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- Mardi, Jey.

J'étais de retour à l'infirmerie. Mes doigts tapaient mollement la couverture dans laquelle je m'étais glisser. Erik tentait de retrouver Evan avec l'aide de Gô. Quant à Fay, il gardait la porte de ma chambre pour être certain que je n'allais pas m'enfuir. Partir pour faire quoi ? Aucune idée mais je ne m'en préoccupais pas. Je cherchais juste à comprendre ce qui s'était passé dans la tête d'Evan. À comprendre ses réactions. Pourtant, rien ne me paraissait clair comme de l'eau : c'était trouble, insensé. Et puis merde, comment avez-t-il fait pour disparaître alors que tous s'accordait pour dire qu'ils ne leur avaient jamais appris ?! Je soupirais en m'enfonçant dans le lit. Le dragon pendu à ma chaîne me brûlait la peau mais je n'en tenais pas compte. La réaction qu'avait eu Erik m'avait surpris. Je me doutais qu'il n'apprécierait pas mais son coup m'a retourné. Il me haïssait tant que ça ?

Je pouffais : bien sur qu'il me détestait, il avait sûrement déjà rêvé de me tuer de ses propres mains. Et c'était logique. La nostalgie vint englober chacun de mes sentiments et je me relevais de mon lit, me dirigeant lentement vers la fenêtre. J'avais mal partout, à chaque endroit possible. La magie d'Evan avait eu un certain impact, me permettant de mieux me déplacer mais pour le reste, j'étais toujours autant pitoyable. Je m'appuyais contre le rebord et l'ouvris en grand. L'air frais entra dans la salle, me faisant soupirer d'aise. Je me sentais enfermé comme un chien en cage. Comme un esclave forcé d'exécuter les ordres. Et ça ne me plaisait pas. Néanmoins, pour une fois, je la fermais et laissais Gô choisir pour moi, pour ma santé. J'aurai dû mourir à de nombreuses reprises lors de cette dernière année mais ce n'est pas arrivé. Parce que la seule chose qui me permettait de tenir, c'était Erik. Et le pardon que je voulais qu'il m'accorde. Concept que je n'obtiendrai jamais mais je m'y accrochais. Peut-être trop.

Or, j'aurai dû me douter qu'il était avec Evan. J'aurai dû le savoir. J'avais entendu dire que l'« Exception avait trouvé son lié » et Erik était la personne qui lui convenait le mieux. Je baissais les yeux vers le sol mouillé. Il avait plu pendant une dizaine de minutes quand Evan s'était volatilisé. Ma main vint frotter doucement ma nuque, tentant de faire disparaître le point de douleur qui s'évertuait à rester. Il faudrait que je lui parle de celui-là, il devenait gênant dans chacun de mes mouvements. Un rire m'échappa. Il ne voulait plus que je l'approche. Il ne voulait plus de moi. À qui la faute aussi ? Je grimaçais. Il y a un an, le plan était ma priorité, Evan devait mourir pour le bien de tous, mais surtout, pour moi. Et aujourd'hui, je me trouvais incroyablement con.

Erik avait été le plus intelligent, il avait su faire les bons choix quand je gardais les yeux fermés face à toute cette histoire. J'avais préféré jouer l'aveugle devant cette situation qui nous échapper pour ne pas souffrir, pour ne pas regretter, pour ne pas tout arrêter. Je voulais devenir puissant, le meilleur. Avide de pouvoir, je l'étais. Avant. Maintenant, je ne cherchais qu'à oublier tout ça, oublier la peine, la douleur, la haine sur le visage d'Evan. Je ne voulais plus me souvenir de ce soir-là, je voulais effacer chaque seconde, chaque mot prononcé. Tout supprimer. Mais ce n'était pas possible, je devrais continuer de vivre avec ça. Avec les yeux verts d'Evan remplis de colère à mon égard. Je le méritais. Sauf que c'était dur à supporter. J'étais tombé amoureux mais je ne l'avais réalisé qu'une semaine après qu'il soit parti définitivement. Trop tard en somme. Le groupe s'était alors dissous quand j'avais commencé à devenir fou, réellement fou. Je voyais Erik et Evan partout, je croyais entendre des voix, j'étais perturbé par le moindre changements dans mon environnement et si je n'obtenais pas ce que je désirais, je devenais violent. Lucy et Ashton furent les premiers à me laisser, emportant avec eux leur pendentif au cas où. Je n'ai pas compris mais j'ai laissé faire. Karl n'était jamais réapparu après sa capture. Et il n'était pas ici alors je n'avais aucune idée de ce qu'il faisait de sa vie maintenant. Puis il y avait Greg et Will. Le premier avait suivi les deux amis de près et Will m'avait aidé à réaliser que j'étais un salaud avant de partir après que je l'eus frappé. Pour la mauvaise cause : je devais me défouler et il avait été le seul présent. Triste histoire. J'avais été abandonné petit à petit par ma bande de potes. Et je le méritais. Je ne méritais que ça.

Je ne devrais pas - Chasseurs D'ombres T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant