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Je relâchais son t-shirt et m'écartais. Des coupures, des hématomes, des morsures, des griffures, de tout. Son torse était parsemé d'un millier de contusions plus horribles les unes que les autres. Des pansements étaient étalés un peu partout mais rien n'était réellement soigné. C'était noir, purulent, saignant et tellement hideux. Cette vision me donnait la nausée, malgré la colère que j'éprouvais contre lui. Je secouais la tête, supprimant cette image. Comment pouvait-il encore tenir debout ? C'était impressionnant... Jey soupira alors, replaçant son haut correctement tandis que je levais mon regard vers lui, les sourcils froncés. Je tiquais.

-Tu ne devrais pas être là, crachais-je en me rappelant des mots de Gô. Interdiction de sortir de l'infirmerie, tu comprends pas ?

-J'ai du mal avec l'autorité, ricana-t-il. Et il n'y a pas d'infirmières sexy.

-Oh s'il te plaît, on sait tous les deux que tu es plus branché mec, me crispais-je tandis qu'il haussait les épaules. Retourne dans ta chambre avant qu'ils ne voient que tu as disparu et qu'ils mettent ta tête à prix.

-Carrément, ils vont même organiser une chasse aussi ?,lâcha-t-il avec ironie et je serrais mes poings.

-Tu te promènes en liberté et ça ne plaît à personne de savoir que tu cours sans surveillance, répliquais-je.

-Comme si ils en avaient quelque chose à foutre...

-Tu es un danger ! Tout le monde a été mis au courant que tu es une menace et que tu dois rester à l'infir...

-Je me sentais étouffé, siffla-t-il en me fusillant du regard. Et je n'ai jamais demandé à foutre un pied ici.

-Je ne l'ai jamais souhaité aussi, ricanais-je en m'écartant, les épaules tendues. J'avais espéré ne plus te revoir.

-Tu n'en penses pas un mot, marmonna-t-il alors que ses yeux devenaient plus sombre.

-Détrompe-toi, souris-je avec narquois, me redressant pour le toiser de haut. Je te hais. Et dès que tu seras soigné, tu repartiras bien loin.

Ses sourcils se froncèrent tandis que ses yeux atteignaient une couleur qui frôlait le noir. Sa mâchoire, crispée, prouvait que mes mots étaient durs. Mais ils sonnaient terriblement juste. Je le haïssais. Mais mes sentiments étaient encore là, à se battre pour renaître. Chose que je refusais, coûte que coûte. Jey secoua la tête et ses doigts passèrent dans ses cheveux. Il n'avait pas perdu cette habitude. Mon cœur se serra désagréablement.

Je voulais le toucher, le sentir contre moi. Je voulais que ses bras m'encerclent, que ses lèvres se déposent sur ma peau. Je voulais qu'il me caresse, qu'il dorme contre moi. Je désirais revenir à ce passé idyllique que j'avais connu. Or, c'était impossible. Je me mordis durement la lèvre, revenant brusquement à la réalité. Plus jamais cela ne se reproduira. Je me l'interdisais, je n'allais pas retomber entre ses bras.

Mais lui même déjà ne le voulait plus. Ne l'avait sûrement j'avais voulu. Je n'étais plus rien à ses yeux, il me l'avait clairement signifié à l'infirmerie. Alors pourquoi continuais-je de me faire autant d'espoir ? Pourquoi voulais-je toujours croire en quelque chose d'inatteignable ? Je reculais d'un pas, la brûlure de mon cœur étant trop forte. Je voulais décompresser, j'étais ici pour évacuer tous ces sentiments qui allaient finir par me rendre complètement fou. Mais il venait encore foutre le bordel.

-Il faut qu'on parle Evan, lâcha alors Jey en plantant ses yeux dans les miens.

-Tu te fous de moi ?, soufflais-je, surpris. Qu'on parle ? Tu aurais dû le faire il y a un an, me crispais-je en le voyant s'approcher doucement.

Je ne devrais pas - Chasseurs D'ombres T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant