Chapitre final

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  Cela faisait un bon quart d'heure au moins que Castiel était parti, et Lysandre désespérait d'avoir des nouvelles. Il fixait la porte par laquelle étaient passés les deux jeunes hommes en tapotant nerveusement sa cuisse, avant de se décider à les rejoindre après avoir laissé un billet sur la table. Ne sachant pas vraiment quel chemin suivre, il opta pour la gauche lorsqu'il entendit un langage fleurit très commun au guitariste. Le chanteur suivit donc le bruit pour découvrir une scène assez... étrange. Olympe était au sol, couvert de sang et littéralement mort de rire alors que Castiel le martelait de coups en l'insultant.

« À côté de Joy, tu frappes vraiment comme une fillette. »

Le brun s'était apparemment lassé de ce petit jeu, puisqu'il bloqua les poings du rouge et le repoussa violemment. Il se redressa ensuite sans paraître le moins du monde gêné par ses blessures et essuya un peu de sang au coin de ses lèvres, avant de tourner les talons et inviter les deux garçons à le suivre. Les musiciens se regardèrent, déboussolés, mais c'était là leur seule chance de voir Lily. Ils se mirent donc en route tout en jetant de sales regards à leur guide, Castiel ne pouvant s'empêcher de jurer toutes les cinq minutes. Ils arrivèrent rapidement au pied d'un grand immeuble assez luxueux, il fallait le reconnaître, et prirent l'ascenseur jusqu'au deuxième. La première porte qu'ils virent fut celle qu'Olympe déverrouilla, et le trio se retrouva dans un appartement assez moderne plus grand que la plupart des maisons, comportant même un étage.
Lysandre commençait à se perdre dans ses pensées : comment était-il arrivé là ? Pourquoi Olympe était si... spécial ? Que diable faisaient-ils chez lui alors qu'il venait de se battre avec Castiel ? Il eut sa réponse en remarquant un corps sur le canapé, enroulé dans un plaid blanc avec une peluche dans les bras. Le propriétaire du loft s'éclipsa afin de prendre une douche sans se soucier des deux inconnus chez lui, tandis que le pseudo-rebelle s'approchait d'une Lily profondément endormie. Elle tiqua à peine lorsqu'il passa ses doigts sur sa joue, et ne fut pas non plus réveillée par le baiser qu'il déposa délicatement sur ses lèvres, une larme à l'oeil -mais ça, Lysandre ne le vit pas. Lui restait en retrait, se sentant de trop dans ces retrouvailles. Après une bonne vingtaine de minutes, Olympe réapparut couvert d'un boxer et de nombreux bleus et se dirigea nonchalamment vers sa cuisine, commençant à farfouiller dans le frigo sous les regards étonnés des deux amis. Il s'en fiche complètement qu'on soit là... ou je rêve ?  Le rouge était sur le point de dire quelque chose lorsque la demoiselle daigna enfin ouvrir les yeux, baillant longuement avant de remarquer la présence de deux personnes en plus. Elle manqua d'ailleurs de tomber en constatant qu'il s'agissait de Castiel et Lysandre, se rattrapant de justesse à ce dernier qui entre-temps avait terminé assis à côté d'elle -Castiel étant au pied du canapé, occupé à caresser ses cheveux. Elle agita la tête comme pour remettre ses idées en place, puis se pelotonna contre le chanteur sans même s'en rendre compte. Olympe éclata de rire devant la mine déconfite de Castiel, venant ensuite se poser sur un fauteuil en face d'eux avec un bol de pop-corn sur les genoux.

« Alors, vous n'êtes pas contents de la voir ? Vous lui manquiez en plus, elle fixait souvent son téléphone d'un air triste. D'ailleurs...
Le brun se pencha en avant pour attraper le téléphone de sa...copine ? s'amusant à regarder ses photos notamment. Un fou-rire le prit alors qu'il reposait l'objet où l'on voyait Castiel dans une belle robe rose avec des oreilles de loup. Lysandre dû se retenir de ne pas au moins sourire, Lily était toujours en phase d'éveil et Castiel commença à s'énerver.
-Comment t'as eu ça ?! Et toi, la ferme ! Merde Lily, pourquoi tu viens plus ? Pourquoi tu restes avec lui ?
-...On est quel jour, déjà ?

