Je ne devrais pas - Chasseurs D'ombres T2

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Tout était flou. Mes yeux se fermaient, ma peau me faisait souffrir et ses dents brûlaient ma chair. Pourtant, le cri d'agoni qu'il lâcha me rendit ma liberté. Son emprise disparut alors qu'il reculait, les épaules secouées de spasmes. Ses yeux étaient grands ouverts, enfoncés dans les miens alors qu'un liquide rougeâtres'échappait d'entre ses lèvres. Bien vite, mes yeux se posèrent sur son torse, d'où sortait une longue lame taillée dans de l'argent. Sans m'en rendre compte, je tombais à genoux, bouche grande ouverte alors que je reprenais mon souffle, les yeux toujours rivés vers cet enflure. La douleur que je ressentais était atroce. Je n'arrivais pas à la contenir et ma magie n'arrivait à rien. J'étais épuisé, je souffrais et je regardais mourir le fantôme sans réellement comprendre ce qui se déroulait.

Fay vint alors appuyer ses doigts sur ma plaie alors qu'il déblatérait un flot de paroles incompréhensible. Ma tête tournait. J'expirais alors que l'entité disparaissait dans un halo verdâtre. Je ne la reverrais plus. J'inspirais en me laissant tomber contre Fay dont un bras venait retenir mon corps. Erik n'allait pas tarder. Je gardais les yeux entrouverts, j'allais voir qui était mon sauveur. J'allais remercier une des personnes du groupe de Fay de m'avoir sauvé alors que je n'avais pas réellement cru en eux.

Mais ce n'était pas du tout la personne à laquelle je m'attendais. Il n'était pas du groupe de Fay, il n'était pas sous les ordres de Gô, il n'était pas de la planque tout court. Mais je le connaissais. Mon cœur s'emballa, mon ventre se retourna. J'étais à deux doigts de vomir. Tout remontait, tout refaisait surface alors que je venais de me voir mourir. Il venait de me sauver alors qu'il avait voulu me tuer un an auparavant.

Quand ses iris vertes se déposèrent dans les miennes, mon corps se figea. Je devais rêver. Il ne pouvait pas être vraiment là, devant moi, sur ses deux putains de jambes. La panique commença à me submerger, mon corps à trembler et Fay tentait de me calmer, pensant que c'était le contrecoup de ce que je venais de vivre. Mais ce n'était pas ça ; c'était sa présence à lui. À ses deux yeux qui me regardaient, complètement stupéfiés. Je déglutis, ignorant les appels vains de Fay. Mon cœur se serra en le voyant faire un pas dans ma direction.

Et ma magie prit la fuite, me défendant sans prendre garde au reste. Des filaments se mirent à courir sur mes bras, brûlant les mains de Fay. Ce dernier recula précipitamment, tapant sur les fils rouges qui le suivaient durant quelques secondes. Jey, quant à lui, s'arrêta. Ses épaules se raidirent, ses poings se fermèrent. Tout son corps était en attente. Il savait ce que je pouvais lui infliger, il savait la force qu'avaient ces ridicules filaments.

Je tremblais toujours, et même encore plus en ne le voyant pas partir. Il restait planté devant moi, captant mon regard. Le bouclier que constituait ma magie ne me faisait pourtant pas me sentir en sécurité. Et la peur que je lisais dans les yeux de Fay me tétanisait encore plus. Je les mettais en danger, je devenais incontrôlable.

-Evan !

Mes pupilles se détournèrent de Jey une microseconde pour voir Erik débouler d'un couloir et se précipiter vers moi. Mais il se stoppa net dans sa course en constatant que Jey me faisait face, que ma magie s'était dispersée autour de moi. Sa voix prononça à nouveau mon prénom. Jey inclina légèrement son visage sur le côté, regardant vaguement Erik derrière lui. Et un petit sourire vint tirer ses lèvres. Un petit sourire que je ne connaissais que trop bien. Celui qui avait hanté mes nuits de trop nombreuses fois.

Je me relevais d'un coup et bondis en avant, attrapant Jey par les épaules, mes filaments nous entourant. La lame qu'il avait sorti s'enfonça alors dans mon bras et je hurlais, en même temps qu'Erik criait mon prénom. L'impact de mon corps contre celui de Jey nous fit rouler sur quelques mètres jusqu'à rencontrer le mur de la grotte. Je grognais et me relevais, prenant rapidement du recul. Néanmoins, je nous enfermais sous une cage de magie, de ma magie. Celle qu'il n'oserait pas affronter à nouveau.