Je n'avais pas pensée que cette première journée serait aussi difficile. Peut-être que ma mère avait raison après tout, peut-être que j'étais trop ambitieuse, que je me faisais trop d'illusions.
Peut-être que partir travailler dans un autre pays dans une ville où je ne connaissais rien était trop. Je n'étais pas du genre à baisser les bras, il m'en fallait plus ; plus qu'une professeure qui m'avait prise pour une élève et une autre qui m'en voulait d'avoir eu ce poste. Or comme première journée c'était difficile de ne pas baisser les bras, de ne pas boucler ma ceinture, rendre les clés de mon appart et rentrer chez mes parents.
En parlant de mes parents, mon téléphone s'allumait encore une fois sur mon bureau, je voyais la photo de ma mère que j'avais prise il y a deux ans de cela durant l'été. Je me souviens de ce jour, on avait fait un énorme barbecue avec la famille, les amis et les voisins, ce sont des choses qui arrivaient souvent à Cuba. Les gens là-bas étaient plus aptes à s'amuser, passer du temps avec des gens qu'ils ne connaissaient pas et se coucher jusqu'à que le soleil se lève. C'était très différent des Etats-Unis or c'était pour cela que j'étais venue m'installer dans ce pays. Je voulais expérimenter la différence.
J'aimais ce que je faisais, le métier d'enseignant m'avait toujours attiré, j'aimais l'idée de forger les destins, forger les esprits de la société et j'aimais son mode de vie. J'ai emménagé ici en sachant que je serais seule, je n'ai pas de familles ici et je ne connais personne alors travailler jusqu'à pas d'heures pour corriger des copies ou préparer des cours, faire mes heures de travailles et des heures supplémentaires si certains élèves en avaient besoin, cela ne me dérangeait pas, j'étais venue pour cela, dans cette optique que je me vouais à mon travail.
Ma mère insistait, elle m'avait rappelée et comme toutes ces fois où elle avait appelée depuis que j'avais quitté la maison, je regardais sa photo qui s'affichait en me demandant quand est-ce que j'aurais le courage de répondre et lui dire que j'avais quitté le pays. Je n'avais pas passé la meilleure des journées, en fait, comme première journée j'aurai préférée avoir mieux et je savais que ma mère serait la seule à pouvoir me remonter le moral. Elle était toujours celle vers qui je me tournais pour avoir des conseils ou lorsque j'avais besoin de me confier à une personne, ma mère était ma meilleure-amie, littéralement. Je m'en voulais de lui avoir fait cela alors je ne pouvais pas lui répondre bien que j'en avais besoin.
Peut-être qu'en fait je pouvais le faire ?
J'avais levé ma main hésitante et tremblante, je l'avais posée sur mon téléphone, j'hésitais.
_Bonjour.
La porte de ma salle était restée ouverte laissant à cette personne le choix de rentrer. Je ne l'avais pas vu, beaucoup trop omnibulée par cet appel. Sa voix m'avait fait sursauter et lâcher mon téléphone qui avait volé à quelques mètres de moi, au-dessus de mon bureau.
_Merde ! Grommelais-je entre mes dents.
_Merde ! Répéta cette voix. Je suis tellement désolée, je ne voulais pas vous faire peur !
Je m'étais levée pour récupérer mon téléphone, mais elle s'était elle aussi précipité dans ma salle entre les tables vides pour se baisser et le récupérer elle aussi.
J'avais vu une touffe de cheveux bruns à mes pieds puis tout aussi rapidement elle s'était relevée.
C'était elle, encore.
Et ses yeux verts.
Elle m'avait emprisonné dans son regard.
On était restés debout, comme ça, se regardant et ne disant rien. Mais c'était ce rien qui voulait tout dire.
VOUS LISEZ
Juste une collègue
FanfictionC'est quand même fou à quel point tout peut changer en un rien de temps. Un jour vous êtes une mère célibataire qui n'a jamais vécu ailleurs que dans cette petite ville près de Miami et le lendemain vous confondez la nouvelle prof d'espagnol avec u...