Énième rictus moqueur d'Olympe, Castiel de son côté hésitait entre se frapper contre un mur ou lui jeter de l'eau au visage.
-Inutile de t'énerver Cass, ça ne fera pas avancer les choses.
-Tu sais, si elle avait été le Petit Chaperon Rouge, je me dis qu'elle aurait probablement mangé le loup.
-...

Le rose monta aux joues du ''loup'', cette fois son ami laissa ses lèvres s'étirer légèrement. La phrase était pleine de sous-entendus qu'il aurait, en d'autres circonstances adoré entendre.
-Si vous voulez un topo rapide, j'en ai eu ma claque de rester dans mon coin et je me suis délibérément montré. Elle vit chez moi, parce qu'elle en a envie et non par contrainte. Je ne l'empêche absolument pas d'aller en cours ou autre.
-Pourquoi...Castiel et Lysandre sont là, en fait ? Tu as encore fait des conneries ?

Les garçons haussèrent un sourcil, elle se décidait enfin à parler ?
-C'est plutôt toi pour le coup ! Quelle idée de faire la morte et déserter les cours pour rester ici ?
-...Réflexe ? Enfin... je suis désolée... je sais pas. Là tout de suite, j'ai principalement faim. »


L'aîné du groupe mangeait avidement ses pop-corn en se bidonnant, tandis que les deux autres fixaient Lily comme un extra-terrestre. Plus à l'ouest tu meurs. La dessinatrice se releva donc toujours emmitouflée dans sa couverture, se déplaçant jusqu'à la cuisine pour y trouver un paquet de biscuits ainsi qu'une trousse de soins posée sur la table. Elle proposa de la nourriture aux « invités » qui refusèrent, puis largua sa cape sur le tapis afin de venir mettre de la pommade sur les bleus de Olympe ; ce dernier ne perdant pas un instant pour lancer des regards lourd de sens à un Castiel au bord de l'implosion. Néanmoins cela fut de courte durée car Lily lui donna un grand coup à l'arrière de la nuque qui le fit grogner, avant de lui tourner le dos pour plonger ses iris ambrés dans ceux gris acier de son ami.

« J'ai pas vraiment d'excuses ou d'explications à donner, Castiel. Ça fait un an que j'attends de le revoir, que je sais qu'il me suit et qu'il me frustre en ne se montrant pas !
-C'est parce que tu m'ai...
-Oh ta gueule on sait.

Nouvelle tape sur le crâne, et elle était loin d'y aller de main morte en plus.
-Bref. Je sais que je n'aurais pas dû partir comme ça, sans donner de nouvelles et en laissant ma mère dans cet état, mais il me manquait vraiment, j'ai pas beaucoup réfléchit.
-Pas du tout même.
-...Ouais. Et si j'étais sincère, je devrais rajouter que je n'avais pas envie de répondre pour deux raisons : j'avais juste envie d'être avec... ça, et en même temps je voulais vous voir. Te voir, mais j'avais peur qu'il parte pendant que j'étais ailleurs.
-J'ai dû lui filer des somnifères en douce pour qu'elle ne me suive pas au bar ce matin.
-Un jour je mettrai du poison dans ton verre, tu le sais ça ?
-Tu n'oserais pas.
-Tu veux essayer ?

Castiel découvrait une nouvelle facette de sa personnalité. Elle avait l'air plus vive, et ils se chamaillaient pour un rien apparemment, ce qui le rendait extrêmement envieux. Lui aussi voulait ce genre de relation avec elle, mais il avait conscience que ses sentiments ne seraient jamais aussi forts. Elle lui avait déjà dit que s'il revenait, elle n'hésiterait pas. Pourtant elle semblait refuser de s'asseoir, préférant être debout entre eux deux, comme un symbole de son hésitation. Et, chose étonnante, c'est Olympe qui la poussa à aller s'installer entre les musiciens.
-Je suis un peu paumé, là. Li... Hally, tu comptes vraiment rester là jusqu'à ce qu'il se casse ?
-Non... Je comptais revenir d'ici deux ou trois jours.

