Je ne devrais pas - Chasseurs D'ombres T2

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Un an plus tôt

Les larmes aux yeux, je descendais les escaliers pour rejoindre mon père au salon. Un verre entre les doigts, un sourire aux lèvres, il me suivit du regard quand je m'affalais par terre, devant la table basse. Je ne comprenais rien. Les coudes appuyés contre le meuble, j'enfonçais mon visage entre mes mains. Jey n'avait pas réellement pu agir ainsi. Il ne pouvait pas blesser quelqu'un, ne pouvait pas faire de mal à tord. Toute cette histoire n'avait ni queue ni tête.Je hoquetais en me sentant m'effondrer de l'intérieur. Pourquoi ?...

- Pleure pas pour cette merde, grogna mon père en coupant le silence. Ce n'est qu'une loque.

- Ne dis pas ça, hurlais-je en relevant le visage. Il n'est pas...

- Il a voulu tuer ma sœur Evan, tu le réalises ça ?, répliqua-t-il en se levant, me surplombant de son corps. Il l'a violé, battu pour ensuite tenter de la tuer. Ce n'était qu'une gamine de vingt quatre ans et lui, du haut de ses quinze ans et son titre de leader, il a cru avoir tous les pouvoirs ! C'était un putain de gosse mais tout le monde le voyait plus âgé ! C'était un sale enfoiré, il a désiré la tuer ! Tu le comprends ça ? J'ai tout vu ce jour-là ! Il avait un pistolet pointé sur son front et il a voulu appuyer sur la gâchette !

- Arrête, tu mens, marmonnais-je alors qu'il continuait son récit. Tu mens, ça ne peut pas être possible.

- Une balle entre les deux yeux, c'est la seule chose qui faisait battre son cœur de merde ! Il prenait son pied ! Je suis intervenu à temps et je l'ai fracassé contre un mur. J'ai eu de la chance de pouvoir sauver ma sœur, une chance de fou ! Je ne sais pas si tu réalises ce qu'il est capable de faire à la fin !

- Il n'est pas comme ça papa !, tentais-je de dire mais mon père ne voulait rien entendre.

Et plus il parlait, plus mon cœur s'effondrait, s'éclatait contre le sol. C'était vrai ? Jey avait vraiment fait ça ? Je ne voulais pas y croire, je ne le pouvais pas. C'était trop douloureux, trop puissant que ça en éclatait mon cœur. Ce n'était pas un violeur. Ni un assassin. Il n'avait pas osé toucher à un membre de ma famille. J'en étais convaincu. C'était improbable. Pas ma famille. Certes, je ne voyais jamais ma tante, je ne m'entendais pas forcément bien avec elle. Mais la famille, ça reste la famille.C'est une partie de soi, quoi qu'on veuille en dire. Et d'imaginer Jey... Je retins de justesse un haut-le-coeur. Improbable. Il n'était pas comme ça. Non. C'était un garçon doux, attentionné et qui aimait les autres de tout son cœur. J'étais certain de ça. Il pouvait avoir changé. Ça devait être ça.

- Il a bousillé mon enfance avec ses conneries ! Il a détruit toute ma vie et il a fait basculer ma sœur dans une dépression ! Tu crois que c'est normal ?, cria à nouveau mon paternel et son regard se planta dans le mien.

Les larmes aux yeux, il se retenait d'éclater. Ses sentiments m'explosaient à la figure. Il était sincère, il croyait chacun de ses mots. Il ne mentait pas, il se brisait sous mes yeux pour me raconter cette histoire. Il y mettait une telle force qu'il me convainc. Jey était une ordure. Une merde comme jamais je ne pourrais en croiser.

- En plus, il a tué Peps. Et tu le sais aussi, grinça-t-il en passant une main dans ses cheveux et mes yeux s'écarquillèrent.

- Non, il l'a sauvé...

- Certainement pas !, me coupa mon père en criant que je sursautais. Il l'a buté comme il a voulu le faire avec ma sœur ! Il t'éloigne de ta sœur, de tes amis pour ta garder pour lui jusqu'au jour où il te lâchera comme une merde ! Ce type est un monstre et je veux que tu t'éloignes de lui ! Tu ne dois plus le voir ! Jamais ! Il a voulu tuer ma sœur, lui a fait vivre des horreurs, a tué notre chien et t'a fait perdre tes amis ! Tu crois réellement pouvoir aimer quelqu'un comme ça ?