Je ne devrais pas - Chasseurs D'ombres T2

1

- Mercredi, 16h 45. Evan.

Je soufflais alors que mes bras meurtris me firent grimacer. Les entraînements étaient de plus en plus intense, Gô était constamment dans mon dos et Erik n'arrêtait pas d'enfoncer le clou. J'étirais le dos, me courbant vers l'avant alors que mes dons se régénéraient en moi.

En un an, j'avais appris à me maîtriser, à gérer l'afflux de mes pouvoirs et à savoir quoi faire et quand. Gô avait été le professeur parfait, attentif, patient et strict. Erik, quant à lui, m'avait enseigné les dons de guérison avec minutie. Je n'étais plus le gamin qu'il avait rencontré : je m'étais nettement amélioré.

Je soupirais en se redressant alors que Gô me faisait face, séchant son visage à l'aide de sa serviette bordeaux. Je pouffais : je la lui avais offerte une vingtaine de jours auparavant, pour son anniversaire. Il haussa alors un sourcil et je secouais la tête.

- Un problème, petit ? demanda-t-il en se rapprochant.

- Aucun patron, marmonnais-je tandis qu'il se plantait face à moi.

- On va vérifier ça...

Rapidement, je me décalais sur le côté. Ses doigts avaient essayé d'agripper mon haut. Je déglutis : c'était reparti pour cinq minutes du jeu du chat et de la souris. Un sourire prit naissance sur mon visage. Nous nous tournions autour comme des lions en cage, dos arqués et les yeux surveillant chacun de nos mouvements. Il m'avait énormément entraîner au corps à corps. Mes mouvements de combat étaient devenus plus précis, plus réfléchis. Je ne me jetais plus les yeux fermés dans une bagarre, je prenais le temps de savoir à qui j'avais à faire. Pourtant, face à Gô, c'était toujours la même rengaine. En douze mois, j'avais eu le temps de progresser, de devenir une personne meilleure, plus forte mais je ne lui arrivais toujours pas à la cheville. Et cela se confirma plutôt rapidement.

Il sauta en avant, je reculais,trébuchais et roulais sur le dos. Je me remis pourtant sur pieds, poings face au visage. Je le regardais alors qu'un sourire déformait son visage. Oh non... Une cordelette verte s'enroula alors autour de ma cheville, tirant avec force dessus. Évidemment, je tombais sur le sol et poussais un grognement de douleur. Mais le combat n'était pas terminé. Gô se précipita vers moi et tenta vainement de me plaquer au sol. Sauf qu'au fil du temps, j'avais compris ses techniques. Je roulais sur le côté puis l'entendais râler. Je ricanais et me relevais, arrachant au passage son fil de mon mollet. Sa magie m'avait toujours atteint et la petite marque qu'elle laissa sur ma peau me fit rouler des yeux. J'en avais déjà une dizaine éparpillées sur le corps. Je me concentrais à nouveau, n'ayant aucunement le temps de me mettre à faire la liste de toutes mes blessures superficielles.

Gô se jeta sur moi, bras en avant. Je tentais de parer son coup mais son poing s'enfonça dans ma mâchoire alors que son genou rencontrait plus violemment mon abdomen. Je me pliai en deux, n'arrivant plus à respirer. Je crachais, inspirais du mieux que je pouvais alors que la douleur éclatait dans mon corps. C'était rare qu'il frappe aussi fort, très rare. Mais là, ils'était défoulé. Je me laissais tomber sur les genoux, tête plaquée au sol alors que je respirais de manière aléatoire. Mes poumons me brûlaient, mon ventre s'était dissous sous le coup. Gô s'excusa mais je ne l'écoutais pas. Je ne lui en voulais pas : j'étais là pour m'améliorer. Mais merde, quand-même !

Une porte claqua alors et mon prénom résonna dans la salle. Je grimaçais en entendant des pas rapides sur le sol en béton du gymnase. Je n'avais pas quitté la planque de Gô, je m'y sentais à la maison. Je fermais les yeux, refoulant les larmes qui apparaissaient déjà. La maison... Je secouais la tête et ignorais tous ces souvenirs que refaisaient surface. J'ouvris la bouche, aspirant le plus d'air possible alors que deux mains se plaquaient sur mes épaules, me forçant à me redresser. Puis mes yeux tombèrent dans ceux d'Erik, écarquillés. Ses doigts palpaient ma peau alors qu'il vérifiait chaque parcelle de mon minois, prenant le temps d'être sûr que je n'avais rien.