Elle allait continuer sur sa lancée mais Olympe décida de la faire taire en lui balançant un oreiller sur le visage, posant son bol vide sur le sol avant de se lever. Il lui ébouriffa gentiment les cheveux avec un sourire extrêmement tendre qui perturba Castiel, puis planta son regard chocolat sur celui-ci.
-Si ça t'intéresse, elle était en panique de te faire faux bond comme ça. On avait des choses à se dire, et à faire... Maintenant c'est ok. »

D'un côté il y avait Lysandre qui ne se sentait pas du tout à sa place, se questionnant quant au fait de tenir la chandelle ou la hache de guerre ; et de l'autre Castiel complètement confus et déstabilisé. Une aura étrange semblait entourer Olympe, et Lily avait l'air différente. Même s'il n'appréciait pas son comportement vis à vis de cette histoire, il avait quand même très envie de découvrir cette nouvelle partie d'elle qu'il voyait avec son ex. Elle le dévisagea timidement, alors il ne put s'empêcher de lui sourire et de venir embrasser son front. Lysandre fut un peu surpris de cette démonstration qu'il trouva touchante de la part des deux prétendants, tandis qu'Olympe affichait un visage rassuré. Metty trouva que le moment était parfait pour descendre de l'étage afin de réclamer sa pitance, ce qui fit grogner le propriétaire de l'appartement qui céda néanmoins et retourna à la cuisine. La dessinatrice esquissa un petit sourire avant d'aller dans ce qu'il semblait être une chambre, prenant ses sacs avant d'appeler sa chienne -qui mastiquait encore ses croquettes- et inviter le duo à la suivre. Olympe se contenta de hocher la tête lorsqu'ils passèrent la porte, faisant un petit clin d'oeil à Castiel.


• • •


Le mois de juillet arriva bien vite, laissant au loin les interminables examens et la sonnerie abrutissante du lycée. Même Castiel obtint son diplôme, et ce bien qu'il passa une grande partie de son temps à veiller sur Lily. Olympe n'avait pourtant pas refait des siennes, mais le pseudo-rouquin s'inquiétait sans cesse. Il se rendit cependant compte que, si la plupart d'entre-eux allaient poursuivre leurs études à Antéros Académie, Lily elle allait partir. Elle n'irait pas si loin que ça, certes, mais le jeune homme supportait difficilement l'idée de ne plus la fréquenter quotidiennement. Le guitariste enfonça un poing rageur dans le banc sur lequel il se reposait, attendant que Démon se lasse de jouer avec les autres chiens du parc. Déjà qu'il était de mauvaise humeur, mais voilà qu'apparaissait à l'horizon cette enflure d'Olympe. Ce dernier se déplaçait nonchalamment, le dos bien droit, et savoura avec amusant les quelques mètres qui le séparaient encore de Castiel. Celui-ci avait beau fulminer intérieurement, il laissa son "ennemi" prendre place à ses côtés et se mura dans le silence.

« Hey, honey... roucoula le métisse en guise de provocation, je t'ai manqué ?
-Qu'est-ce que tu me veux ?
- Parler. Tu sais, après plus d'un an à la suivre de loin, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus continuer comme ça. Je sais qu'elle s'en va, je sais que ça vous fait peur à tous les deux. Mais si tu as confiance en elle et que tu l'aimes vraiment, tu supporteras tout ça. De la voir libre, qu'elle ne soit pas toujours présente, qu'elle puisse tout donner pour les gens qui l'entourent... Moi, je n'en peux plus. J'te la confie Castiel, t'as intérêt à prendre soin d'elle. 
»

Le rouquin aurait voulu répliquer, lui dire d'aller se faire foutre, qu'évidemment il l'aimait et prendrait soin d'elle... Mais Olympe ne lui en laissa pas l'occasion : il se pencha pour murmurer quelque chose à son oreille, puis se releva afin de partir, un sourire aux lèvres. 
Castiel semblait comprendre, enfin, le fonctionnement de ces deux énergumènes. Il réalisait seulement tout le poids de l'amour d'Olympe, toute la force du lien qui les unissait, et il se demanda alors s'il était à la hauteur. Il aimait Lily, oui, mais il ne se sentait pas prêt à entretenir une relation avec un fantôme. Cependant, c'était ce qu'il désirait. Castiel décida de faire de son mieux, parce qu'elle en vaut le coup. Il ne comptait pas l'abandonner.


• Amour Sucré Highschool Life • [Castiel] Les yeux de LilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant