Judy avait été rassurée de voir Brian et Cœur de Feu partir avec leur fils, la dernière chose qu'elle avait voulu était de les voir être blessés, elle tenait bien trop à eux pour le permettre. Peut-être aurait-elle pu fuir avec eux, mais en faisant cela, elle aurait mis tout le village en danger, et pas seulement sa famille. William était armé, les Cheyenne n'auraient rien pu faire contre une arme à feu, et il n'aurait eu aucun scrupule à les tuer. Elle ne se souvenait que trop bien de l'état de Brian quand il l'avait passé à tabac.
C'est pour cette raison qu'elle n'avait pas résisté quand il lui avait ordonné de le suivre en pointant son arme sur elle, sauf lorsqu'il avait essayé de lui arracher son bébé des bras pour l'abandonner à la rivière. Elle avait immédiatement mis fin à sa passiveté, mordant sa main jusqu'au sang en le menaçant de bien pire s'il osait essayer de lui prendre son enfant. Il avait au moins eu l'intelligence de ne pas retenter, mais elle avait raffermi sa prise sur Petit Aigle pour l'en empêcher, espérant aussi calmer ses hoquètements de peur.
Elle avait craint pendant un instant que William allait les emmener dans un coin perdu de la plaine, alors quelle ne fut pas sa surprise de voir apparaître le fort qu'elle n'avait plus vu depuis presque un an. Cette construction en bois si imposante ne lui avait jamais semblé aussi lointaine dans ses souvenirs, elle avait cru ne jamais la revoir. Elle avait été censé y revenir, mais pas dans des conditions, pas comme une prisonnière. Elle aurait dû revoir son père avec son mari et leur fils, cela aurait dû être des retrouvailles, réunir toute sa famille, mais ce n'était pas le cas.
La situation était loin d'être normale, et cela se confirma lorsqu'elle aperçut les regards de surprise des sentinelles, ce qui se pouvait se comprendre, elle avait disparue depuis longtemps. Mais elle vit aussi du choc quand ils réalisèrent qu'elle était menacée avec une arme tout en tenant un bébé dans ses bras, ce qui était sans doute pourquoi ils gardèrent leur arme sur le côté, pour ne pas la mettre en danger. Et ce fut la même chose avec les soldats à l'intérieur du fort, ils n'osaient même pas bouger, autrement elle était persuadée qu'au moins d'entre eux serait aller prévenir le général, son père.
Obligée de continuer de suivre William, elle le laissa la guider dans sa chambre qui n'avait pas changé du tout. Elle ne distinguait même pas un grain de poussière, pas plus qu'une odeur de renfermé, tout avait été maintenu en excellent état, attendant son retour jusqu'à aujourd'hui. Son père avait attendu si longtemps, il n'avait jamais arrêté de croire qu'elle reviendrait, même sans en être sûr.
-Chère Judy, je vais vous demander de bien vouloir m'attendre ici, lui ordonna clairement l'ancien colonel. Après tout, il est temps de prévenir le général du retour de sa très chère fille de chez ces sauvages. Soyez heureuse d'enfin retrouver la vraie vie, une vie civilisée et honnête. Ce qui sera le cas après notre mariage, et une fois ce bâtard de retour par mi ces maudits peaux rouges.
-Allez au diable !
Il l'ignora complétement et quitta la chambre, la verrouillant derrière lui. Elle n'allait pas s'en plaindre, elle pouvait enfin s'occuper de son fils qui était toujours apeuré, les joues humides à cause des larmes versées. Les coups de feu et les cris avaient dû le terroriser, il n'avait jamais été exposé à des bruits aussi violents au village, et il avait dû sentir sa peur et son anxiété. Son pauvre Petit Aigle, il n'aurait pas dû vivre ça, il n'était qu'un bébé, son bébé ; elle ne laisserait pas William les séparer.
Avec douceur, elle déposa son enfant au centre de son lit, puis elle le rejoignit en s'allongeant sur l côté avant de l'entourer avec une couverture pour l'empêcher de rouler et tomber. Il semblait commencer à se calmer et essayer d'étudier sa chambre, c'était adorable, et elle préférait le voir comme ça. Elle caressa ses petites joues rondes, le faisant gazouiller, et elle se mit à chanter une petite berceuse qu'elle tenait de sa mère. Certains mots lui manquaient, et elle n'avait pas une aussi belle voix qu'elle, mais pour Petit Aigle, tant que ça venait d'elle, c'était beau.
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Âmes sœurs en Amérique
Historical FictionAprès la mort soudaine de sa mère, Judy a suivi son père capitaine de cavalerie de l'Angleterre au Far-West, en Amérique du Nord. Mais il l'a fiancée à un colonel sans valeurs qui harcèle quotidiennement la jeune femme. Loin d'accepter cette décisio...