Chapitre 24

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Suite à la disparition soudaine de Judy qui se répandit vite dans l'ensemble du fort, plusieurs hommes ne comprirent pas la décision du général de ne pas organiser de recherches pour retrouver sa fille, l'être qui lui était le plus cher. Mais s'ils se contentaient de messes basses, cela n'était pas le cas du colonel qui harcelait le général pour le convaincre de forcer les indiens à avouer ce qu'ils savaient, quitte à les menacer. Sauf que lorsqu'il parla de menace, ce fût la goutte de trop pour le général qui explosa et le rétrograda comme simple soldat.

La nouvelle se répandit alors dans tout le fort dans l'heure qui suivit, accompagnée de discrètes réactions de joie de la part de plusieurs soldats. L'ex-colonel n'eut que très peu de soutien dans ces circonstances, et le général resta ferme. En voyant de ses yeux l'attitude agressive de William envers des personnes qui ne lui avaient rien fait, il avait enfin compris sa fille. Et c'est en pensant à elle qu'il rompit les fiançailles dans la foulée, avant de mettre William aux arrêts lorsqu'il avait réagi trop violemment à la nouvelle, l'insultant de bien des noms auxquels il ne prêta guère attention.

Jamais le fort ne parut aussi calme au général Georges sans sa fille, il l'avait encore perdue après avoir réussi à renouer avec elle, à croire qu'il ratait tout. Il n'avait pas su écouté pour William, il pensait qu'il était l'homme parfait pour sa fille, qu'une fois mariée elle se calmerait et deviendrait une bonne femme de maison. Mais elle ressemblait trop à sa mère, elle était bien trop comme Elisabeth et ça lui avait fait peur.

Bien sûr le général ignorait que Judy était au courant de tout ce qui s'était passé au fort grâce à Brian, elle avait d'ailleurs été très surprise des décisions de son père mais elle était aussi heureuse. Il aura certes fallu du temps pour que son père réalise ses erreurs, mais il l'avait fait, et ça lui suffisait. La meilleure nouvelle restant celle de de l'annulation de ses fiançailles avec le colonel, car cela voulait dire qu'elle était libre, qu'elle n'avait plus à craindre un mariage. Elle avait donc pris la décision suivante : présenter son enfant à son père une fois qu'il serait né, pour le revoir et lui pardonner.

Judy n'avait pas à se plaindre de sa grossesse, elle n'avait pas eu à rester longtemps dans la grotte grâce aux décisions de son père, même si elle ne s'éloignait jamais du village par mesure de sécurité. Et de toute manière, Tempête était pour une fois trop occupé à courtiser sa jument, elle ne serait pas étonnée de voir un poulain voir le jour au prochain printemps. Cœur de Feu était très excitée à l'idée d'un poulain entre les deux chevaux, il pourrait la future monture de l'un de leurs enfants. Alors elles bichonnaient avec soin le couple de chevaux, et ils n'allaient pas se plaindre des attentions des futures mères.

-Tu ne peux pas dire que je ne prends pas soin de toi vu mon état, lança Judy à Tempête pendant qu'elle le caressait. Je suis énorme et je me fatigue pour prendre soin de toi, alors fais-nous un beau poulain avec ta jument.

-Même si Eau Vive dit ça, Cœur de Feu sait que sa sœur ne laisserait pas une autre personne prendre soin de son cheval, affirma la jeune indienne avec un sourire.

-Tu me connais trop bien Cœur de Feu. Et maintenant que j'y pense, c'est toi qui devrais aller te reposer, tu bas bientôt accoucher. Brian va encore paniquer s'il te voit.

-Renard Malicieux ne m'empêchera pas de faire ma part dans le village, lui assura Cœur de Feu avec le sourire.

Judy leva les yeux au ciel mais ne put dissimuler son sourire, elle partageait l'avais de sa chère belle-sœur, elle-même n'étant pas le genre de femme à rester sans rien faire en dépit de son état. Son mari l'avait bien compris et n'avait pas cherché à l'en empêcher, même s'il lui avait habilement arraché la promesse de se reposer dès qu'elle en faisait trop, et elle veillait à faire attention pour ne pas l'inquiéter. Mais l'inquiétude de Brian était compréhensible, il s'agissait de son premier enfant et l'ombre de Loup Solitaire planait toujours sur eux, même s'il était resté calme pour le moment.

Âmes sœurs en AmériqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant