Zèbre un jour, zèbre toujours !

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On m'a diagnostiqué il y a 3 ans. Lorsque j'étais en 4e. Autant dire que c'est assez tard, mais j'ai quand même eu cette chance !

Cela fait depuis ma dernière année de maternelle que je suis vraiment à part. Dû sûrement au fait que j'ai déménagé, et à celui des pleurs en cours (selon ma psy, les 2 événements sont liés : déménagement = traumatisme)
Je me rappelle le premier jour où j'ai pleuré en cours. Comme je l'ai dit précédemment, j'étais en dernière année de maternelle et ma classe était mélangée avec celles des bilingues basques. Les garçons commençaient déjà à m'impressionner et je faisais attention à toujours paraître parfaite, mais un jour... On a appris l'alphabet, ok, jusque là ça va. Mais ensuite, il a fallu le réciter à l'envers, chose que je n'avais jusque là jamais faite et dont je me sentais incapable. On s'était mis en cercle et chacun notre tour nous devions le réciter dans l'ordre inversé. Lorsque mon tour est venu, j'ai regardé chaque personne en face de moi, je me suis mise à paniquer et la minute d'après, j'étais en larmes. BRAVO. Côté "parfaite", c'était à revoir sérieusement.
Depuis ce jour, chaque difficulté je panique et peu de fois j'arrive à me contrôler. Sauf qu'en maternelle ça passait, primaire... hum.. ça passait mais moins bien (j'y reviendrai), collège : de pire en pire ! Mais là maintenant lycée... c'est une vraie catastrophe ! Il faut que cela me passe !

Alors de savoir pourquoi je pleurais aussi facilement a été une chose formidable dans ma vie ! J'ai pu comprendre tellement de choses sur moi-même ! Mais bon... Je ne trouve pas qu'être un zèbre soit une chose formidable en soit, loin de là ! De le savoir m'a aidé, mais cela ne m'a pas enlevé tous les désavantages de cet état !

En primaire, le professeur a eut la brillante idée de me placer au fond, pour, disait-il, que j'apprenne à me forger une carapace et un caractère solide ! Mais le caractère solide, je l'avais déjà. Ce n'était pas ça le problème. J'aimerai aller le voir aujourd'hui et tout lui expliquer. Sa réaction serait sûrement amusante.
Enfin bref ! Toujours était-il que lorsqu'il me posait la moindre question, tous les élèves (SANS EXCEPTION AUCUNE), se retournaient pour savoir si oui ou non j'allais pleurer. Forcément, il ne se passait donc pas un cours sans que je ne pleure ! Merci monsieur.
Quand il m'envoyait au tableau, le temps d'y arriver, j'étais en pleurs là aussi. Génial. Sauf lors des récitations de poésies. Pourquoi ? C'est bien simple, mon meilleur ami de l'époque se trouvait au premier rang, et au moindre trou, il me soufflait les vers. On peut penser que c'est de la triche, mais je vois cela comme de la compassion et de l'amitié et je ne remercierai jamais assez cette personne de m'avoir aidé !

Passons au collège ! Je ne pleurais plus à chaque fois que l'on m'interrogeait (fort heureusement !), mais cette fois-ci, au moindre blocage. Je ne savais pas la réponse ? Seul "échappatoire" : pleurer. Mais je ne faisais pas exprès. De la provient tout l'agacement !
En 3e et 4e, j'adorais mon professeur de maths, qui avait alors appris mon (appelons-le comme il se doit :) PROBLÈME. Il utilisait l'humour avec moi, et cela marchait ! Du moins... dans ma tête ! Je riais à ses blagues intérieurement, alors qu'en face, je fondais en larmes.
Pauvre prof...

Et depuis le collège, à chaque fois que je pleure, je m'efforce de me calmer puis une fois à peu près calme, je m'agace parce que je pleure pour rien et je me remet à pleurer. Ou bien : on me pose la fameuse question : "ça va ?" Alors je me remets à pleurer... ou encore : le prof me demande de venir à la fin du cours. Résultat ? Je pleure parce que je sais ce qui m'attend, et je pleure une fois que le prof m'intercepte quand je passe devant lui à la fin du cours.
JE PLEURE, JE PLEURE, C'EST INDÉNIABLE JE PLEURE.

Je me rappelle qu'après avoir dit à ma meilleure amie que j'étais un zèbre, elle me répétait sans cesse que j'avais énormément de chance, quelle aimerait être différente !
La bonne blague.
"Chaque personne est différente est unique, lui avais-je répondu. De plus, tu ne sais vraiment pas ce que tu dis ! Ma situation n'est en rien enviable."
Sa réponse : "Même. Je vois ça comme une chance. Tu as des choses en plus que les autres n'ont pas !"
Ouf oui génial ! C'est ce qu'il paraît. Mais franchement je préférerai souvent ne pas être comme ça.
Et encore... maintenant j'ai pris un peu de recul mais ça a été dur. Quand tu es persuadée d'être nulle et quand plus on te le dit ensuite, cela n'aide pas vraiment !

