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- Vendredi, 10h. Evan.

J'inspirais longuement tout en cherchant un échappatoire dans cette salle lugubre. Et bien trop étouffante à mon goût. Gô m'envoya son coude dans les côtés et je grognais. Je n'étais pas à l'aise alors pourquoi enfonçait-il le clou ? Erik, assis de l'autre côté de l'armoire qu'était notre aîné, tenta de parler mais Gô plaqua sa main contre ses lèvres. Je pouffais et sa main cogne l'arrière de mon crâne. Je baissais la tête, gêné. J'avais l'impression d'être un bambin se faisant gronder par son père : c'était humiliant.

« On a vraiment pas l'air malin comme ça, ricana la voix d'Erik dans mon esprit.

-Non, c'est certain !, riais-je aussi pus je repris mon sérieux. J'étouffe ici, c'est horrible, vivement que l'autre nous prenne.

-T'en fais pas, on va bientôt pouvoir aller le voir. Et ensuite, terminé, on sort et tu seras à l'air libre.

-Vite alors, avant que je ne devienne fou...

-Attends. »

Je fronçais les sourcils alors qu'il ne répondait plus à mes questions. Ses barrières étaient toujours baissés mais je n'arrivais pas comprendre ce qu'il se tramait dans son esprit. C'était flou, chaotique et superflu. Je secouais la tête quand enfin, je réussis à voir ce qu'il lui prenait. Et je me retenais de faire tout commentaire. Erik s'appuya alors contre Gô, laissant sa tête tomber contre son épaule. Ce dernier fronça les sourcils et je me mordis la lèvre, m'empêchant d'éclater de rire.

« C'est pitoyable, soufflais-je dans son esprit.

-Tais-toi ! rit-il en me faisant un clin d'oeil. »

-Je ne sais pas ce que vous trafiquez tous les deux mais vous me faites peur, gronda Gô en repoussant Erik qui couina.

-Mais rien, je voulais juste attirer ton attention, minauda Erik en attrapant le col du pull de Gô. Tu sais que tu es attirant et tout ça. En fait, l'ambiance d'ici me donne vachement envie de te parler de quelque chose qui me...

-Erik, tu commences à être bizarre, marmonna Gô en le repoussant d'une main.

-Quoi ? Mon amour ne te convient pas ? Tu veux peut-être que je sois plus brute ?, ajouta-t-il avec un sourire narquois et j'éclatais de rire.

-Arrête ça !, cria Gô en changeant de place, se mettant à ma gauche. Et toi, tu ne rigoles pas !

Je lui tirais la langue alors qu'Erik prenait place à côté de moi, laissant ma tête se poser contre son épaule. Nous étions dans la salle d'attente d'une maison en bois pourris. Déjà qu'elle était située dans une forêt, perdue au milieu de tout, il avait aussi fallu qu'elle soit en bois noir, sombre. L'intérieur n'était quasiment pas éclairé et le peu de lumière qui entrait par les fenêtres lui donnait un air encore plus lugubre. Gô nous avait prévenu que Rath était un solitaire et qu'ainsi, il était rare pour lui de sortir plus de deux heures.

Je soupirais épuisé : hier, je n'avais pas cessé de m'entraîner avec Erik et je commençais à ne plus suivre le mouvement. Heureusement qu'aujourd'hui nous avions rendez-vous avec Rath, je n'aurai pas tenu la journée. Je déglutis quand enfin, la porte s'ouvrit sur un homme plutôt grand, fin et habillé d'un costard d'une couleur bleue foncée. Il devait facilement avoir soixante dix ans. Je me redressais, suivi rapidement d'Erik. Gô se leva et lui serra chaleureusement la main. Tous les deux avaient le sourire et ils discutaient, arborant une mine sincère. Erik me donna un coup d'épaule mais je ne le regardais pas.

« Ils se connaissent, c'est louche, non ?, demanda-t-il.

-Non, Gô m'avait prévenu. Et puis, je lui fais confiance.

Je ne devrais pas - Chasseurs D'ombres T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant