Chapitre 1

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Wyoming en Amérique au 18e siècle, l'époque de la conquête de l'ouest, des indiens et de la cavalerie. Un nouveau régiment s'était installé depuis déjà deux ans dans une plaine près d'une rivière, le fort avait été rapidement construit et il étaient en paix avec les indiens qui vivaient de l'autre côté des collines. Personne n'avait envie de déclencher une guerre.

La cavalerie était dirigée par le général Georges, un homme loyal et de paroles. Sa fille Judy l'avait suivi quand il avait été envoyé dans le Wyoming, elle était ravie de découvrir autre chose que la ville de Londres où elle s'ennuyait à mourir depuis la mort de sa mère. Une femme forte et indépendante qui avait transmis cet esprit à sa fille. La tuberculose avait eu raison de cette femme qui n'avait jamais été malade, c'était un an avant ce départ.

Judy avait dix-huit ans et un fort caractère hérité de sa mère, qui faisait à la fois la fierté et le désespoir de son père. Elle se comportait comme un homme, ne prêtant guère attention à son apparence. Sa tenue était toujours la même, une chemise blanche à manches longues, une jupe bleue marine qui rappelait les reflets de ses yeux verts, des bottes marrons, et elle coiffait toujours ses longs cheveux caramel en une queue de cheval. Son passe-temps préféré était le cheval, elle faisait de longues promenades tous les jours avec le sien, Tempête. Un bel étalon noir, le premier poulain de la jument de sa mère, il était un souvenir et un ami. Et comme à son habitude, elle alla à l'écurie le bichonner avant la promenade.

-Tempête ! cria-t-elle. Je suis là !

Le cheval releva la tête au son de la voix de la jeune fille, la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle entre dans son box et lui donna d'affectueux coups de tête. Judy lui caressa le museau en souriant et lui donna une pomme.

-On y va mon grand, dit-elle d'une voix douce.

Il comprit et resta calme pendant qu'elle le sellait, le préparant pour leur promenade quotidienne. Il piaffa d'impatience alors qu'elle terminait juste, se précipitant à l'entrée de l'écurie pour l'attendre.

-On dirait que tu n'es pas sorti depuis des jours, Tempête, le réprimanda-t-elle gentiment. Faut que tu apprennes à réfréner tes envies.

-Pourquoi les réfréner, Judy ? Moi, je préfère les exprimer en votre présence.

Judy tourna la tête en entendant la voix avant de froncer les sourcils en reconnaissant l'homme, le colonel William. Qui était également son fiancé, malheureusement. Son père ne lui avait pas demandé son avis quand il lui avait demandé sa main, elle était en promenade à ce moment-là.

Souvent, elle se demandait comment il avait pu être colonel et comment son père pouvait l'accepter comme futur gendre. Même avant qu'il fasse sa demande à son père, il la harcelait souvent et cela avait empiré maintenant qu'il était son fiancé. Il avait beau être jeune, vingt-quatre ans si elle se rappelait bien, avoir un grade important, une bonne solde, il ne possédait aucune des valeurs qui étaient importantes aux yeux de Judy.

-Vous me donnez envie de vomir, colonel William, dit-elle d'un ton sec.

-Est-ce une façon de parler à son fiancé ? Votre père n'apprécierait guère, répondit-il en souriant.

-Que ce soit clair, William, c'est mon père qui a dit oui et non moi. Je n'aurais jamais accepté votre demande. Je ne vous aime pas et il est hors de question que je vous épouse, déclara-t-elle durement et clairement.

Le colonel fronça les sourcils, jeta un œil autour de lui et plaqua Judy contre un des murs de l'écurie. Un cri de surprise lui échappa, puis elle se débattit comme une enragée pour lui échapper. Il se contenta de rire, la bloquant facilement avec son genou entre ses jambes.

-Lâchez-moi immédiatement ou je hurle colonel ! menaça Judy d'une voix forte.