Exemple : mon cousin est à présent psychologue. Je lui ai appris que j'étais un zèbre pendant ses études.
En sachant qu'il n'a pas (étrangement) étudié les zèbres correctement, il ne pouvait pas vraiment se permettre de juger. Et pourtant, c'est ce qu'il a fait !
Avant cela on s'entendait vraiment bien. Aujourd'hui, on ne peut plus parler. Il est borné, une vraie tête de mûle !
L'été dernier, il m'a reparlé de ça.
Il me demandait en quelle première j'allais :
Moi : "Bah en L voyons !
Lui : Beurk, les S sont les meilleurs
Moi : Vu comment j'ai galéré en seconde pour tout ce qui est côté scientifique, la L c'est mieux pour moi ! En plus tu dis ça mais tu es un faux S (je m'explique : son père voulait absolument qu'il ait un bac S alors il l'a eut mais il s'est tellement concentré sur les matières S parce qu'il n'y arrivait qu'après énormément de travail, qu'il a peu à peu laissé tombé les matière L et ça a causé un gros déséquilibre !)
Lui : Bah je croyais que tu étais surdouée ;)
Moi : Rien à voir et tu le sais.
Lui : Mouais si quand même tout ce qui est logique donc maths du devrais performer !
Moi : Pas vraiment, tous les surdoués de sont pas pareils ! Moi les maths par exemple je suis vraiment nulle et illogique au possible (côté lycée, parce qu'au collège j'avais de très bons resultats) et à savoir aussi qu'en général, en maths, les surdoués n'appliquent pas les même méthodes que les profs et donc ça a le don de les agacer !
Lui : Ouais donc en fait t'es surdouée dans quel domaine ? Non parce qu'être surdouée je sais ce que c'est je pose les diagnostiques mais si tu n'as que l'intelligence verbale... Ça ne sert pas vraiment quoi... Donc bon... Surdouée vite fait quoi"
Alors tu dois mal les poser tes diagnostiques mon pauvre... enfin bref... ces personnes qui croient avoir la science infuse à 23 ans... il y a d'excellents psy, et puis il y a les autres.. on se demande où on pourrait classer mon cousin...

Comme vous l'avez sûrement remarqué, je n'utilise pas non plus le mot surdouée quand je parle de moi de façon générale. J'ai décidé qu'il était inutile puisque peu de personnes sont capables de comprendre son vrai sens.
Et non! Nous ne ressemblons pas tous à Sheldon dans The Big Bang Theory ! Heureusement d'ailleurs... déjà qu'on a du mal pour la plupart à se faire accepter... Là ce serait vraiment impossible.

Être surdoué m'a valu une phobie scolaire à cause de harcèlement qui a duré du CE2 à la 4e (et encore cette année j'ai quelques soucis avec mes camarades). Le plus "comique" c'est que ce n'était jamais les mêmes personnes. Alors avant de savoir ce que j'étais, je me suis longtemps remise en question. Mais une chose était et est sûre : oui, le problème venait et vient toujours bien de moi.
Pourtant je n'ai jamais rien fait pour déplaire. Je cherchais le contacte, sans être lourde mais on me rejetait.
En 4e, à la fin de l'année, la mère de filles de ma classe a demandé à celles-ci de se remettre en question et de savoir pourquoi j'étais mal. Elles ont simplement répondu : "Elle ? Mal ? On pensait juste qu'elle adorait la solitude !"
Mais bien-sûr, parce que me prendre la porte des vestiaires dans le nez pour pas que j'entre cela venait de moi ? Je voulais être seule et me changer dans le couloir ? Je ne pensais pas avoir le don de la télékinésie ! Il est vrai que j'adore me prendre des portes dans la tête.LOL.

En tout cas, petit message silencieux pour tous les prof que j'ai mis mal à l'aise, traumatisés à cause de mon problème de stress en cours.
(Ce qui revient à citer à peu près tous les professeurs que j'ai eu depuis la maternelle jusqu'à la 3e, et quelques uns au lycée). Pardon pour ça...
J'aimerai qu'ils soient prévenus et en même temps j'ai du mal à le dire aux gens. Que ce soit mes proches ou mes professeurs...
Que penseront-ils ? Savent-ils qui sont les surdoués ? S'en prendront-ils à moi ?
Tellement de questions sans réponses...

Wattpad est un lieu où je peux me lâcher, exprimer tout ce que je ressens et qui a besoin d'être écrit, où je peux rencontrer d'autres zèbres, lire et apprendre leur vie, leurs problèmes... J'en suis si heureuse !
Si heureuse de voir que je ne suis pas seule à vivre ça.

Une pensée à vous amis zèbres.
Vous me rendez fière de faire partie de quelque chose.

Le zèbre, une créature solitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant