, s'il revenait demain, je ne pourrais pas m'empêcher de partir avec lui ; il me manque beaucoup trop. Comme si... j'étais incapable de faire le deuil de notre relation.
-Je comprends.
Il inspira longuement, elle pencha la tête de manière interrogative.
-C'était pareil pour moi avec Debrah, elle m'a beaucoup marqué et j'ai eu du mal à tourner la page. Tu m'diras, ça fait même que peu de temps que je peux dire que j'ai vraiment réussi. Alors je peux pas t'en vouloir pour ça...
Je suis déjà heureux que tu ressentes quelque chose pour moi...
-J'attendrai, simplement. J'ai tout mon temps pour toi. »
Elle acquiesça en silence et se lova contre lui. C'est le deuxième câlin qu'elle me fait. Il décoiffa gentiment son amie en lui caressant les cheveux et serra délicatement son bras autour de sa taille. Elle avait avoué avoir des sentiments pour lui, ça lui suffisait. Elle aimait encore son ex ? Tant pis, elle l'aimait lui aussi. Castiel était connu pour être borné non ? Comme s'il allait lâcher l'affaire pour ça. Qu'il vienne ! Mais il ne l'emmènera pas cette fois-ci.
Bien vite cependant elle rompit leur étreinte et se redressa. Il n'osait pas lui demander pourquoi elle portait toujours un foulard, jugeant qu'elle avait eu assez d'émotions pour aujourd'hui. Il se releva à sa suite et se dirigea vers la fenêtre, s'y accoudant afin de contempler le chêne qu'elle, il le devina, escaladait pour sortir en douce la nuit. Finalement Lysandre arriva environ un quart d'heure plus tard -il s'était effectivement perdu- et les trois amis purent travailler dans une assez bonne ambiance. Ils avaient pas mal de cochonneries à boire et grignoter ; le victorien et la dessinatrice lançaient de petites piques au guitariste qui avait des réactions plutôt amusantes. Le duo se moqua des compétences culinaires de la demoiselle et pour finir Castiel et Lily explosèrent de rire en voyant Lysandre en pleine contemplation d'une chips. Dès que le devoir fut terminé ils s'installèrent devant la télévision pour jouer à la console -quoique Lysandre écrivait dans son coin- puis le soir ils se commandèrent des pizzas. Ils les dégustèrent en compagnie d'Erwan et Mathilde qui s'étaient incrustés ; les trois musiciens discutèrent longuement ensemble tandis que l'adolescente volait la nourriture de son coiffeur chaque fois qu'il avait le malheur de détourner le regard. La nuit était déjà tombée quand ils se décidèrent à rentrer. Ayant comploté secrètement pendant que Lily payait la nourriture, les quatre compères la contraignirent à obtempérer et accepter d'aller dormir chez ses voisins plutôt que de rester seule. Elle prit rapidement ce qui lui était nécessaire, chargea Bouboule sur ses épaules -même si une remorque aurait certainement mieux convenue- et leur emboîta le pas suivie de Metty. Elle n'hésita pas cependant à menacer Lysandre et Castiel qui partirent en riant de même que le couple, tout heureux d'avoir réussi à trouver de nouveaux alliés. Je pensais que je n'arriverais pas à m'entendre avec qui que ce soit sans toi mon vieux, et pourtant... Tu me manques, vraiment, mais ne reviens pas je t'en prie...
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• Amour Sucré Highschool Life • [Castiel] Les yeux de Lily
Fanfiction/!\réécriture en cours/!\ "Il y avait quelque chose d'hypnotisant dans son regard, une sorte de lueur étrange dont on ne pouvait se détacher lorsque, par hasard, l'on s'abandonnait à sa contemplation."