-Tu peux essayer, douce Judy, susurra-t-il dan son oreille. Ton père croira encore que tu cries au loup, pour changer. Tu ne fais que ça depuis que tu es ma fiancée.

-On se demande pourquoi ! Vous n'arrêtez pas de me harceler et de...

Le colonel coupa court à ses reproches en plaquant ses lèvres sur les siennes, lui arrachant un hoquet de surprise et de dégoût mêlés. Son emprise sur ses poignets s'accentue, l'empêchant de se libérer. Elle lança un regard désespéré vers l'entrée de l'écurie, même si elle savait que personne n'y venait à cette heure-la, elle espérait une aide quelconque.

Cette aide, c'est Tempête qui la lui donna. Le cheval noir avait bien compris que sa maîtresse était en mauvaise posture, il était loin d'être bête. Il ne donna pas de coups de sabots, mais il bouscula violemment William qui tomba dans un tas de crottin frais. Un chapelet de jurons lui échappa comme Judy éclata de rire, suivie d'un hennissement joyeux de la part de Tempête. 

-Espèce de sale carne ! jura William. Je jure que j'abattrai moi-même cette sale bête un jour !

-Avant ou après votre bain ? se moqua joyeusement Judy tout en montant sur Tempête. Sur ce, je vous quitte et vous laisse à votre aise, colonel William.

Tempête piaffa et partit au galop au claquement de langue de Judy, fonçant devant les autres soldats qui les saluèrent avec leurs chapeaux après avoir ouvert les portes. Ils connaissaient bien la fille de leur général, elle allait de pair avec sa monture. Aussi libre, impatiente et fougueuse qu'un cheval sauvage.

Le cheval s'élança dans plaine et Judy le laissa décider, se contentant de tenir les rênes. Elle aimait sentir le vent lui fouetter le visage, lançait Tempête au galop et laisser ses cheveux voler; si c'était ça la liberté, elle voudrait le vivre tous les jours. Ces moments n'étaient qu'à elle et elle seule.

Tempête commença à ralentir près des collines et regarda Judy, laquelle lui fit signe qu'il pouvait y aller. Le territoire des indiens commençaient là mais elle ne dépassait jamais la rivière derrière les collines, elle respectait la quiétude de leur village. Elle n'avait jamais vu d'indiens d'ailleurs.

Elle fit aller Tempête au pas pour profiter de la beauté du lieu, calme et serein. Un cri perçant stoppa net sa contemplation ; elle reconnut le cri d'une femme et lança Tempête au galop sans attendre vers la direction du cri. De loin, elle aperçut trois hommes du fort qui maintenait au sol une jeune fille indienne qui criait et pleurait comme sa robe était en lambeaux, livrée aux intentions malsaines de ces brutes qui riaient. Judy vit rouge et fit se cambrer Tempête juste à côté d'eux, les faisant crier de surprise et de peur et parvint à les éloigner de l'indienne.

-Eh ! cria l'un d'eux. C'est quoi votre problème ?

-Mon problème c'est vous, siffla-t-elle. J'espére que vous me reconnaissez bande de brutes sans cervelle ! Nous sommes en paix avec les indiens, et vous osez essayer de violer l'une d'entre eux ! Vous voulez déclencher une guerre ? Comptez sur moi pour rapporter ça à mon père ! Partez !

Les trois hommes n'osèrent pas la contester, elle était la fille de leur général et elle arrivait à les impressionner, même s'ils ne l'auraient jamais avoué. Il partirent sans demander leur reste, pensant déjà à leur future sanction.

Judy sauta de Tempête et attrapa une couverture qu'elle emmenait toujours par sécurité, puis elle alla vers la jeune indienne encore tremblante. Elle semblait plus jeune qu'elle, son regard était un mélange de reconnaissance et un peu de peur à cause de ce qui venait de se passer.

-N'ai pas peur, lui dit-elle doucement en la couvrant avec la couverture. Je suis une amie, d'accord ? Comment t'appelles-tu ?

-Cœur de Feu...

Âmes sœurs en AmériqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant